
Imam ‘Ali ibnou Muhammad (as)
Imam Ali b. Muhammad al-Hadi (as) est né en l’an 214 après l’hégire et est décédé en l’an 254 à l’âge de quarante ans. On peut tirer beaucoup de leçons et de principes de la vie de cet homme. C’est un homme en effet connu pour son savoir, sa bravoure, sa passion et son sacrifice hors du commun. Lorsque nous étudions Imam Ali b. Muhammad al-Hadi (as), beaucoup de leçons sont à apprendre de la situation politique à laquelle faisaient face les Imams d’Ahlulbayt précédant la venue de Mahdi (ajfs) d’Aal Muhammad (saw).
Lorsque nous analysons sa biographie, nous commençons à comprendre le sens de l’expression « assignation à résidence » et pourquoi est-ce qu’il y avait tant de pression sur les derniers des douze Imams d’Ahlulbayt. Malheureusement, la vie d’Imam Ali alHadi (as) n’a pas été étudiée en profondeur. Sa vie a un fondement historique mais une portée contemporaine et il n’y a que quelques ans de cela, nous avons assisté aux attentats à la bombe sur son mausolée et celui de son fils, Imam al-Askari (as).
On aurait pu croire que beaucoup de gens se seraient mis à s’intéresser à sa vie et à sa biographie après le bombardement de ces mausolées à Samarra. Hélàs, ces bombardements n’ont pas eu d’autre impact sur les gens qu’au niveau émotionnel. Beaucoup étaient émotionnellement touchés par Samarra mais pas intellectuellement. Si vous deviez demander aux gens qui ont entendu que Samarra a été bombardé s’ils étaient touchés émotionnellement, ils vous répondront que oui. Mais est-ce que ça les a touché suffisamment pour prendre un livre et s’informer sur Imam al-Hadi (as) et Imam al-Askari (as)? Pas vraiment. Beaucoup, aujourd’hui encore, en savent très peu sur Imam Ali al-Hadi (as) et Imam al-Askari (as). Pourtant, ce que nous ne réalisons pas, c’est que le début de la pression politique sur les Imams, avec la reconnaissance de la venue d’Imam al-Mahdi (ajfs), a eu lieu avec Imam al-Hadi (as). Du temps des Imams, il est indéniable que nos frères sunnites rapportaient du Prophète (saw): « Il y aura douze califes après moi et ils seront tous Koraichites. » Ce hadith indique que les califes abbassides, de par leur relation avec les savants sunnites, attendaient la venue de Mahdi (ajfs).
Donc, lorsque nous étudions la vie d’Imam al-Hadi (as), nous nous approchons de la dernière partie de l’histoire de l’Imamat où il est question de surveillance majeure des maisons des Imams d’Ahlulbayt. Analysons sa vie et voyons les leçons que nous pouvons tirer.
Ses parents
Imam al-Hadi (as) est né en l’an 214 après l’hégire. Sa mère s’appelait « Sumana al-Maghribiyya ». « Maghrib » fait référence au Maroc d’aujourd’hui. Autrement dit, sa mère aussi était une femme d’origine nord-africaine. On ne peut pas s’empêcher de remarquer qu’il n’y a pas eu de mouvement de retour vers les femmes de Médine, ou les femmes de la Mecque, de la part des Imams. Beaucoup des femmes sont à présent d’origine nord-africaine. Une fois encore, la raison à cela est de retirer toute forme de racisme de l’Islam. Une communauté musulmane ne doit interdire à ses fils d’épouser une femme qui fait partie des adeptes d’Ahlulbayt juste à cause de sa race. C’est pourquoi, lorsque vous lisez à propos d’Imam Ali al-Hadi (as) et Imam al-Jawad (as), vous remarquerez qu’on dit d’eux qu’ils avaient la peau un peu plus foncée que celle des Arabes normalement. Forcément, s’ils épousent des femmes d’Afrique du Nord, leurs fils n’auront pas le teint plus clair des Arabes. Ils seront un peu plus foncés de peau.
Sachez que cette Sumana du Maghrib, selon les récits, était une des femmes les plus pieuses d’Arabie. C’était une fervente Musulmane, une femme du Coran et de la Sunna du Prophète (saw). Imam al-Jawad (as) était marié à Ummul Fadl, la fille d’alMa’mun. Ummul Fadl ne lui a pas donné d’enfants. Il a épousé Sumana qui lui a donné Imam Ali al-Hadi (as).
La période initiale de son Imamat
Le commencement de la vie d’Imam al-Hadi (as) était encore plus difficile que celle d’Imam al-Jawad (as). Pourquoi? Imam al-Jawad (as) avait huit ans quand on mit à l’épreuve son Imamat. Si Imam al-Hadi (as) est né en l’an 214 et Imam al-Jawad (as) est décédé en l’an 220, quel âge avait Imam Ali al-Hadi (as) lorsqu’il annonçait son Imamat? Six ans. Et c’est ainsi que, lorsque nous en viendrons à Imam al-Zaman (ajfs), nous verrons qu’il n’avait que cinq ans. Des gens demandent: « Comment cela se fait-il? Cinq ans? » Et bien! Nous venons de parler d’un Imam de six ans et avant lui, de huit ans. Vous remarquerez la tendance à présent d’Imams de très jeune âge. Imaginez-vous! Lorsqu’Imam al-Jawad (as) décéda, Imam al-Hadi (as) avait six ans.
Le calife, al-Mu’tasim, fit une annonce. Il appela son compagnon, Umar b. Faraj, et lui dit: « Umar, tu sais qu’al-Jawad avait huit ans quand il est devenu Imam? Tu t’en souviens? – Oui, dit-il. – Penses-tu que son savoir venait vraiment de Dieu? Ou penses-tu qu’il a peut-être eu des cours privés quand il était jeune qui expliquent son savoir? » Parfois, Allah peut vous montrer la lumière mais vous ne croyez toujours pas. Umar dit: « Ce n’est pas important. Ce n’est peut-être pas de Dieu; c’est peut-être d’un tuteur privé. – Très bien, dit-il. Maintenant qu’al-Jawad est décédé, son fils Ali al-Hadi a six ans. Si nous allons à Ali al-Hadi à cet âge, il n’aura pas le savoir qu’Al-Jawad avait. »
Vous voyez comment l’esprit travaille? Six? Huit? Cinq? Ils sont tous de la lignée d’Ahlulbayt. Ce sont tous des gens qui ont hérité du savoir, l’un de l’autre.
Ils amenèrent donc un tuteur privé du nom d’Ubaydullah al-Junaydi. Il maîtrisait la loi, le Coran, les hadith, l’éthique et la grammaire arabe. Il maîtrisait tout. Il vint voir al-Mu’tasim et Mu’tasim lui dit: « Ecoute! Connais-tu cet enfant de six ans là-bas? – Quel enfant de six ans? demanda Ubaydullah al-Junaydi. – Celui qui est là-bas. – Oh! Ali? Fils de Muhammad? -Oui. Je veux que tu sois son tuteur à partir d’aujourd’hui. »
Umar b. Farah intervint et demanda à Ubaydullah al-Junaydi: « Sais-tu pourquoi nous voulons que tu sois son tuteur?
– Pourquoi? demanda Ubaydullah. – Nous voulons que tu t’empares de son esprit avant que quelqu’un d’autre s’empare de son esprit. – Que voulez-vous que je lui injecte dans l’esprit? – Injectez-lui la haine de la religion de l’Islam, dit Umar. – Mais je suis moi-même un savant en Islam. – Très bien, dit Umar. Injecte-lui la haine de la famille du Prophète. Qu’il croie à quelque chose d’autre. – Laissez-le moi, dit Ubaydullah al-Junaydi. Je suis un homme d’un âge mur et lui n’a que six ans. Son père avait huit ans et il avait peut-être eu un tuteur privé. » Ubaydullah al-Junaydi y alla de ce pas.
Le jour suivant, quelqu’un le vit et lui dit: « Ubaydullah! Comment va ton serviteur des Bani Hashim? – Quel serviteur? demanda t-il. – Celui de six ans. Comment va t-il? – Ne dis pas de lui que c’est un serviteur. C’est un des savants d’Aal Muhammad. – Que veux-tu dire? – Quand je suis entré chez lui, j’ai dit à l’enfant: ‘Récite-moi un surah du Coran.’ L’enfant me dit: ‘Donnez-moi le surah et je continuerai de réciter.’ Je choisis alors le plus grand surah du Coran et l’enfant se mit à réciter tout par coeur. Et sa voix était pareille à celle du Prophète Dawud (as). Je n’ai jamais entendu une telle voix mais quand le Coran dit: ‘La voix de Dawud était impressionnante’, je peux t’assurer que sa voix était pareille à celle de Dawud. Mais, tu veux que je te dise quelque chose de plus extraordinaire qui m’a convaincu qu’ils recoivent leur savoir de Dieu et non d’un tuteur privé? – Quoi donc? – Tous les versets sur lesquels je l’interrogeais, il me disait quand il a été révélé, où il a été révélé et à propos de quoi il a été révélé. Peux-tu me dire comment un enfant de six ans peut savoir tout cela déjà? Ne me laissez pas avec cet enfant car ce n’est pas moi qui l’éduque mais lui qui m’éduque. »
Lorsqu’al-Mu’tasim entendit cela, il se dit: « Oui! Je sais qu’ils ont du savoir mais il y a sûrement quelqu’un qui peut les remettre en question. »
Savez-vous à qui est-ce qu’al-Mu’tasim a fait appel à nouveau? Parfois, nous n’apprenons pas de nos erreurs, n’est-ce pas? Il appela Yahya b. Aktham à nouveau. Yahya b. Aktham avait déjà vécu sa journée la plus embarassante face à Imam al-Jawad (as). Le revoilà. Al-Mu’tasim lui dit: « Yahya, je veux que tu poses des questions à ce jeune homme. – Tu veux dire cet enfant qui est le fils de celui à qui al-Ma’mun m’avait demandé de poser des questions? – Oui. – On doit passer par là à nouveau? – Oui, Yahya. Interrogez-le. – Tu sais ces gens, leur savoir est différent. Ces gens n’ont pas été choisis par les hommes. Il y a quelqu’un d’autre qui les choisit et c’est Allah (swt). – Ne me parle pas ainsi. Interroge-le. Je n’ai pas vu ce qu’al-Ma’mun a vu. Tout ce que je sais, c’est que ce n’est pas vrai. »
Parfois, les gens peuvent vous mettre en garde mais vous choisissez de ne pas écouter. Yahya b. Aktham regarda al-Mu’tasim et dit: « Nous allons donc interroger Ali al-Hadi? – Oui, interroge Ali al-Hadi. »
Yahya aborda Imam Ali al-Hadi et lui dit: « Ali! J’ai des questions à te poser. – A propos de quoi? demanda Imam al-Hadi (as). – J’ai des questions à propos du Prophète Adam, du Prophète Sulayman, du Prophète Yusuf et à propos d’Ali b. Abi Talib et du Coran. »
Quel âge avait Imam al-Hadi (as)? Il était très jeune. Six ou sept ans. Ne laissez personne vous faire douter de vos Imams. Le savoir de votre Imam est de loin supérieur à tous ceux qui étaient autour de lui. Soyez fiers d’assister au wiladah ou shahada d’Imam al-Hadi (as). Ne laissez pas vos mosquées vides. Ce sont les flambeaux du savoir des Ahlulbayt. Venez honorer leur savoir.
Yahya regarda Imam al-Hadi (as) et dit: « La première question que j’aimerais te poser est à propos du Prophète Adam. Quel est l’arbre dont il s’est nourri? – Il était originellement connu sous le nom de « l’Arbre de l’Envie » – Oui, tu as raison. Es-tu content al-Mu’tasim? – Non. Demande-lui autre chose. C’était trop facile. » Yahya reprit à l’adresse d’Imam al-Hadi (as): « Prophète Sulayman a dit: ‘Qui peut m’apporter le trône de la Reine de Saba?’ et le trône de la Reine de Saba se trouvait dans un coin du monde. Prophète Sulayman dit: ‘Je le veux devant moi.’ Un des djinns dit alors: ‘Je peux l’apporter’ et Asif b. Barkhiyya dit: ‘Je l’apporterai en un clin d’oeil’ et le trône surgit aussitôt. Oh Ali al-Hadi! Est-ce que le Prophète Sulayman ne pouvait pas le faire lui-même? Pourquoi avait-il besoin de le demander? – Oh si! Il aurait pu le faire lui-même mais il voulait que cela soit clair pour les gens qui sera le successeur après son décès. » Al-Mu’tasim dit: « Demande encore. » Yahya reprit: « Ne sommes-nous pas supposés accomplir le sujood (la prosternation) que devant Allah? – Pourquoi? demanda Imam al-Hadi (as). – Comment se fait-il que Yaqub a fait le sujood en face de Yusuf dans le Coran? – Il y a deux types de prosternation dans l’Islam: Il y a la prosternation à Allah et la prosternation en obéissance à Allah. – Que veux-tu dire? – Lorsque Allah demanda aux anges de se prosterner devant Adam, peut-on se prosterner devant un humain? Non. Mais ce n’était pas une prosternation d’adoration mais une prostenation d’obéissance. De même, lorsque Yaqub se prosterna devant Yusuf, ce n’était pas une prosternation d’adoration mais une prosternation d’obéissance. – Merci. Laisse-moi te poser une autre question. Lorsque les gens se sont battus contre Ali b. Abi Talib à Jamal, il les a laissés s’échapper après la bataille mais il n’a jamais laissé échapper ceux à Siffin. Pourquoi?
Imaginez ce scénario. Vous avez un garçon de six ou sept ans qui vous parle de quelque chose qui s’est passé pratiquement 200 ans avant lui. Il dit: « Imam Ali a laissé les gens de Jamal s’échapper car, une fois la bataille terminée, ces gens n’envisageaient pas de se battre à nouveau; ils rendirent les armes et le Coran dit: ‘Apporte la paix entre les gens’ tandis que ceux de Siffin voulaient continuer à se battre et, peu importe le nombre de fois qu’ils en avaient l’opportunité, ils s’emparaient des armes et venaient se battre à nouveau. Lorsque Jamal finit, ceux qui étaient à Jamal étaient toujours des croyants tandis que ceux de Siffin étaient devenus des infidèles. – Très bien, dit Yahya. J’ai aussi une question à propos du surah 31, verset 27. » Al-Mu’tasim regarda vers Yahya et dit: « S’il répond à cette question, ce sera suffisant pour moi. Je le laisserai partir. » Yahya dit donc: « Surah 31, verset 27 dit: ‘Si tous les arbres étaient des plumes et les sept mers étaient tous de l’encre, ils ne seraient pas suffisants pour les paroles d’Allah.’ Donne-moi les noms des mers et les paroles. » Aj-Mu’tasim regarda à nouveau et dit: « S’il peut répondre à ça, je le laisserai partir. »
Imam al-Hadi (as) n’avait que sept ou huit ans. Il regarda al-Mu’tasim puis Yahya b. Aktham et dit: « Les sept mers sont la mer du Yémen, la mer de Tabariyya, la mer de Kibreet, la mer de Bahran, la mer de Barhout, la mer de Lisan et la mer de Saylan. – Très bien! Et quelles sont les paroles d’Allah? – Les mots d’Allah, ce sont nous, les Aal Muhammad, répondit Imam al-Hadi (as). Si vous prenez tous les arbres et si c’étaient des plumes et si vous prenez les septs mers et si c’était de l’encre, tous, ensemble, ne suffiraient pas à énoncer de manière exhaustive toutes les vertus de Muhammad et d’Aal Muhammad. – Tu as répondu à ma question. Tu peux partir à présent. »
Après cet incident, al-Mu’tasim dit à Imam al-Hadi (as): « Très bien! Tu peux enseigner à Médine. »
Certains de ses enseignements à Médine
Après le décès d’al-Mu’tasim, al-Wathiq devint calife. Pendant cette période, ils autorisèrent Imam Ali al-Hadi (as) à enseigner et il n’y avait pas trop d’oppression à l’égard de l’Imam. Il prodiguait des leçons dans la mosquée du Prophète (saw) à Médine. La première leçon portait sur le Saheefa d’Ali b. Abi Talib (as). « Qu’est-ce que c’est? », vous demandez-vous. Ali b. Abi Talib (as) s’asseyait aux pieds du Prophète (saw) et pendant que le Prophète (saw) prodiguait des leçons, Ali b. Abi Talib (as) écrivait ces leçons. Ali b. Abi Talib (as) gardait ses leçons ou ses notes des sermons. Il les donna ensuite à Imam Hassan (as) qui les remit à Imam Hussein (as) qui les remit à Imam Zayn ul-Abideen (as) et ainsi de suite jusqu’à Imam al-Hadi (as). Ce Saheefa est à présent avec Imam al-Zaman (as). Imam al-Hadi (as) s’asseyait à la mosquée du Prophète (saw) muni du Saheefa d’Imam Ali (as) et disait par exemple: Ali b. Abi Talib (as) a entendu le Prophète (saw) dire: ‘La foi est dans le coeur; elle est soutenue par vos actions et unifiée par votre langue.' »
Où se trouve la foi? Dans le coeur, mais le coeur ne suffit pas. Vous entendrez parfois des Musulmans dire: « Je ne prie pas et je ne jeûne pas mais j’ai un bon coeur. Que m’arrivera t-il le Jour du Jugement? » Allah prendra votre coeur et le mettra dans le Jannah et il mettra le reste dans le Jahannam. Quel intérêt d’avoir un bon coeur sans actes?
Le coeur est donc l’emplacement de la foi mais elle doit être soutenue par l’action. Quel intérêt de dire: « J’aime Hussein! J’aime Hussein! » si mes actions vont à l’encontre de Hussein? Le Coran dit: « Certes, ceux qui croient et font de bonnes actions… » Dans le monde musulman de nos jours, nous avons beaucoup qui croient mais peu qui font de bonnes actions.
Après Imam Zayn ul-Abideen (as), aucun Imam d’Aal Muhammad ne nous a laissé autant de duas qu’Imam Ali al-Hadi (as). Les gens diraient: « C’est un deuxième Zayn ulAbideen (as). » Selon une étude, il y a au moins quarante-trois duas d’Imam Ali al-Hadi (as). Imam Zayn ul-Abideen (as) en avait cinquante-un. La plupart des duas d’Imam Ali al-Hadi (as) se concentrent sur les « susurements de Satan ». Très souvent, les conflits qui ont lieu dans une communauté ou à la maison sont dus aux susurrements de Satan, n’est-ce pas? Imam Ali al-Hadi (as) s’asseyait avec ses étudiants à la mosquée de Médine et leur disait: « Ecoutez ce dua… »
Après leur avoir enseigné les duas, il leur enseigna une ziyarah appelé Ziyarah alJamia’a qui est sans conteste la ziyarah la plus puissante après Ziyarat Ashura. Il parle du rôle de l’Imam, de la position de l’Imam et de la signification des Imams d’Aal Muhammad dans cette ziyarah.
Son départ de Médine pour Samarr
Durant le règne d’al-Mu’tasim et celui d’al-Wathiq, Imam Ali al-Hadi (as) a bénéficié d’une période relativement calme. Mais après leur décès, il eut à faire à un des pires califes de l’histoire islamique. Il s’appelait al-Mutawakkil. C’est celui qui a essayé de détruire la tombe d’Imam Hussein (as) à Karbala quarante-sept fois. Autrement dit, chaque mois pratiquement de son règne en tant que calife, al-Mutawakkil essayait de détruire la tombe d’Aba Abdullah (as). Si ce n’était pas par la grâce d’Allah (swt), cette tombe ne serait pas là aujourd’hui.
Les récits racontent que lorsqu’al-Mutawakkil devint calife, il était à Samarra et Imam Ali al-Hadi (as) était à Médine. Al-Mutawakkil savait que Madhi (ajfs) allait venir bientôt et qu’il serait de la lignée de Fatima (as) et il savait qu’Imam Ali al-Hadi (as) était aussi de la lignée de Fatima (as). Il savait aussi qu’al-Mu’tasim et al-Wathiq n’avaient pas créé trop de problèmes à Imam Ali al-Hadi (as). Il se dit donc: « Si je l’épargne, cette personne va finir par s’accaparer des masses. »
Aucun calife n’avait jamais assigné à résidence un Imam tel qu’al-Mutawakkil. Il dit à son conseiller Yahya b. Harthama: « Yahya, je veux que tu ailles à Médine avec trois cents de tes soldats. – Pourquoi? demanda Yahya. – Ali b. Muhammad al-Hadi habite à Médine. Je ne veux pas qu’il reste là-bas. Dis-lui que nous sommes à Samarra et qu’il doit donc venir vivre à Samarra. »
Savez-vous pourquoi les Abbassides vivaient à Samarra? Ils se souciaient des Turcs qui étaient à présent plus puissants que les Abbassides. Samarra est dans le nord de l’Irak (vers Tikrit). Ils firent donc de Samarra leur capitale. Yahya b. Harthama dit: « A l’époque, je ne croyais pas vraiment qu’Ali al-Hadi était un Imam qu’il faille veiller de près. En chemin vers Médine, j’avais un soldat de Khawarij avec nous (qui haïssait Imam Ali (as)) et j’avais un Shi’a d’Ali al-Hadi. (Parfois, vous pouvez être croyant mais travailler pour le gouvernement). En chemin vers Médine, ces deux discutaient. Le Kharijite regarda le Shi’a et dit: ‘Ali b. Abi Talib a des hadith qui n’ont pas de sens. Comment peux-tu suivre cet homme? – Quel hadith? demanda le Shi’a. – Tu as un hadith qui dit qu’Ali b. Abi Talib a dit: ‘Chaque coin du monde sera un jour une tombe pour un être humain.’ Comment est-ce que chaque coin du monde peut être un jour une tombe pour un être humain? – Si Ali b. Abi Talib l’a dit, répondit le Shi’a, c’est qu’Ali b. Abi Talib avait sûrement raison.’ Quoi qu’il en soit, ils discutaient du problème alors qu’ils étaient en route pour Médine. Nous arrivâmes à Médine et nous trouvâmes la maison où se trouvait Ali al-Hadi et nous étions prêts à lui donner de l’ordre de préparer ses affaires et de nous suivre. Aussitôt que nous arrivâmes chez Ali al-Hadi, nous vîmes des gens en train de tricoter, et des gens en train de coudre, et des gens qui faisaient des selles et des gens qui faisant de grands manteaux. Je regardai cet homme et me disais: ‘C’est lui qu’ils appellent leur Imam? Cet homme n’a aucune raison que ce soit.’
[Pourquoi? Parce que c’était l’été. L’Irak en été est un des endroits les plus chauds sur terre. Il se dit: ‘Ali al-Hadi demande aux gens de tricoter en été?]
Je lui dis donc: ‘Ali! Tu dois partir. – Pourquoi? – Al-Mutawwakil dit que tu dois être assigné à résidence à Samarra. Tu n’as pas le droit de vivre ta vie ou d’enseigner librement à Médine.’ Ali al-Hadi me regarda et me dit: ‘Vous voyez que nos gens sont en train de tricoter et de coudre? Est-ce que ça vous dérange d’attendre? Ils auront fini demain et nous partirons le troisième jour? – D’accord, dis-je. Nous partirons le troisième jour.’ Je me disais: ‘Je ne sais pas pourquoi est-ce qu’ils tricottent. Je ne sais pas pourquoi est-ce qu’ils cousent. Il fait chaud. Pourquoi est-ce qu’ils ont besoin de tricots?’ Nous partîmes le troisième jour et nous avions emprunté la route du désert en direction de Samarra et nous atteignîmes l’endroit où le Kharijite débattait avec le Shi’a. Lorsque nous arrivâmes à cet endroit, Ali al-Hadi dit: ‘Gardez ce tricot avec vous ainsi que l’armure, gardez-la près de vous. – Pourquoi? – Gardez-les.’ Tout à coup, nous vîmes une tempête de neige telle que nous n’en avions jamais vu, arriver de loin. Lorsque cette tempête s’approchait, Ali al-Hadi nous dit: ‘Dépêchezvous! Portez ce que je vous ai donné.’
Certains d’entre nous obéirent, d’autres pas. La tempête de neige vint et repartit peu de temps après. Nous nous relevâmes. J’avais trois cents soldats au début du voyage. Quatre-vingts d’entre eux étaient à présent décédés. Ali al-Hadi me regarda et me dit: ‘Ali b. Abi Talib avait raison quand il disait: ‘Chaque coin du monde sera un jour une tombe d’un être humain. » Je le regardai et me demandai: ‘Comment savait-il ce dont nous avions discuté ici? D’où a t-il appris que nous étions ici et nous avions discuté de ce problème?’ C’est à ce moment-là que je me mis à croire à l’Imamat d’Imam Ali al-Hadi (as). Je le pris et nous allâmes à Samarra. »
Son assignation à résidence et l’harcèlement constant du calife
Lorsqu’Imam Ali al-Hadi (as) arriva à Samarra, il entra chez lui et s’assit. C’était le début de son assignation à résidence. Al-Mutawakkil ne vint même pas le rencontrer. Ils mirent l’Imam dans une petite maison à Samarra. Les récits disent qu’al-Mutawwakil dit: « Que cet homme reste dans cette maison et qu’il ne quitte pas la maison sans que nous surveillons chacun de ses mouvements. »
Un ou deux jours plus tard, al-Mutawwakil tomba malade. Il avait mangé quelque chose qui était empoisonné. La mère d’al-Mutawwakil vint chez Imam Ali al-Hadi (as) et lui dit: « Oh Ali b. Muhammad! Je suis désolée de la manière dont mon fils vous traite. Cela vous dérange t-il de venir chez lui? Il est sur son lit de mort. Je vous en prie. Veillez sur lui et dites quelque chose. Dites-nous ce que nous devons faire. »
Un Imam d’Aal Muhammad aurait facilement pu se détourner et dire: « Non! Votre fils m’a fait du mal! » Mais les Aal Muhammad ont des coeurs qui sont des coeurs empreints de générosité. Imam Ali al-Hadi (as) lui dit: « Oh mère d’al-Mutawwakil! Qu’il mange un morceau d’agneau et qu’il prenne un peu d’eau de rose. Inshallah, il sera guéri. »
Elle repartit et s’assit près de son fils (qui avait essayé de détruire la tombe du grand-père d’Imam Ali al-Hadi (as) quarante-sept fois). Elle lui donna de l’agneau et de l’eau de rose à boire. Al-Mutawwakil avait fait un voeu: « Si je survis, je donnerai ‘mal kathir’ (une grosse somme d’argent) ». Il survécut. Sa mère revint voir Imam Ali al-Hadi (as) en secret et dit: « Je vous remercie beaucoup. Mon fils a survécu. Voici dix mille dinars dans un sac. »
Quelqu’un l’avait vu entrer chez Imam Ali al-Hadi (as). Cette personne appela Abul Hassan al-Bathai. Lorsqu’il la vit, il alla chez al-Mutawwakil et dit: « Al-Mutawwakil, je crois qu’Ali al-Hadi incite les gens à se soulever contre toi. – Comment ça? – J’ai vu ta mère entrer chez lui et lui donner un sac. – Très bien, dit al-Mutawwakil. Cet Ali al-Hadi n’est pas bien pour nous. A minuit, envoie Saeed chez lui. Peu importe que sa famille soit réveillée ou endormie. Réveillez-le et trouvez ce qu’il cache chez lui. »
Saeed raconte: « Je suis allé chez Imam Ali al-Hadi au milieu de la nuit. J’entendis soudain une voix: ‘Saeed, attends! Je vais te donner une bougie.’ [C’était Imam Ali al-Hadi (as) qui le lui disait]. Imam Ali al-Hadi (as) se leva et dit: ‘Saeed, qu’est-ce qui se passe?
– Ali, nous devons fouiller ta maison car nous pensons que tu amasses de l’argent pour te battre. Qu’est-ce que c’est que ces dix mille dinars? – C’est de la part de la mère d’al-Mutawwakil. Lorsqu’al-Mutawakkil était mourant, j’ai dit à sa mère ce qu’al-Mutawwakil devait manger. – Qu’est-ce que c’est que ça? – Un matelas. – Et ça? – Une carafe. – Et ça? – Un tapis de prière. – Tu n’as rien d’autre dans la maison? – Je jure que je n’ai rien d’autre dans cette maison. C’est tout ce dont nous vivons. – Très bien! Je ne le crois toujours pas. Viens avec moi. Nous irons au palais du roi à pied.' »
Imam Ali al-Hadi (as) dut aller à pied au palais au milieu de la nuit. Lorsqu’Imam Ali al-Hadi (as) arriva au palais, al-Mutawwakil le regarda et dit: « Qu’est-ce qui se passe? – Pourquoi est-ce que vous ne demandez pas à votre ami? » Al-Mutawwakil regarda Saeed et dit : « Saeed, qu’avait-il chez lui? – Il avait un sac avec dix mille dinars. » Al-Mutawwakil regarda l’Imam et dit: « A quoi devait servir ces dix mille dinars? – Votre mère me les a donnés. – Pourquoi est-ce que ma mère vous a donné dix mille dinars? demanda al-Mutawwakil. – Parce que lorsque vous avez été empoisonné et que vous étiez mourant, j’ai dit à votre mère ce que vous devez prendre et c’est pour ça que vous êtes en vie aujourd’hui. – Pardonnez-moi, dit al-Mutawwakil. Laissez cet homme rentrer chez lui. »
Ils faisaient ainsi avec l’Imam toutes les semaines. Ils pénétraient chez lui au milieu de la nuit et le faisaient sortir. Pourquoi? Pour l’éprouver et lui faire du mal. Ils faisaient irruption chez lui au milieu de la nuit. « Dehors! – Pourquoi? – Le roi veut te voir. Maintenant! »
Un jour, alors qu’ils emmenèrent l’Imam au palais, al-Mutawwakil était en train de boire et il dit à Imam Ali al-Hadi (as): « Pourquoi ne prends-tu pas à boire aussi? » L’Imam le regarda et dit: « Je ne veux rien de cela. – Ali b. Muhammad, dit al-Mutawwakil. Récite-moi un poème. – Nous ne sommes pas des gens de poésie. – Récite, dit al-Mutawwakil. – Tout ce dont je me souviens, c’est un poème de mon père, Amir al-Mu’mineen… » Et Imam récita ces vers où il lui dit: « Arrivera un jour… où sont les couronnes? Où sont les déclarations? Où est la gloire? Au final, tu seras un être humain sous terre avec des vers te dévorant de l’intérieur. »
Lorsqu’al-Mutawwakil fit un voeu, il dit: « Lorsque j’irai mieux, je donnerai ‘mal kathir' », mais lorsqu’il alla mieux, il dit: « Je me demande. J’ai dit ‘mal kathir’. Kathir veut dire beaucoup. Combien dois-je donner? » Ils allèrent voir un des gardiens d’alMutawwakil et lui demandèrent: « C’est combien kathir? – Mille dinars. » Puis, ils allèrent voir les ulémas et leur demandèrent: « C’est combien kathir? – Cent mille dinars. – Non, non, non! dit al-Mutawwakil. Aucun d’entre vous n’a raison. Amenez-moi Ali alHadi. Je veux voir ce qu’il pense. »
Ils traînèrent Imam Ali al-Hadi (as) hors de chez lui au milieu de la nuit. Ils refusèrent d’attendre le matin. Ils allaient toujours chez lui en pleine nuit, exprès. AlMutawwakil lui dit: « J’ai fait un voeu. – Qu’est-ce donc? demanda Imam Ali al-Hadi (as). – J’ai fait le voeu que si j’allais mieux, je donnerais mal kathir, mais maintenant, je ne sais pas ce que c’est beaucoup. C’est combien kathir? – Vous devez donner quatre-vingt trois dinars. – Pardon? – Quatre-vingt trois dinars. – Seulement quatre-vingt trois? – Oui. – Pourquoi? – Par rapport au verset du Coran. – Quel verset? – Bismillah al-Rahman al-Rahim… Allah vous a donné la victoire en ‘mawatin katheera’. Vous voulez du mot « kathir » dans le Coran? C’est le verset où le mot « kathir » est utilisé. – Que veut dire ce verset? demanda al-Mutawwakil. – Allah a donné quatre-vingt trois victoires au Prophète dans sa vie. Vous devez donc payer quatre-vingt trois dinars, dit l’Imam. – Seuls les gens comme vous ont un tel savoir, dit al-Mutawwakil en le regardant. » Et il le laissa repartir.
A une autre occasion, il le rappela à nouveau au milieu de la nuit alors qu’Imam Ali al-Hadi (as) dormait. Ils firent irruption et saccagèrent tout en hurlant: « Debout tout le monde! Debout! Où est Ali al-Hadi? » Imam Ali al-Hadi (as) se réveilla alors: « Qu’y a t-il? – Viens au château d’al-Mutawwakil. » Ils se rendirent donc au château d’al-Mutawwakil et il y avait un Chrétien qui était là. AlMutawwakil dit: « Ali b. Muhammad! Ce Chrétien a commis le zina (l’adultère) avec une femme musulmane. J’ai demandé à cet alim, Yahya b. Aktham. Tu connais Yahya b. Aktham? – Oui, je le connais. – J’ai demandé à Yahya b. Aktham de le punir et nous sommes sur le point de le punir mais ce Chrétien a lu sa shahada. Yahya dit que l’homme chrétien doit être pardonné car lorsque tu lis la shahada, tous les péchés que tu as commis [avant de devenir Musulman] sont pardonnés et cet alim ici dit qu’il doit être fouetté. Qu’en penses-tu? – Cette personne doit être fouettée jusqu’à ce qu’il meure. – Pourquoi? demanda al-Mutawwakil. – Le verset du Coran dit: ‘… lorsqu’ils voient Notre châtiment, alors ils disent: ‘Nous croyons en Allah.’ Il est facile pour un homme qui a commis le zina de dire: ‘Je suis devenu Musulman’ lorsque vous êtes sur le point de le punir. » Il connut donc le châtiment.
Semaine après semaine, Imam Ali al-Hadi (as) subissait cela. C’est pourquoi il était difficile pour ses Shi’as de le rencontrer. Avant, ses Shi’as devaient juste sortir de chez eux pour le rencontrer à l’extérieur de sa maison, mais ce ne fut plus le cas. Des gens comme Yunus Naqash et Isa étaient ses compagnons.
Yunus Naqash raconte: « Je vins voir Imam Ali al-Hadi (as) en secret un jour et je lui dis: ‘Imam, sauvez-moi! – Yunus, qu’est-ce qu’il y a? – Un des Abbassides m’a dit de graver quelque chose sur une pierre précieuse. Imam, lorsque j’étais en train de graver, j’ai fait tomber la pierre et elle s’est cassée en deux. – Yunus, ne t’inquiète pas. Tu auras de bonnes nouvelles demain. – Imam, que voulez-vous dire? J’ai cassé la pierre de la fille du calife abbasside. Pensezvous qu’il va me pardonner? Il va me tuer. – Ne t’inquiète pas! Demain, tu te réveilleras et tu auras de bonnes nouvelles.' »
Yunus partit et raconte: « Imam Ali al-Hadi (as) m’a dit cela, mais c’est sûr, c’est sûr, ces Abbassides vont me tuer. Le jour suivant, le calife abbasside m’appela. Il me dit: ‘Où est la pierre?’ Je savais à présent que j’étais un homme mort. Je regardai le calife et lui dit: « Que voulez-vous dire? – Peux-tu me faire une faveur? dit-il. – De quoi s’agit-il? – Mes deux filles se sont disputées pour la pierre. Peux-tu la couper en deux?' »
Yunus revint voir l’Imam et lui dit: « Oh Imam! Il a dit que ses filles se disputaient et qu’il voulait qu’elle soit coupée en deux et je l’ai regardé et je lui ai dit: ‘Je vais y réfléchir.’ Il ne savait pas qu’à l’intérieur, je faisais pratiquement un arrêt cardiaque et mourrais. Je la forme à présent de ma propre manière. »
Un autre compagnon du nom d’Isa dit: « Nous n’avions jamais accès à Imam Ali alHadi (as). Un jour, je vis le Prophète (saw) dans mon rêve et le Prophète me donna trente dattes. Lorsque je me réveillai, je me disais: ‘Trente dattes? Cela veut sans doute dire que je vivrai trente ans.’ Je marchais et je vis Imam Ali al-Hadi (as) assis par terre. Il distribuait des dattes et il m’en donna trente. Je le regardai et je lui dis: ‘Oh Imam! Pourquoi ne me donnez-vous pas plus de dattes?’ Il me regarda et me dit: ‘Si mon grand-père t’en avait donné plus, je t’en aurais donné plus aussi.' »
Un jour, al-Mutawwakil était en difficulté. Un cas s’était présenté à lui et il fit réveiller Imam Ali al-Hadi (as) au milieu de la nuit pour répondre. Une femme a été amenée à al-Mutawwakil. Il demanda: « Qui est cette femme? – Zaynab, dirent-ils. – Zaynab qui? – Fille d’Ali b. Abi Talib. – Pardon? – Zaynab, fille d’Ali. – Quel Ali? – Ali b. Abi Talib. – Que veux-tu dire Ali b. Abi Talib? Ali b. Abi Talib est décédé il y a deux cents ans et Zaynab est décédée après lui. Explique-toi, dit-il à la femme. » Elle le regarda et dit: « Oui, je suis Zaynab, fille d’Ali et soeur de Hussein. – Ecoute, dit al-Mutawwakil. Je bois beaucoup mais aujourd’hui, je n’ai rien bu. J’ai toute ma raison aujourd’hui et je sais que je ne suis pas ivre. Comment peux-tu être Zaynab, la fille d’Ali? – Car toutes les nuits, dans mes rêves, le Prophète me touche et je retrouve ma jeunesse. – Cela est confus, dit al-Mutawwakil. Allez me réveiller Ali al-Hadi. »
Imam Ali al-Hadi (as) a été tiré de son sommeil et conduit au palais. AlMutawwakil le regarda et dit: « Ali, nous avons un problème. – De quoi s’agit-il? – Cette dame dit qu’elle est Zaynab, fils d’Ali. – Quel Ali? demanda Imam Ali al-Hadi (as). – Ali b. Abi Talib, répondit la dame. – Vous voulez dire mon arrière grand-père? Qui êtes-vous? demanda Imam Ali al-Hadi (as). – Je suis Zaynab. – Quelle Zaynab? – Zaynab, fille d’Ali et soeur de Hussein. – Vous voulez dire Hussein, mon arrière grand-père et Zaynab, ma tante, celle qui était à Karbala? – Oui, c’est moi. – Comment avez-vous retrouvé votre jeunesse? – Oh! Toutes les nuits, je vois votre grand-père, le Prophète. Il me touche à l’épaule et je retrouve ma jeunesse. – Très bien, dit l’Imam. – Comment allons-nous résoudre ça? demanda al-Mutawwakil à l’Imam. – C’est simple, dit Imam Ali al-Hadi (as). Al-Mutawwakil, vous avez encore vos lions en cage? – Oui, mes lions y sont, dit al-Mutawwakil. Ils sont assis et ils sont contents. – Si elle est vraiment Zaynab, la fille d’Ali, qu’elle entre dans la cage aux lions. Aucun des lions ne l’approchera. – Très bien, dit-elle. Si vous êtes Ali et si vous être vraiment le petit-fils de Muhammad, alors, allez dans la cage aux lions. » Elle lui retourna le défi.
« Très bien, dit Imam Ali al-Hadi (as). Al-Mutawwakil, laissez-moi entrer dans la cage aux lions. »
Il ouvrit la cage aux lions; Imam Ali al-Hadi (as) entra et s’assit. Les hadith racontent dans nos livres et dans les livres de nos frères en Islam sunnites: « Lorsqu’Imam Ali al-Hadi (as) s’assit dans la cage, tous les lions vinrent s’asseoir près d’Imam Ali al-Hadi (as). » Il se retourna et dit à la dame: « Maintenant, êtes-vous Zaynab? » Elle se retourna et dit: « Non, non! Je vous promets que je ne suis pas Zaynab. » Et elle s’en alla.
C’est donc ainsi qu’Imam Ali al-Hadi (as) était constamment harcelé.
Le début de sa correspondance avec ses Shi’as
Parce que les Shi’as n’avaient pas accès à leur Imam aisément, le premier réseau d’échanges de lettres commença avec Imam Ali al-Hadi (as). Il y a un livre disponible dans la bibliothèque Tabligh appelé La biographie d’Imam al-Hadi (as). On y trouve un chapitre entier sur « masa’il fiqhiyya » (requêtes sur la jurisprudence islamique et cas légaux) qui étaient des lettres adressées à Imam Ali al-Hadi (as) et les réponses d’Imam Ali al-Hadi (as) à ces questions.
Aujourd’hui, les gens se demandent: « Comment est-ce que ces ulémas répondent aux questions aujourd’hui? D’où est-ce qu’ils tirent leur savoir? » La plupart de ces connaissances viennent des lettres d’Imam Ali al-Hadi (as). Parce qu’il était assigné à résidence et que les Shi’as ne pouvaient pas le rencontrer, beaucoup d’entre eux écrivaient des lettres de fiqh à Imam Ali al-Hadi (as). Imam al-Askari (as) a conservé ses lettres de fiqh et ils ont continué ainsi avec tous les ulémas d’Aal Muhammad (saw). Ces lettres de fiqh sont en notre possession jusqu’à ce jour. Les grands compagnons d’Imam Ali al-Hadi (as) s’assuraient que ces lettres lui parvenaient.
Des gens tels que Shah Abdul Azeem al-Hassani, Ali b. Mahziyar, Ahmad b. Muhammad b. Isa, Ayyub b. Nuh et Hassan b. Rashad étaient de grands compagnons d’Imam al-Jawad (as) et Imam Ali al-Hadi (as) et ils s’assuraient que ces lettres parvenaient à Imam Ali al-Hadi (as). Aujourd’hui encore, si vous étudiez pour être mujtahid, vous devez étudier les lettres d’Imam Ali al-Hadi (as) et ses réponses aux questions posées.
Plusieurs de nos masa’il de fiqh viennent d’Imam Muhammad al-Baqir (as), Imam Ja’far as-Sadiq (as) et Imam Ali al-Hadi (as). Par exemple, on lui a écrit une lettre lui demandant: « Oh Imam! Comment lave t-on le corps d’un croyant en présence du Murje’ah? Le fait-on à la manière du Murje’ah ou pouvons-nous le faire comme vous nous l’avez-appris? » Murje’ah désigne une secte de l’Islam qui disait: « Ce qui importe, ce ne sont pas vos actions mais c’est le coeur qui est important. » Ces gens n’utilisaient pas la branche de palmier lors du lavage rituel du défunt. Imam répondit: « Faites-le à notre manière mais essayez de faire usage de la branche de palme en secret, sans qu’ils voient. »
Une autre lettre dit: « Oh Imam! Je suis Shi’a et je vis loin de vous. Je vis dans une région où, je le sais, il est interdit de porter une ceinture en cuir ou en fourrure d’animal qu’il est haram de manger. Ou d’une autre région où il est haram de par la manière dont il a été égorgé. Oh Imam! Le problème, c’est qu’ici, tous les animaux sont égorgés de manière haram. Oh Imam! Y a t-il un animal dont on peut utiliser la fourrure dans une telle situation? Imam répondit: « La fourrure du castor est autorisée dans la situation dans laquelle vous vous trouvez. »
Une autre lettre dit: « Oh Imam! Si quelqu’un passe devant moi pendant que je fais salat, est-ce que cela invalide mon salat ou est-ce que mon salat est valide? » Imam dit: « Votre salat ne devient pas invalide parce que quelqu’un passe devant vous. » Une autre lettre dit: Oh Imam! Ma femme allaite pendant le mois de Ramadan. Doit-elle jeûner? » Imam répondit: « Votre femme n’est pas obligée de jeûner pendant le mois de Ramadan si elle allaite. »
Des milliers de lettres étaient adressées à Imam Ali al-Hadi (as) qui sont conservées jusqu’à nos jours.
Al-Mutawwakil a été tué par son fils al-Muntasir. Pourquoi? Al-Muntasir voyait alMutawwakil faire du mal à Imam Ali al-Hadi (as); il s’énerva et tua son père. Qu’est-ce qu’al-Muntasir vit son père faire?
Al-Mutawwakil lança un spectacle comique où il faisait jouer le rôle d’Ali b. Abi Talib (as) à un homme effeminé. L’homme portait un coussin sous sa robe et il apparaissait comme quelqu’un de brutal et il disait: « Je suis Ali b. Abi Talib ». Al-Muntasir méprisait la manière dont son père se comportait. Il alla voir Imam Ali al-Hadi (as) et il dit: « Quelle est la règle pour quelqu’un qui maudit Fatima Zahra (as) et Ali b. Abi Talib (as)? – Il doit être tué, répondit Imam Ali al-Hadi (as). – Et si cette personne est le père de quelqu’un? – Ce sera la fin de la vie de son fils; son fils mourra peu de temps après car il aura rompu les liens avec son père. – Tant que je suis en vie, je ne laisserai pas mon père faire cela. » Et il partit tuer son père, al-Mutawwakil et six mois plus tard, al-Muntasir lui-même décéda.
Un calife après l’autre mourait jusqu’à ce qu’al-Mu’tazz prenne le pouvoir. Lorsqu’al-Mu’tazz vit qu’Imam Ali al-Hadi (as) avait tant d’adeptes, il décida: « Je vais faire ce qu’al-Mutawwakil n’a pas fait; ce qu’al-Muntasir n’a pas fait, ce qu’al-Mu’tasim n’a pas fait, ce qu’al-Wathiq n’a pas fait et ce qu’al-Musta’een n’a pas fait. Je vais mettre du poison dans la nourriture d’Imam Ali al-Hadi (as). »
Alors qu’Imam Ali al-Hadi (as) était mourant, il écrivit à ses compagnons: « Rendez-moi un service. Le poison a gagné mon corps… Je vous en prie! Rendez-vous sur la tombe de Karbala, allez à l’homme saint qui gît sur la terre de Karbala. » Ils le répondirent en disant: « Oh Imam! Mais n’êtes-vous pas son petit-fils? N’avez-vous pas la même relation avec Allah? » Il répondit: « Nul n’a la même relation avec Allah que mon grand-père, Hussein. »
C’est pourquoi il faisait écho aux paroles d’Imam al-Sadiq (as) dans la Ziyarah d’Imam Hussein (as): « Oh Allah! Aie pitié des joues qui se frottent à la tombe d’Imam Hussein (as). »
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad