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Imam ‘Ali ibnou Abi Taleb (as)
Imam Ali b. Abi Talib (as) est né le 13 Rajab de l’an 600 et est décédé le 21 Ramadan de l’an 40 après l’Hégire (660 de l’ère commune). Il a occupé une place prédominante dans l’Islam et il est vénéré comme un des plus grands chefs dans l’histoire islamique. C’est un homme dont la vie nous livre d’extraordinaires leçons et beaucoup d’exemples de conduites peuvent en être tirés. C’est un homme qui incarnait la connaissance, la générosité , le courage, la bravoure et le dévouement pour l’Islam.
Ses parents et son enfance
Les parents de l’Imam, Abu Talib et Fatima bin Assad, étaient tous deux adeptes du monothéisme d’Abraham. Il y avait un goupe de croyants vivant à la Mecque ancienne qui étaient partisans du Prophète Ibrahim (as) et de tous les messagers qui le suivirent. On les appelle les « Hanifs ». Lorsqu’Abu Talib lut la cérémonie de mariage du Prophète (saw) avec Bibi Khadija (as), il dit clairement dans son sermon: « J’adhère à un seul Dieu et je suis partisan des Prophètes de Dieu, en particulier ceux qui descendent de la lignée du Prophète Ibrahim (as). » Ainsi, Abu Talib comme Fatima bin Assad étaient deux Abrahamiques en termes de croyance. Cela est aussi apparent dans les mots de Fatima bint Assad lorsqu’elle faisait le tour de la Ka’aba. Il y avait deux types de gens qui faisaient le tour de la Ka’aba à l’époque. Il y avait ceux qui croyaient en un seul Dieu mais qui imaginaient Dieu à l’aide d’idoles et il y avait un groupe qui croyait en un seul Dieu et qui ne lui attribuaient aucune apparence. Lorsque Fatima bint Assad faisait le tour de la Ka’aba, elle récitait une prière que nous avons en notre possession jusqu’à ce jour. Elle disait: « Oh Allah! Au nom de Ta Majesté, et au nom de Ton Pouvoir, et aux noms des Prophètes que Tu as envoyés de la lignée d’Ibrahim (as), aide-moi en ce moment alors que j’affronte les douleurs de l’accouchement et les douleurs de la naissance et facilite mon labeur. »
Les récits historiques sont précis, dans les livres des Imamis et dans les autres ouvrages islamiques. A titre d’exemples, si on analyse les oeuvres d’Imam Hakim anNisaburi dans son ouvrage al-Mustadrak ala’l-Sahihayn ou Mas’udi dans son oeuvre Muruj al-Dhahab, tous affirment que lorsque Fatima bint Assad prononçait ses mots près de la Ka’aba, la Ka’aba s’entrouvrit pour elle et elle y pénétra. Elle y demeura trois jours, un honneur que l’Islam n’attribua qu’à Imam Ali b. Abi Talib (as).
Vous trouverez d’autres références historiques relatant la naissance d’autres personnes dans la Ka’aba mais il s’agit d’un groupe de gens essayant de rabaisser l’importance d’Imam Ali b. Abi Talib (as). Le fait est que le seul homme à avoir reçu l’honneur de naître dans la Ka’aba est Imam Ali (as). Lorsque sa mère en ressortit le quatrième jour, la première personne à l’accueillir fut le Prophète (saw). Il l’accueillit et prit Ali de ses bras, et depuis ce jour, le Prophète (saw) n’avait cesse d’embrasser Ali durant toute son enfance. Il mâchait la nourriture avant de la mettre dans la bouche d’Ali et Imam Ali (as) lui-même racontait: « Je suivais le Prophète ces premiers jours comme le chamelon suit sa mère… Je voyais la lumière de la révélation et j’entendais les mots de la Prophétie… Lorsque la religion ne consistait que de trois personnes, c’était toujours Khadija et moi aux côtés du Prophète. »
En d’autres termes, depuis leur plus jeune âge, Abu Talib inculqua l’Islam à ses fils et à ses enfants. Imam Ali b. Abi Talib (as) avait trois grands frères. Son frère aîné était Talib, d’où l’appellation d’Abu Talib donné à son père. Talib mourut à l’âge de cinquante-cinq ans. Le deuxième s’appelait Aqil et il mourut à l’âge de quatre-vingt treize ans. Le troisième s’appelait Ja’far et il décéda à l’âge de quarante ans et finalement, l’Imam. Le Prophète (saw) avait trente ans lorsque l’Imam vit le jour. Imam Ali (as) avait aussi deux soeurs: Fakhita (Um Hani) et Jumana. Abu Talib et Fatima bint Assad avaient donc six enfants.
En raison des difficultés extrêmes auxquelles les Arabes faisaint face à l’époque, le Prophète (saw) vint voir Abu Talib et lui dit: « Laissez mes oncles Hamza et Abbass et moi-même prendre en charge vos enfants. – De qui aimeriez-vous prendre soin? – Laissez-moi élever Ali. »
Ainsi, le Prophète (saw) voulait élever le jeune Imam de la même manière qu’Abu Talib l’avait élevé. Ce n’est que dix ans plus tard (lorsqu’Imam Ali avait dix ans) que le Prophète Muhammad (saw) annonça sa prophétie.
A cette époque, il y avait peu de convertis tels qu’Ammar b. Yassir, Bilal et Abu Dharr al-Ghiffari. Abu Dharr appartenait à la tribu des Banu Ghiffar. Sa tribu adorait les idoles. Mais, à chaque fois qu’Abu Ghiffar réfléchissait, il se disait: « Comment puis-je adorer une idole qui ne pouvait me faire ni de bien ni de mal? Comment puis-je adorer une idole qui ne pouvait pas se protéger lui-même? » Les gens de Bani Ghiffar étaient des bandits de grand chemin; personne ne pouvait s’en prendre à eux. Dans le langage d’aujourd’hui, on parlerait de gangsters. Un jour, Abu Dharr vit un des membres de sa tribu apporter du lait pour l’idole. Peu de temps après, il vit un renard s’approcher; il but tout le lait et urina sur l’idole. Abu Dharr vit ceci et se dit: « Si cette idole ne peut pas se protéger elle-même de l’urine du renard, comment va-t-elle protéger Abu Dharr alGhiffari? » Il décida donc de rechercher l’homme dont il avait entendu parler se prénommant « Muhammad ». Mais le trouver était un dilemme car le message ne s’était pas beaucoup propagé encore durant les trois premières années de l’Islam. Il alla à la Ka’aba et se mit à faire le tour de la Ka’aba en essayant de trouver l’homme qu’on surnommait « as-Sadiq » et « al-Amin » mais il ne voulait pas qu’on sache qu’il le cherchait car les Mecquois étaient devenus très hostiles vis à vis de quiconque répandant des rumeurs à propos d’une nouvelle religion. Abu Dharr vit soudain un jeune homme de douze ou treize ans. L’homme regarda Abu Dharr et lui dit: « Vous avez l’air confus. Qui recherchez-vous? – Je ne pense pas que tu le connaisses. Ce n’est rien, dit Abu Dharr. – Ne vous en faites pas. Dites-le moi. Je le connais peut-être. – Je cherche Muhammad, fils d’Abdullah. – Je crois le connaître. Laissez-moi vous conduire à lui. – Comment t’appelles-tu? – Je suis Ali, fils d’Abu Talib. »
Ils marchèrent ainsi côte à côte et vinrent chez le Prophète (saw) et en quelques instants, face à l’esprit du Prophète (saw), Abu Dharr devint Musulman. Le Prophète (saw) lui dit: « Abu Dharr, je vous en prie, ne parlez pas aux gens de l’Islam. Je sais que vous autres, les Banu Ghiffaris sont des gens passionnés, mais n’en dites mot. – Ne vous en faites pas, répondit Abu Dharr. Je resterai aussi silencieux que je peux. » Quelques minutes après, Abu Dharr resta debout près de la Ka’aba et se mit à clamer: « Vous les gens! Ceux qui n’ont pas entendu parler de l’Islam, laissez-moi vous dire qu’il n’y a qu’un seul Dieu et Muhammad est le messager de Dieu. » Les gens se mirent à l’attaquer. Abbass, l’oncle du Prophète (saw) dut intervenir. Lorsqu’Abu Dharr rejoignit le Prophète (saw), le Prophète (saw) lui dit: « Je vous avais dit de n’en parler à personne. – Je suis désolé, oh Prophète, mais vous savez comme j’en suis passionné. Je n’en parlerai plus. – Bien, dit le Prophète. » Quelques minutes après, il fit une autre annonce à la Ka’aba: « Vous les gens! Si vous ne m’avez pas bien entendu avant, sachez que je suis Abu Dharr al-Ghiffari et qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que Muhammad est Son Messager. » On s’attaqua à lui à nouveau et Abbas intervint à nouveau. Abbass chuchota à l’oreille d’une personne : « Vous savez qui c’est? – Oui, Abu Dharr. – Vous savez de quelle tribu? – Laquelle? – Bani Ghiffar. – Bani Ghiffar? Les bandits de grand chemin? – Oui. » Aussitôt qu’ils l’apprirent, ils surent qu’ils feraient mieux de ne pas s’en prendre à un membre de cette tribu au risque de perdre leurs caravanes en représailles. Ils le laissèrent donc tranquille. Ce fut donc le jeune Ali qui amena Abu Dharr au Prophète.
Un incident capital dans la vie de l’Imam
Dès son plus jeune âge, Imam Ali b. Abi Talib (as) était mature pour aider à répandre le message de la religion. C’est pourquoi lorsque Da’wat Dhul ‘Ashira eut lieu après la révélation du verset 214 de la sourate 26 par Allah: « Wa andhur ‘ashirataka alaqrabin » (« Avertis les gens qui te sont les plus proches. »), le Prophète (saw) dit au jeune Ali: « J’aimerais que tu fasses quelque chose pour moi? – Quoi donc, oh Prophète? – J’aimerais que tu me prépares un plat. – Quel plat? – Prends un mouton, un kilo de blé et trois kilos de yaourt. J’aimerais que tu prépares un festin et que tu invites nos oncles. »
Le Prophète (saw) et Imam Ali (as) étaient cousins, ils avaient donc les mêmes oncles. Quand ils vinrent au festin, un incident majeur et essentiel dans la biographie d’Imam Ali b. Abi Talib (as) eut lieu. Lorsqu’ils arrivèrent chez lui, le Prophète (saw) leur dit: « Bienvenus chez moi. J’ai de bonnes nouvelles à vous donner à propos du message. »
Abu Lahab ne l’écouta pas. Mais lorsqu’ils revinrent la seconde fois, le Prophète (saw) leur dit: « Vous savez que je suis véridique et vous savez que je suis digne de confiance et vous savez que je n’ai jamais menti à aucun d’entre vous. Je suis venu vous apporter un message de bonté, de n’adorer qu’un seul Dieu et ne pas Lui associer de partenaires et qu’il y aura un Jour de Jugement où vous devrez rendre compte de vos actes et qu’il n’y a pas de différence entre l’homme et la femme ou entre le blanc et le noir. » Abu Lahab regarda vers lui et lui dit: « Oh Muhammah! Quel est ce sort que tu essaies de nous jeter? – Quiconque parmi vous m’accepte comme Prophète sera mon calife et mon successeur. » Dès le plus jeune âge, Ali avait déjà reçu ce message qu’il allait être le successeur du Prophète (saw) car Ali, à l’âge de treize ans, leva les mains et dit: « Oh Prophète de Dieu! J’écouterai votre message et je suis le premier à accepter vos propos. » Abu Lahab se tourna vers Abu Talib et lui dit: « Abu Talib, il semble qu’un jour ton fils te dirigera! » Il essaya de se moquer de lui. Dans les oeuvres sunnites, on dit qu’Abu Talib s’approcha d’Ali et lui dit: « Ali, es-tu sûr de vouloir accepter ce message? Es-tu prêt pour cela? » Ali, plein de maturité à cet âge, répondit: « Oh mon père! Allah ne m’a pas demandé avant de me créer; je n’ai donc pas besoin de demander à qui que ce soit pour me soumettre à nouveau à Allah (swt). » Il est donc écrit dans leurs livres aussi qu’Ali (as) était mature pour comprendre le message de notre Prophète (saw) malgré son jeune âge. Non seulement il était mature mais le Prophète (saw) dit aussi ce jour-là: « Quiconque accepte mon message sera mon successeur et le calife après moi. »
Ainsi, dès son plus jeune âge, le Prophète (saw) lui donnait constamment des tâches à accomplir afin de le permettre de grandir et de s’épanouir dans la religion. A l’âge de vingt-quatre ans, lorsque toute la Mecque avait décidé de combattre le message du Prophète (saw), le Prophète (saw) vint à Ali (as) et lui dit: « Ali, ils ont décidé de me tuer. Un nombre d’entre eux vont venir ensemble pour me tuer. Ferais-tu quelque chose pour moi? – Oh Prophète! Quelle est ma tâche? – Je veux que tu dormes sur mon lit. Es-tu prêt à sacrifier ton âme pour le message de l’Islam? demanda le Prophète (saw). – Oh Prophète! Serez-vous sauf? demanda Ali (as) – Oui, dit le Prophète (saw). – Dans ce cas, mon âme est dévouée à votre âme et mon esprit est dévoué à votre esprit. » Il se prosterna ensuite et dit trois fois: « Shukran lillah! Shukran lillah! Shukran lillah! » (Merci à Allah)
Ce soir là, lorsque les ennemis vinrent à l’attaque, ils virent Ali qui dormait à la place du Prophète (saw). Le Prophète (saw) lui avait confié une autre tâche après cela: « Ali, j’aimerais que tu fasses quelque chose. Un certain nombre de mes ennemis m’ont confié leurs biens personnels. Je ne vois personne d’autre mieux que toi en religion pour rendre ces biens à leurs propriétaires respectifs. »
Hanzala, le fils d’Abu Sufyan, entendit qu’Ali était resté à la Mecque pour rendre leurs biens aux gens. Hanzala, le fils aîné d’Abu Sufyan, voulait créer la zizanie. Il dit à Umayr b. Wa’il qui était pauvre de faire quelque chose pour lui. Il le soudoya avec 350 grammes d’or et un collier spécial que la femme d’Umayr admirait au cou de Hind. Hind était la mère de Hanzala. La femme d’Umayr avait toujours voulu porter ce collier, ne serait-ce que pour une journée. Il s’agissait d’un collier très précieux fait de 35 grammes d’or. Hanzala promit donc à Umayr qu’il pourrait garder ce collier à vie s’il faisait ce qu’il allait lui demander.
Umayr b. Wa’il appartenait à la tribu des Banu Thaqif (la tribu de Hajjaj b. Yusuf et Mukhtar al-Thaqafi). Hanzala dit à Umayr: « Je veux que tu ailles voir Ali, le représentant de Muhammad, qui est près de la Ka’ba en ce moment, et que tu lui dises que tu avais confié 250 grammes d’or au Prophète et que tu veux le récupérer. » Hanzala voulait diffamer le Prophète (saw) qui commençait à gagner le coeur des gens alors qu’on leur rendait leurs biens. Si Imam Ali (as) dit qu’il n’avait pas l’or d’Umayr, ils pourront dire que le Prophète (saw) avai rendu toutes les petites choses mais qu’il avait gardé les choses les plus précieuses. Cela créera le doute dans l’esprit des gens à propos du Prophète (saw) et si Imam Ali (as) ne le contredit pas, il pourrait leur donner de l’or pour sauver la réputation du Prophète (saw).
Umayr accepta de le faire mais il dit: « Ali ne me croira pas. Il me demandera un témoin. – Je fournirai les témoins. Ecris les noms de ces témoins: Abu Jahal, Akrama b. Abu Jahal, Utbah, Abu Sufyan et moi-même. Tu as cinq témoins à présent. » Umayr était à présent satisfait et il alla à l’encontre d’Imam Ali (as) qui, entre temps, avait déjà rendu tous leurs biens à leurs propriétaires. Il était sur le point de s’en aller lorsqu’Umayr s’approcha de lui et lui dit: « Oh fils d’Abu Talib! Où allez-vous? – J’avais une responsabilité et je l’ai assumée. Je rentre à présent chez moi. – Mais je suis venu récupérer mon amana (dû). J’avais laissé 80 mithqal (grammes) d’or et un amana spécial dans un sac. J’aimerais le récupérer. » Bien sûr, Imam Ali soupçonna quelque chose. Il sourit donc et dit: « Vraiment? Vous avez donné 80 mithqal d’or et un amana spécial? – Oui, dit Umayr. » Tout le monde était présent et se mettait à ouvrir leurs sacs et à vérifier leurs biens. Imam Ali s’adressa à eux et dit: « Cet homme qui est mon frère est venu réclamer son dû. Restez assis, je vous prie, que je résolve ce problème. » L’Imam s’adressa ensuite à Umayr et dit: « Très bien, dites-moi qui sont vos témoins? » Umayr sortit la liste des cinq témoins que Hanzala lui avait donnée. Imam Ali demanda alors à Umayr devant toute l’assemblée. « Très bien! Dites-moi quand est-ce que vous avez remis cet amana au Prophète? – Au lever du jour, répondit Umayr. – Et que fit le Prophète avec votre amana lorsqu’il le prit? – Il sortait pour se rendre au haram. Il prit l’amana et le mit dans sa poche. – Très bien, dit Imam Ali. Appelez votre premier témoin. Qui est-ce? – Akrama b. Abu Jahal, dit-il. »
Des jeunes sortirent appeler Akrama qui arriva sur les lieux. Entre temps, les gens se mirent à se rassembler pour assister à la scène. Lorsqu’Akrama arriva, on demanda à Umayr de rester assis sans dire un mot. L’Imam demanda à présent à Akrama: « Umayr affirme avoir laissé un amana au Prophète (saw). En êtes-vous témoin? – Oui, répondit Akrama. – Ok, dites-moi alors à quel moment est-ce qu’il lui a remis cet amana? » Akrama était à présent dans l’embarras. Après réflexion, il dit: « C’était un matin très tôt. – Et que fit le Prophète de l’amana? demanda l’Imam. – Il revenait du haram. Il le prit et se rendit chez lui. – Très bien, asseyez-vous. »
Il regarda Umayr et lui demanda: « Qui est votre deuxième témoin? – Abu Jahal. » On appela à présent Abu Jahal. L’Imam lui dit: « Oh Hisham! Umayr dit que vous êtes témoin des amanas qu’il a remis au Prophète. Pouvez-vous me dire à quel moment il les lui a remis? – J’en sais rien, répondit Abu Jahal. Je ne veux pas être mêlé à ça. Je ne suis témoin de rien du tout. »
Imam regarda Umayr et lui demanda: « Qui est votre troisième témoin? – Utbah. » Utbah était le doyen des Koraichites. On l’appela et on lui posa les mêmes questions. Il répondit: « C’était un après-midi et le Prophète se rendait chez Khadija; il dit donc à son esclave d’emmener l’amana chez sa tante (Fatima bint Assad). »
Imam Ali dit à Umayr: « Qui est ton prochain témoin? – Abu Sufyan. » On appela Abu Sufyan et on lui posa les mêmes questions. Il répondit: « C’était à l’heure d’Asr et le Prophète était assis dans le haram. Il prit l’amana et le garda avec lui. »
Imam Ali demana à Umayr: « Qui est votre cinquième témoin? – Hanzala b. Abu Sufyan. » Hanzala répondit: « Il faisait nuit et le Prophète remit l’amana à son esclave pour qu’il l’emporte chez Khadija. »
L’assemblée avait entendu tous les témoignages et les contradictions entre eux. Les témoins eux-mêmes étaient très embarassés en écoutant les affirmations contraires aux leurs. Umayr b. Wa’il Thaqafi fut si gêné durant le procès qu’il dit: « Oh Ali! Pardonnez-moi. J’ai fait une erreur. Ces gens m’ont soudoyé et m’ont dit de faire cela. »
Le Prophète (saw) était donc déjà parti pour Médine en laissant Ali (as) avec cette responsabilité. Il avait ensuite la tâche de conduire les « Fawatim » (les « Fatima » des Banu Hashim) à Médine; il y emmena Bibi Fatima, la fille du Prophète (saw), sa propre mère, Fatima bint Assad et Fatima, la fille de Hamza.
Beaucoup de gens ne sont pas parvenus à réaliser à quel point ce voyage était dangereux pour Imam Ali b. Abi Talib (as). Beaucoup pensent que seuls le Prophète (saw) et Abu Bakr ont fait un voyage dangereux. Ils n’ont pas compris que les ennemis de l’Islam avaient Ali (as) en vue lorsque les Koraichites ne purent mettre la main sur le Prophète (saw). C’est lors de ce voyage que ces derniers comprirent qu’ils avaient à faire à un guerrier. Le Prophète (saw) attendait Imam Ali (as) dans la ville de Quba car il ne voulait pas entrer à Médine sans lui. Lorsque Imam Ali b. Abi Talib (as) arriva à Médine, il était en sang et rempli de blessures. Les Koraichites lui avaient tendu un piège et il combattit seul et protégea les femmes. C’est lors de ce voyage qu’il dévoila son courage et sa bravoure.
Honneurs attribués à Imam Ali (as) du vivant du Prophète (saw)
Aussitôt qu’ils arrivèrent à Médine, le Prophète (saw) fit deux choses afin d’exalter la position d’Imam Ali (as). La première chose fut le pacte de fraternité que le Prophète (saw) mit en place entre les Ansar et les Muhajireen. Les Muhajirs étaint les immigrés qui avaient laissé la Mecque pour Médine et les Ansar étaient les habitants de Médine. Le Prophète (saw) ne voulait pas de tension entre les deux groupes. Il a donc apparié chaque Ansar à un partenaire et frère Muhajir. Par exemple, Abu Bakr était associé à Kharija b. Zohair alKhazraji, Umar à Eital b. Malik, Uthman à Aws b. Thabit. On demanda au Prophète (saw): « Oh Prophète! Qui est votre frère à vous? – Pour moi, ce n’est qu’Ali b. Abi Talib, dit-il. Ali est à moi ce que Harun était à Mussa, à part qu’il n’y aura pas de Prophète après moi. » Il y avait à l’époque des maisons mitoyennes à la mosquée. Par commodité, les gens avaient construit des portes à leurs maisons ouvrant sur la mosquée. Allah ordonna à ce que toutes les portes soient scellées à l’exception de celles du Prophète (saw) et d’Imam Ali (as). Ce fut l’honneur lui étant accordé par Allah.
Ses batailles
Imam Ali (as), à l’âge de vingt-quatre ans, se distingua comme nul autre sur le champ de bataille lors de sa première bataille pour l’Islam à Badr, puis à Uhud, Khandaq et Khaybar. Dans l’histoire islamique, beaucoup d’individus sont reconnus comme étant de grands guerriers mais pas un seul d’entre eux ne vient à la cheville d’Imam Ali b. Abi Talib (as). Il se distinguait sur le champ de bataille. A Badr, il anéantit la moitié des adversaires à lui seul. A Uhud, le Prophète (saw) était seul sur la montagne. Ali, Miqdad, Ammar, Abu Duana Ansari et une femme du nom d’al-Harithiyya, furent les seuls à l’aider. Ce fut ce jour-là où le célèbre cri retentit: « Il n’y a d’autre jeune qu’Ali et d’autre épée que Dhulfikar! »
A Khandaq et Khaybar, il fit preuve de spiritualité, montrant qu’il détenait des qualités opposées de manière équilibrée faisant de lui un être-humain complet. Les guerriers sont habituellement durs et non seulement ils sont durs mais ils ont aussi tendance à être arrogants. Ces deux aspects se combinent pour faire partie intégrante de la personnalité du guerrier. Il est soit dur soit arrogant. Les guerriers ont rarement des principes et il est très rare qu’ils soient spirituels. Lorsqu’Imam Ali b. Abi Talib (as) en finit avec la bataille de Khandaq comme celle de Khaybar, il fit deux choses après ces batailles qui sont joliment décrites par Rumu dans ses célèbres vers à propos d’Imam: « En bravoure, tu es le Lion de ton Seigneur mais en générosité, qui sait ce que tu es! »
A Khandaq, Amr b. Abd Wudd, qui était le Goliath du camp ennemi, mit les Musulmans au défi de le combattre. Ce fut un moment crucial de la bataille lorsqu’il sauta par dessus le large fossé et se mit à transpercer les tentes des Musulmans les défiant à se battre. Personne n’osa répondre à sa provocation car ils savaient tous que quiconque se battait à Amr ne survivait jamais. Le Prophète (saw) dit: « Qui ira se battre contre cet homme? Je lui garantis le Paradis. » Imam Ali (as) se leva aussitôt pour le combattre. Le Prophète (saw) sourit et dit: « Regardez l’incarnation de la Vérité battre l’Incarnation du Kufr! » Imam (as) s’avança sur le champ de bataille. Lorsqu’Amr vit ce jeune homme, il se sentit insulté car il avait l’habitude de se battre contre des grands. Il vit Imam (as) de plus près et le reconnut. Il lui dit: « Je te connais. J’ai bien connu ton père Abu Talib et je ne veux pas te tuer. Va t’en! – Mais je te tuerai car tu es un ennemi d’Allah! » Lorsqu’ils commencèrent à se battre, Amr était sûr de gagner car il était connu pour s’être battu à des lions. Au milieu de la bataille, un halo de poussière enveloppait les deux hommes en train de se battre. Ali s’éloigna, fit une pause, revint et transperça Amr. Il ressortit en criant: « Allah est Grand! » Les gens furent confus et demandèrent à Ali: « Que signifiait ce moment où vous fites une pause? » Il s’agit d’un moment de la vie d’Imam Ali b. Abi Talib (as) qui est une leçon pour nous tous. Quand quelqu’un vous énerve, soyez patients. Ne vous mettez en colère que dans le but de servir Allah. Lorsqu’Ali revint, on lui demanda donc: « Pourquoi vous êtes-vous éloigné? – J’étais sur le point de frapper Amr b. Abd Wudd, dit-il, lorsqu’il me cracha dessus. Si je l’avais frappé à ce moment-là, je l’aurais fait pour mon propre ego. Je me suis éloigné donc; j’y suis retourné ensuite et je l’ai transpercé au service de Dieu. » Ainsi donc, d’un coup d’épée, Imam (as) le fit quitter la terre et partit en laissant son corps. La soeur d’Amr b. Abd était assise avec le reste de l’opposition. Elle prenait un repas et pensait que son frère reviendrait victorieux. On s’approcha d’elle et on lui dit: « Nous avons des mauvaises nouvelles. – Quoi donc? – Votre frère a été tué. – Mon frère a été tué? Mon frère qui se bat avec des lions? Quel est le lion qui a tué mon frère? – Un jeune homme du nom d’Ali b. Abi Talib. » Plus tard, alors qu’elle se rendait vers le corps de son frère, elle pleurait en chemin. On raconte que lorsqu’elle parvint près du corps, elle s’assit à ses côtés puis se leva soudain et sourit. Elle s’adresse à tout le monde en disant: « C’est un honneur que le fils d’Abu Talib a tué mon frère! Avant toute bataille, mon frère dit à son adversaire: ‘Si tu me tues, ne prends pas mon bouclier car il appartient à mon arrière grand-père. Qu’il reste dans la famille.’ Je vois que le bouclier est toujours là et je comprends que le fils d’Abu Talib ne se bat que pour son Dieu car s’il se battait pour son propre égo, il aurait fait comme le reste de l’armée de Muhammad qui se serait emparé du bouclier de mon frère. Mais le fils d’Abu Talib est différent d’eux. »
A cette époque, les gens portaient leurs plus chères armures pour se battre et, s’ils mouraient, leurs armures étaient récupérées comme trophées de guerre par celui qui les avait tués. De précieuses armures valaient beaucoup auparavant. Seul Imam Ali b. Abi Talib (as) était assez noble pour ne pas s’intéresser aux possessions terrestres sur le champ de bataille. Tout ce qu’il faisait était pour le seul plaisir d’Allah!
Puis, à la bataille de Khaybar, Imam Ali b. Abi Talib (as) souleva un portail que nul ne pouvait soulever. Ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas ce qu’il a soulevé mais plutôt ce qui permet à quelqu’un d’être si puissant. Après Khaybar, il revint du champ et se mit à pleurer. On lui demanda: « Oh fils d’Abu Talib! Pourquoi pleurez-vous? Vous venez de soulever le portail que les autres ne parvenaient pas à soulever! – Je ne supporte pas de voir les soldats juifs les mains liées. Desserrez leur corde. Ne sont-ils pas des êtres-humains? »
Plus tard, il rentra chez lui et son épouse, Fatima lui donna du pain. Il était connu pour sa piété et pour ne manger que du pain sec car il disait: « Comment puis-je manger du pain mou alors qu’il y a des pauvres dans le monde musulman? » Il essaya de rompre le pain mais n’y parvint pas. On lui dit: « Oh fils d’Abu Talib! Vous avez soulevé un portail que quarante personnes ne purent soulever ensemble et vous n’arrivez pas à couper un morceau de pain? – Le portail, je l’ai soulevé pour Allah, répondit-il. Le pain que j’essaie de rompre est pour Ali. J’ai soulevé le portail de Khaybar non pas avec ma force physique mais avec la force de mon Ruh! Je peux concevoir mon âme et je conçois mon Dieu; et dès que je conçois mon Dieu, tout devient facile pour moi. »
A la bataille de Hunayn aussi, si Ali n’était pas resté, la religion aurait été détruite. La plus grande performance d’Ali b. Abi Talib (as) a eu lieu à Hunayn et non à Badr, Uhud , Khaybar ou Khandaq. Imam Zayn ul-Abideen (as) dit en Syrie: « Je suis le fils de celui qui s’est battu à Badr et Hunayn! » Ali b. Abi Talib (as) se retrouva seul face à l’ennemi à Hunayn et il les liquida tous.
Après le décès du Prophète (saw)
Le Prophète (saw) avait soixante-trois ans quand il décéda. Imam Ali b. Abi Talib (as) en avait trente-trois. Le Prophète (saw) dit aux gens: « Il est mon successeur; soyez fidèle à lui; ne le trompez pas, ne soyez pas fourbe envers lui et ne vous en prenez pas à lui. Ce n’est pas juste mon gendre. Il a été désigné par Allah pour veiller à mon message. » Mais, les gens finirent par retirer son pouvoir à Imam Ali b. Abi Talib (as). Ils usurpèrent sa position de chef et ils s’en prirent à sa femme qu’ils tuèrent et il se retrouva avec quatre orphelins à la maison. Et pourtant, est-ce qu’Imam Ali b. Abi Talib (as) laissa son égo prendre le dessus? Imam Ali b. Abi Talib (as) dit: « La religion de l’Islam est plus importante que l’objet de la désunion que je pourrais être. Je vais garder le silence, mais lorsque j’assisterai à une injustice, je la dénoncerai haut et fort. »
Lorsque le Prophète (saw) décéda, Imam Ali b. Abi Talib (as) avait trente-trois ans et il devint le quatrième calife à l’âge de cinquante-huit ans. On demande parfois si Ali b. Abi Talib (as) a fait quelque chose pour l’Islam durant ces vingt-cinq ans. Bien qu’Imam Ali b. Abi Talib (as) n’ait pas été le calife choisi à Saqifa, il était toujours le calife d’Ammar, de Bilal, de Salman, d’Abu Dharr etc. Ainsi, lorsqu’Imam Ali b. Abi Talib (as) voyait une injustice durant ces années, il se faisait entendre; il ne restait pas silencieux. Il nous a appris une leçon éthique: Musulmans! Lorsque vous êtes témoin d’une injustice ou d’une tyrannie de quel que genre que ce soit, petite ou grande, ne restez pas sans rien dire face à l’injustice.
Un jour, une dame vient rencontrer Umar b. Khattab, le deuxième calife et lui dit: « J’ai commis l’adultère – Y avait-il des témoins? lui demanda Umar. – Oui, il y en avait et je veux être punie. – Très bien, dit-il en ordonnant à ces hommes de la punir. – Mais, y voyez-vous un inconvénient qu’Ali b. Abi Talib prenne la décision? – Pourquoi? demanda Umar. – Parce que je crois qu’Ali b. Abi Talib est le plus juste des êtres humains sur terre. Je sais qu’il a grandi sur les genoux du Prophète. Et qui d’autre que Muhammad peut enseigner la justice? » Umar fit appeler Ali b. Abi Talib (as) et lui dit de prononcer un jugement à propos de la dame. Lorsqu’ Ali b. Abi Talib (as) vint, il lui demanda: « Quelle est votre crime? – J’ai commis l’adultère. – Quelles en étaient les circonstances? – Je n’avais rien à manger pour mes enfants et je suis allée demander de l’aide à un des riches du quartier. Il m’a dit: ‘Si tu veux à manger, tu devras commettre l’adultère avec moi.’ Je lui ai dit: « Oh monsieur! Craignez Allah. Ne dites pas de telles choses.’ Je lui ai supplié une deuxième fois mais à la troisième, j’ai cédé. – Très bien! Vous pouvez partir, dit Ali b. Abi Talib (as). – Que voulez-vous dire? – Chapitre 5, verset 3, répondit-il. – Que voulez-vous dire? répéta t-elle. » Elle regarda Umar d’un air interrogateur et lui demanda: « Que veut-il dire? » Umar demanda aussi à l’Imam: « Que veux-tu dire? – Chapitre 5, verset 3 dit: ‘Si quelqu’un est contraint par la faim, sans inclination vers le péché, alors Allah est Pardonneur et Miséricordieux.' » Cette dame a été contrainte à pécher mais elle était affamée. Allah pardonne ceux qui sont dans la faim car c’est l’Etat qui en est responsable, et non les gens. L’Etat ne devrait pas laisser une femme dans une telle situation. C’est dans ces moments là qu’Umar disait: « Si Ali n’était pas là, Umar aurait péri. »
Imam Ali venait toujours à l’aide quand il était appelé. Une fois, Umar allait se battre contre les Romains. L’armée s’apprêtait à partir et Imam Ali l’empêcha d’y aller bien qu’il soit déjà habillé pour partir. Imam Ali lui dit: « Tu es le calife en ce moment. Si tu y vas et ton armée se fait tuer, ils sauront que tu n’as plus de renfort puisque tu seras sur place. Reste ici. C’est mieux pour toi. » Ce conseil était destiné à sauver l’Islam. Il était du devoir de ces représentants de s’assurer que l’Islam ne perde pas son statut à ses débuts.
Lorsqu’Uthman, le troisième calife, nomma les membres de sa famille, les Bani Ummayah, pour occuper divers postes de pouvoir, Imam Ali protestait et ne restait pas silencieux.
Son savoir
Durant ces vingt-cinq ans où il n’était pas le calife, il s’avançait en disant: « Saluni saluni, qabla an tafqiduni! (Demandez-moi, demandez-moi tout ce que vous voulez avant que vous ne me trouviez plus!) J’en connais bien plus sur les cieux que sur la terre! » C’était un défi. Les non-Musulmans venaient à Médine et demandaient: « Où est Ali b. Abi Talib? – Pourquoi? leur demandait-on. – Nous avons entendu qu’il était le successeur du Prophète; nous aimerions lui poser des questions auxquelles personne n’a pu répondre. S’il peut y répondre, nous adhèrerons à ses croyances. »
Un Juif vint à Imam Ali b. Abi Talib (as) et dit: « Vous déclarez être le successeur de Muhammad? – Oui – Je vais vous poser une question mathématique que personne n’a pu répondre et elle est mentionnée dans les écrits religieux et seul le successeur de Muhammad pourra y répondre. – Allez-y. – Quel est ce nombre que vous pouvez diviser par n’importe quelle chiffre entre 1 et 10 et dont le résultat sera toujours un nombre entier? – 2520. – Pardon? – 2520. – Comment êtes-vous arrivé à ce nombre? – Le nombre de jours dans la semaine multiplié par le nombre de jours dans l’année. » L’homme surpris dit: » Bien, dans le calendrier arabe, il y a 360 jours dans l’année et il y a 7 jours dans la semaine. – Multipliez donc 360 par 7. Combien trouvez-vous? demanda l’Imam. – 2520. – Divisez 2520 par 1. Combien cela fait-il? – 2520. – Par 2? demanda l’Imam. – 1260. – Par 3? – 840. – Par 4? – 630. – Par 5? – 504. – Par 6?
– 420. – Par 7? – 360. – Par 8? – 315. – Par 9? – 280. – Par 10? – 252. » Le Juif dit finalement: « Il s’agit bien d’Ali b. Abi Talib! » 2520 divisé par n’importe quelle chiffre entre 1 et 10 est le seul nombre à donner un résultat entier.
Les gens continuaient à s’approcher de lui ainsi pour enrichir leurs connaissances jusqu’à ce qu’il devienne calife.
Sa vie en tant que calife
Ce qui est tragique dans la religion, c’est que les Musulmans n’ont pas profité d’Ali b. Abi Talib (as) comme ils auraient pu le faire. Pendant ces quatre années en tant que calife, il y eut quatre guerres civiles à son encontre. Dans chacune de ces guerres, la dignité dont il fit preuve est un message pour chaque Musulman aujourd’hui, que même si un autre Musulman agit méchamment contre toi, si tu es un adepte d’Ali b. Abi Talib, sois tolérant envers lui. Il y a des Musulmans aujourd’hui qui observent les Imamis et se montrent irrespectueux à leur égard les traitant d’innovateurs ou auteurs de shirk. On ne doit pas répondre en nous rabaissant à leur niveau; on doit garder notre dignité comme l’Imam a gardé sa dignité.
A Jamal, il vit que la dame qui se battait contre lui n’était autre que la femme du Prophète (saw). On lui dit: « Insultez-la. – Jamais! » Il s’approcha de Malik al-Ashtar et lui dit: « Malik, la vois-tu assise sur le chameau. – Oui. – Va et coupe les jambes du chameau. » Et il dit à un autre compagnon: « Lorsqu’elle tombe, tu la rattraperas. » Malik s’en alla et coupa les jambes du chameau. Lorsqu’elle tomba du chameau, l’autre compagnon la rattrapa. Elle se retourna et dit: « Comment osez-vous toucher la femme du Prophète alors que vous n’êtes pas un mahram pour moi! – C’est ton frère, Muhammad, fils d’Abu Bakr, qui te tiens, répondit l’homme. » C’était le seul homme de l’armée d’Ali à être un mahram pour elle. Ali aurait pu rabaisser sa dignité, tout comme la sienne, en lui envoyant n’importe qui, mais non. Le fils d’Abu Talib est au-dessus de tout ça, cette absence de dignité et cet excès d’égo. Il la renvoya ensuite à Médine avec respect car il s’agissait de la femme du Prophète. Elle se retourna vers lui et lui dit: « Vous êtes l’assassin des bien-aimés!
– Si j’étais l’assassin des bien-aimés, j’aurais alors tué Marwan et Abdullah b. Zubair à l’instant mais je ne veux pas créer la division dans l’Ummah musulmane. » Ainsi, l’Ecole des Ahulbayt (as) ne doit jamais ouvrir la porte à la division.
Donc, ils combattirent tout d’abord à la Bataille de Jamal sous son califat. Puis, à Siffin, lorsqu’ils s’en prirent à lui, Mu’awiya prit le contrôle de l’eau. Imam dit à ses soldats: « Demandez à Mu’awiya de nous laisser boire. Nous avons soif. – Je ne leur donnerai jamais d’eau, dit Mu’awiya. » Imam dit à son armée à lui d’y aller et de s’emparer de l’eau. Les soldats retrouvèrent le contrôle de l’eau à présent en possession d’Ali. On dit aux Musulmans que les soldats de Mu’awiya avaient soif. Ils s’approchèrent des soldats d’Ali et leur dirent: « S’il vous plaît, donnez-nous de l’eau. » Imam regarda ses soldats et leur dit: « Pensez-vous que nous devrions leur donner à boire? – Non, dirent les soldats. Ils ne le méritent pas. Ils ne nous en avaient pas donné. – Non. Je ne supporte pas de voir un cheval assoiffé. Ne parlons pas d’un être humain! »
A la bataille de Nahrawan, les Khawarijs, qui étaient une fois soldats de son armée, s’en prirent à lui. Il était en duel avec l’un d’entre eux. En se battant, le Dhulfikar saisit l’épée de l’adversaire et l’Imam se retrouva à présent avec deux épées. Le soldat le regarda et lui dit: « Qu’allez-vous faire? Vous allez en finir avec moi? – Qu’aimeriez-vous? lui demanda Ali. – J’ai entendu qu’ Ali b. Abi Talib ne refuse jamais une requête. – Quelle est votre requête? – Je veux les épées. – Prenez-les. – Je veux rejoindre votre voie, dit l’homme. – Non! Dites: ‘Je veux rejoindre la voie d’Allah pour la justice. Ne me regardez pas. Chaque instant de ma vie est dédié à Allah (swt)! » C’est pourquoi adopter l’akhlaq d’Ali b. Abi Talib fait de quelqu’un un adepte d’Ali b. Abi Talib.
Après la bataille de Nahrawan, il revenait du champ de bataille et croisa une dame. Il s’approcha d’elle et vit qu’elle faisait bouillir de l’eau qu’elle remuait. Il lui demanda: « Oh madame! Qu’est-ce qui ne va pas? Je vous voir remuer de l’eau. – Que Dieu maudisse le fils d’Abu Talib! – Pourquoi dites-vous cela? – A Nahrawan, il a tué mes frères, mes fils et mon mari. Il est revenu vivant et ils sont revenus décédés. Que Dieu le maudisse. Si je le rencontrais un jour, je lui dirais combien je le hais. – Comment allez-vous maintenant? – Regardez-moi. J’ai des enfants qui sont orphelins et personne pour m’aider. » Depuis ce jour, Imam apportait du blé tous les matins et lui préparait du pain. Un jour, la fille de cette dame revint à la maison voir sa mère. Elle vit l’Imam qui sortait de chez sa mère. Ils se saluèrent et l’Imam s’en alla. Elle reconnut l’Imam et elle était abasourdie. Elle rentra à la maison et dit à sa mère:
« Maman, savez-vous qui était entré? – Je ne sais pas. C’est quelqu’un de très généreux et humble mais je ne sais pas comment il s’appelle. – C’était Ali b. Abi Talib, dit la fille. – C’était Ali? – Oui. – Et je le maudissais tous les matins face à lui. » Elle courut vers Ali b. Abi Talib et lui dit: « Oh fils d’Abu Talib! Pardonnez-moi! Je ne connaissais pas votre réelle personnalité. – Oh madame! Pardonnez-moi si je vous ai blessé au nom d’Allah (swt). » Nous devons évaluer nos actions et nous demander si nous pouvons nous prétendre être les adeptes d’Ali alors que nos actions ne sont pas similaires aux siennes.
Durant son califat, personne ne l’aimait autant que les non-Musulmans de l’époque. Les Musulmans le combattaient alors que les Chrétiens et les Juifs l’aimaient et se lamentaient. Imam Ali (as) rédigea cette fameuse phrase dans la lettre adressée à Malik al-Ashtar dont Kofi Annan des Nations Unies dit qu’il s’agissait « de la plus grande lettre sur le gouvernement jamais rédigé par un être humain ». Imam Ali dit à Malik dans cette lettre: « Sachez que les gens sont de deux types: ou bien ils sont vos frères en religion ou bien ils sont vos égaux en humanité. »
Dans une autre phrase qui devrait être gravée sur les murs de nos mosquées, Imam dit: « Sachez oh Musulmans! Nos ennemis ne sont pas les Chrétiens ou les Juifs; nos ennemis sont notre propre ignorance! »
Lorsqu’il passa devant une église, un de ses compagnons lui dit: « Je me demande à quel point ils sont polythéistes dans l’église? – Je me demande à quel point ils sont monothéistes, dit l’Imam. » On regarde le verre à moitié vide, Ali regarde le verre à moitié plein.
Il marchait dans la rue lorsqu’il vit un Chrétien âgé en train de mendier. Imam dit: « Pourquoi est-ce que ce Chrétien est en train de mendier? Quand il était jeune, il travaillait et veillait à nous et maintenant qu’il est vieux, personne ne veille à lui? Je ne bougerai pas d’ici jusqu’à ce que l’un d’entre vous promette de le parrainer. »
Un homme juif se mit à pleurer lorsqu’il entendit qu’Ali (as) était décédé. On lui demanda pourquoi il pleurait. Il raconta: « Je marchais vers Kufa pour rentrer chez moi. Je rencontrai un homme et on se mit à parler. Je lui dis que j’étais Juif et il dit qu’il était Musulman. On continuait à parler et à marcher. Je me souvenais qu’au début de notre conversation, il avait dit qu’il allait à Kufa. Mais alors que nous marchions, nous avions dépassé Kufa pour aller vers ma maison. Je me retournai vers lui et lui dit: ‘Oh Monsieur! Vous avez dit que vous alliez à Kufa. Pourquoi marchez-vous toujours avec moi?’ L’homme répondit: ‘Parce que dans l’Islam, il est du droit de la personne avec laquelle nous voyageons de ne pas la laisser jusqu’à ce qu’elle nous en donne la permission. Vous ne m’avez donné la permission à aucun moment. J’ai donc continué à marcher vers votre maison.’ Je lui ai dit: ‘Allez-y. Je vous en donne la permission. J’ai appris votre religion aujourd’hui par le biais de vos principes.' » L’histoire raconte qu’aussitôt qu’Ali s’en alla, un ami juif s’approcha du premier juif et lui dit:
« Comment peux-tu te lier à lui? – Que veux-tu dire? – Sais-tu de qui il s’agit? – Non. Ce n’est qu’un Musulman vivant dans une partie de l’empire. – Il s’agit du chef de l’empire! – C’était Ali b. Abi Talib? – Oui. – Le calife de tout l’empire musulman? – Oui, mais que venait-il faire dans le quartier juif? – Le crois-tu? Il a dit qu’il est du droit du voyageur dans l’Islam que tu attendes sa permission avant de le laisser. »
Telles étaient les principes d’Imam Ali b. Abi Talib (as) jusqu’à son décès. Après que b. Mujlim lui asséna le coup fatal, on pourrait se demander quel être humain dit: « Donnez à boire à mon assassin. Il a soif. » Quel être humain dit: « Nourrissez mon assassin comme vous me nourrissez. » Quel être humain dit: « Abritez mon assassin comme vous m’avez abrité. »
Imam Ali b. Abi Talib (as) est cet être humain exemplaire pour chacun d’entre nous dans nos vies. Sa légitimité est visible du fait que Malik al-Ashtar mourut pour Ali; Hujr b. Adi mourut pou Ali; Muhammad b. Abi Bakr mourut pour Ali; Qambar mourut pour Ali; Kumayl mourut pour Ali; Maytham al-Tammar mourut pour Ali; il n’y a pas d’autre être humain (à l’exception du Prophète) pour qui les compagnons laissèrent leur vie comme pour Ali.
Rajiv Ghandi dit: « Je n’allais jamais à une réunion ministérielle dans mon gouvernement sans remettre la lettre d’Ali à Malik al-Ashtar à tout nouveau ministre. » Kofi Annan dit: « Cette lettre à Malik al-Ashtar est la plus grande lettre jamais écrite. »
Le célèbre philosophe, Ralph Emerson dit: « Aucun humain ne peut comprendre l’essence de l’humanité comme Ali b. Abi Talib. Regardez ce mélange en un seul être humain: il est un guerrier un instant et il est un chef l’instant d’après; il est un savant un instant et il est philosophe l’instant d’après. Avez-vous jamais vu un homme si complet? Voyez ses mots. Quel humain dit: ‘Oh humanité! Vous êtes venus d’une goutte de sperme et vous repartirez en grain de poussière. Vous ne savez pas quand vous êtes venus et vous ne savez pas quand vous partirez. Alors, pourquoi marchez-vous comme si vous saviez tout?’ Quel humain dit: ‘Oh humanité! Connaissez-vous vous-mêmes et vous connaîtrez votre Dieu.’ Qui verrait le paon et dirait: ‘Le paon est la preuve la plus claire d’une créature arrogante qui manque d’assurance car le paon vous montre ses plumes pour couvrir ses jambes maigres.’ Quel humain a [si bien] compris l’essence de l’adoration qu’il dit: ‘Dieu, je ne t’adore pas par crainte de l’enfer car il s’agit de l’adoration de l’esclave; et je ne t’adore pas parce que je convoite le paradis car il s’agit de l’adoration de l’homme d’affaires; je t’adore car Tu es digne d’adoration. Il s’agit de l’adoration de l’homme libre.' »
Voyez les duas tels que le dua Kumayl et le dua Mashlul qui sont récités de la bouche d’Ali b. Abi Talib (as).
Une citation d’un poète sikh, Kinor Singh résume parfaitement: « Oh Ali! Tu appartiens à toutes les croyances, tous les âges et tout le monde. Nous ne laisserons personne te déshonorer et nous ne laisserons personne déclarer que tu es à eux car Ali b. Abi Talib appartient à toute l’humanité! »
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad