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Imam ‘Ali ibnou Moussa (as)
Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) est né le 11 Dhil Qad’ah en l’an 148 après l’hégire. Il est décédé, selon des récits variables, le 23 Dhil Qad’ah en l’an 203. C’est un homme dont la vie nous livre d’extraordinaires leçons et plusieurs principes peuvent en être tirés, en particulier des principes concernant la politique et la société dans laquelle nous vivons tous les jours. Malheureusement, sa vie a été peu étudiée. On n’a pas accordé assez de valeur au statut d’Imam Ali b. Musa (as) du fait que beaucoup peuvent l’admirer mais ils n’en savent pas forcément assez sur sa vie. En effet, il se trouve que la période durant laquelle il a vécu était une des périodes les plus tumultueuses pour n’importe lequel des Imams d’Ahlulbayt. L’empire abbasside s’était installé et il devait donc trouver sa place dans l’empire. Jusqu’à nos jours, malheureusement, beaucoup se demandent: « Comment est-ce qu’Imam Ali b. Musa (as) a t-il pu prendre une place sous l’autorité d’un chef tyrannique? » En examinant sa biographie, nous aborderons cette question et nous estimerons ce qu’il nous a laissé.
Ses parents
Imam Ali b. Musa (as) était un enfant parmi trente-sept enfants. Imam Musa b. Ja’far (as) avait dix-neuf filles et dix-huit garçons, ce qui est d’autant plus surprenant lorsque vous lisez qu’Imam Musa b. Ja’far (as) a passé une grande partie de sa vie en prison. C’est pourquoi vous trouverez aujourd’hui que la descendance d’Imam Musa b. Jafar (as) est si importante que la plupart des Sadat (sayyeds) sont Musawis. Il y a beaucoup de Musawis au Liban, en Iran et au Pakistan et ils sont si nombreux du fait qu’Imam Musa b. Ja’far (as) avait eu beaucoup d’enfants. Imam Ali b. Musa (as) était donc un des trente-sept enfants d’Imam Musa b. Ja’far (as). Bien sûr, les trente-sept enfants venaient des différentes femmes d’Imam Musa b. Ja’far (as) et Imam Ali b. Musa (as) était né de sa femme originaire d’Afrique du Nord. Elle était donc la deuxième des femmes des Imams d’Ahlulbayt originaire d’Afrique du Nord. Selon certains récits, elle s’appelait Arwa; d’autres récits la mentionnent sous le nom de Najma et d’autres encore l’appellent Tuktum. Il est possible que certains de ses noms étaient en fait les titres qu’elle portait.
La mère d’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) descendait d’une famille d’Afrique du Nord et la mère d’Imam Musa b. Ja’far (as) était aussi d’Afrique du Nord. Certaines personnes pourraient demander: « Pourquoi est-ce que les Imams d’Ahlulbayt épousaient-ils des femmes d’Afrique du Nord? Pourquoi est-ce qu’ils n’en restaient pas aux femmes de leur propre ville de Médine? »
Comme nous l’avons dit auparavant, la première raison est que l’Islam voulait effacer toutes les frontières raciales. L’Islam veut être une religion dans laquelle tout le monde est bienvenu et pas réservé à une certaine race. Une religion qui ne se borne qu’à une certaine race est une religion raciste et ne soyez pas surpris de voir que ce genre de religion existe de nos jours où il est très difficile pour vous de vous convertir à cette religion. L’Islam, depuis le premier jour, met l’accent sur le fait que tout le monde est égal et que nous venons tous d’Adam et qu’Adam vient d’Allah (swt). Ainsi, la première raison était de mettre fin au racisme.
D’un autre côté, les Imams voulaient montrer à ces endroits qui avaient été colonisés et conquis par l’Islam, tel que l’Afrique, qu’ils ne devraient pas se considérer comme des citoyens de seconde classe juste parce qu’on les avait conquis. Vous faites autant partie de notre religion que nous. En épousant une femme d’Afrique du Nord, l’Imam montrait le fait que si je suis Arabe et si les califes ont conquis l’Afrique, alors les Africains qui ont rejoint l’Islam font autant partie de notre religion que nous. Les Musulmans d’aujourd’hui éprouvent les gens qui se sont récemment convertis à l’Islam en leur disant: « Vous êtes nouvellement arrivés alors que nous sommes des vétérans qui avons la priorité sur vous » alors que le septième Imam, en épousant la mère du huitième Imam, insuniait qu’elle faisait autant partie de cette religion que moi.
La troisième raison est que parfois, les traits et les caractéristiques d’une culture différente peuvent être différents des nôtres. La culture arabe peut être connue pour sa générosité alors que la culture africaine peut être connue pour son humilité. Si les gens issus de ces deux cultures s’assemblent, ces deux belles qualités peuvent se rassembler.
Ainsi, la mère d’Imam Ali b. Musa (as) était d’Afrique du Nord et ses parents décidèrent de l’appeler Ali. On demanda: « Des douze Imams, pourquoi est-ce que quatre se prénomment Ali? » La raison est que du temps des Omeyyades jusqu’au Banu Abbass, ils n’avaient cesse d’essayer d’éradiquer le prénom d’Ali mais les Ahlulbayt continuaient à le raviver: Imam Ali b. Abi Talib (as), Imam Ali Zayn ul-Abideen (as), Imam Ali ar-Ridha (as) et Imam Ali al-Hadi (as). La raison pour laquelle Aal Muhammad insistait sur le nom d’Ali, c’était parce que chaque génération de l’empire islamique tentait d’exécuter les gens qui s’appelaient Ali.
Par exemple, Mu’awiyya regarda un jour Abdullah b. Abbass et lui dit: « J’ai entendu que tu avais une bonne nouvelle? – Oui, dit ibn Abbass. – J’ai entendu que tu avais un nouveau-né. – Oui. – Comment as-tu décidé de l’appeler? – Ali. – Et quel est le titre que tu lui donnes? – Je vais lui donner le titre d’Abul Hassan. – Tu donneras donc ces deux noms à l’enfant? Ali et Abul Hassan? – Oui. – Ibn Abbass! Choisis un des deux noms mais pas les deux si tu veux survivre dans ma communauté. Je n’autorise pas les deux noms. »
De même, Hajjaj b. Yusuf al-Thaqafi demanda à ses hommes par un jour d’Eid ulAdha ce que les gens égorgeaient en ce jour et on lui dit: « Des moutons. – Très bien, dit-il. Nous allons alors égorger quiconque se prénomme Ali, Hassan et Hussein. »
Ainsi, lorsque les Ahlulbayt nommèrent Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) Ali, leur raison était qu’ils ne voulaient pas que ce nom disparaisse un jour car la haine vis à vis d’Imam Ali b. Abi Talib (as) passait d’une génération à l’autre.
Dès son plus jeune âge, Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) faisait face à des circonstances difficiles. Imaginez-vous un enfant qui naît et qui demande: « où est mon père? » et à qui on répond: « Il est en prison à Basra. » Cinq ans plus tard, il demande à nouveau: « où est mon père? » et on lui dit: « Il est en prison à Bagdad. »
Ainsi, au début de sa vie, Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) a fait face à une épreuve très grande et difficile du fait qu’il pouvait rarement voir Imam Musa b. Ja’far (as). Ils déplaçaient Imam Musa b. Ja’far (as) d’une prison à l’autre. Par conséquent, une responsabilité supplémentaire pesait sur les épaules d’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) car, d’une part, les gens qui suivaient les Ahlulbayt ne pouvaient pas révéler leur réelle identité et d’autre part, ceux qui le pouvaient n’avaient pas la possibilité de rencontrer l’Imam de leur époque, ils venaient donc voir Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as).
La première partie de sa vie
La vie d’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) se compose de deux périodes: les premières trente-cinq années de sa vie lorsque son père était encore en vie mais en prison et les vingt années suivantes de sa vie lorsqu’il était l’Imam.
Durant ces trente-cinq premières années où Imam Musa b. Ja’far (as) était en prison, Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) savait qu’il n’était pas question pour lui de dénoncer les Banu Abbass car plusieurs de ses Shi’as étaient en taqiyya (cachant leur véritable foi). Il se dit donc qu’il était mieux pour lui de s’installer dans la mosquée du Prophète (saw) à Médine et d’inculquer aux Musulmans comment créer une communauté musulmane. La plupart des gens ne savent de la vie d’Imam Ali b. Musa arRidha (as) que lorsqu’il était à Mashhad ou à Toos, mais Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) passa les trente-cinq premières années de sa vie dans la mosquée du Prophète (saw) à Médine. Les Ahlulbayt aimaient la terre de Médine; c’était leur chez-soi.
L’Imam savait que les Musulmans de l’époque avaient oublié le concept de « communauté ». Du temps des Banu Abbass et des Omeyyades, il y avait différentes écoles et branches d’Islam et de Musulmans et il n’y avait pas de communauté unie. Il voulait bâtir une communauté où les gens se mettraient à prendre conscience de leur rôle dans la communauté à laquelle ils appartenaient. Il enseigna quatre leçons majeures afin de construire une communauté musulmane qui soit réussie.
Le premier discours qu’il prononça était un discours sur la propreté. Il disait: « Restez propres car telles sont les manières des Prophètes d’Allah. » Une communauté ne peut jamais survivre en l’absence de propreté. Par exemple, demandez à celui qui fume à l’extérieur de la mosquée et qui jette son mégot par terre et s’en va: « Feriez-vous la même chose chez vous? Fumez-vous vos cigarettes et jetez-vous les mégots dans la cour devant? Ou faites-vous très attention à votre cour en fait? » Pour certains, c’est tout à fait naturel de faire usage de quelque chose et de le jeter ensuite par terre. Il existe tant de mosquées musulmanes qui sont mal entretenues où on peut voir une peau de banane par terre, du riz sur le plancher et des moquettes qui sentent mauvais alors qu’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) insistait sur la propreté dans la communauté car on doit une célèbre citation à son grand-père, le Prophète (saw): « La propreté fait partie de la foi. » Aussi, ne dites pas que vous êtes un croyant si vous n’avez aucune notion de propreté. Il est très surprenant de voir que dans les communautés musulmanes modernes, tant d’ordures traînent dans leurs institutions ou chez eux. Lorsqu’on les interroge, ils s’en soucient à peine en disant: « Il y a des gens pour nettoyer qui vont ramasser. » La question à leur poser est: « N’êtes-vous pas des gens pour nettoyer la terre d’Allah? N’avez-vous aucun respect de l’environnement d’Allah sur votre propre mosquée?
Mais est-ce que la propreté ne concerne que cela? La propreté désigne aussi notre propre hygiène personnelle. Combien d’entre nous ont été en ziyarat et vu l’état de nos toilettes publiques? Lorsqu’on voit l’état de ces toilettes, on ne peut s’empêcher de se demander: « Sommes-nous tous des fidèles d’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as)? » Combien de fois vous est-il arrivé de venir à la mosquée et de vous asseoir à côté de quelqu’un qui semble ne pas s’être douché depuis des années? Cette même personne pourrait aller à un mariage en s’enduisant de parfum. Est-ce normal de venir dans la maison d’Allah en sentant si mauvais? Certains pensent que cela est signe de modestie que de venir en sentant ainsi à la mosquée. Au contraire, la religiosité vient quand vous êtes en état de propreté. Ainsi, le premier discours d’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) portait sur la propreté.
L’autre discours de l’Imam portait sur la malhonnêteté dans la communauté. Il dit: « Un Musulman qui est malhonnête avec un autre Musulman n’est pas des nôtres. » Parfois, on voit dans nos communautés quelqu’un qui récite salwat à haute voix et de manière enthousiaste, mais dans sa vie privée, il est extrêmement malhonnête vis à vis de plusieurs Musulmans. Il ment aux gens, il vole l’argent des gens, il dit du mal derrière le dos des gens de sa communauté alors que l’Imam dit qu’une communauté ne peut exister si les gens sont malhonnêtes les uns vis à vis des autres.
Dans son troisième discours sur la communauté, l’Imam dit: « Le pire d’entre vous est celui dont l’existence n’est d’aucune utilité dans la communauté. » Il existe ce genre de personnes qui assistent aux rassemblements dans la mosquée, écoutent le sermon puis s’en vont et se plaignent. A chaque fois que vous leur demandez de donner un coup de main, ils disent qu’ils sont occupés mais ils seront les premiers à se plaindre de la communauté et ne feront rien pour aider à résoudre les problèmes.
Sa quatrième leçon concernait la manière dont il faut employer les gens et comment traiter les emloyés dans votre communauté. Il a enseigné les gens à travers ses propres actions sur la façon de procéder. Un jour, Imam est passé près d’un terrain en particulier avec ses compagnons. Il regarda sur le terrain et demanda: « Qui est-ce là-bas? – C’est un travailleur qui vient de commencer sa journée, dit un compagnon. – Combien le paie t-on? – A la fin de la journée, on verra ce qu’il a fait et on le paiera. » Les compagnons achèvent de raconter: « J’ai vu Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) devenir rouge. Il me regarda et me dit: ‘Que viens-tu de dire? – Nous fixerons son salaire à la fin de la journée, dis-je.
– Combien de fois vous ai-je déjà dit de fixer le salaire avant de faire travailler quelqu’un dans la communauté et de ne pas le faire quand il aura fini de travailler car il pourrait espérer une certaine somme et vous pourriez lui en donner moins.' » Puis, l’Imam a dit: « Un signe des adeptes d’Aal Muhammad est qu’il donne toujours un peu plus que ce sur quoi ils s’étaient mis d’accord. »
Ainsi, ces premières années, Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) passa beaucoup de son temps à parler de l’évolution de la communauté.
La situation politique durant la deuxième partie de sa vie
Puis, lorsqu’Imam Musa b. Ja’far (as) décéda, Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) avait trente-cinq ans et ce fut à ce moment-là qu’il devait apparaître en public. Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) devint Imam par une période des plus difficiles. Les Banu Abbass étaient des maîtres dans l’art d’entretenir des relations publiques. En apparence, ils apparaissaient comme les meilleurs chefs de l’histoire islamique car les gens ne voyaient pas ce qui se passait en privé. Aujourd’hui encore, lorsque vous regardez plusieurs pays musulmans, et que vous allez les visiter dans le Golf, vous verrez les plus grandes mosquées, et les plus grandes bibliothèques et bâtiments. En voyant cela, un nonMusulman se dirait: « Oh mon Dieu! Cet empire musulman est magnifique! Regardez comme c’est moderne! » Mais il ne sait rien de la corruption qui sévit dans les arcanes1 de cet état. Il ne sait rien des gens qui sont torturés et persécutés.
Donc, Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) est devenu Imam à une époque où les Banu Abbass avaient entamé une des plus grandes opérations en relations publiques jamais réalisées dans l’histoire islamique. Ils créèrent une institution appelée Bayt ul-Hikma (la maison de la sagesse). Beaucoup de non-Musulmans louent Harun ar-Rashid et alMa’mun aujourd’hui par rapport à cette institution mais ils ne savent pas comment estce qu’Imam Musa b. Ja’far (as) était torturé en prison. Ils ne voient que cette institution qui a survécu quatre cents ans. Dans cette institution, ils traduisaient plusieurs ouvrages du perse et du grec en arabe, des ouvrages de littérature, d’astronomie, de philosophie, de mathématiques et d’algèbre.
Bayt ul-Hikma était une grande et magnifique maison qui était une grande bibliothèque de traduction. Si vous passez devant, vous seriez tentés de dire: « Qu’Allah bénisse Harun ar-Rashid! » Pourquoi? Parce que vous y voyez les gens comme Khwarizmi, vous voyez l’algèbre et le meilleur des mathématiques et de l’astronomie. Ainsi, les étrangers s’émerveillaient face aux Banu Abbass de l’extérieur mais ils ne voyaient pas ce que les Banu Abbass faisaient à l’intérieur du pays.
Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) voyait ce qui se passait à l’intérieur comme à l’extérieur. A l’intérieur, c’était une autre histoire. Par exemple, Harun ar-Rashid vint voir son ami Humayd b. Qahtaba un jour et lui dit: « Humayd, je veux te demander quelque chose. Que serais-tu prêt à sacrifier pour moi? – Je sacrifierai ma vie pour vous, dit Hunayd. – Non, non. Que serais-tu prêt à sacrifier pour moi d’autre? – Je sacrifierai ma fortune pour vous.
– Non, non. Quoi d’autre? – Je sacrifierai même ma religion. – Très bien. Vois-tu cette prison là-bas?… Rentre à l’intérieur en compagnie du gardien, prends une épée, ouvre chaque porte et exécute tous ceux qui sont derrière chaque porte. »
Les Banu Abbass étaient éblouissants en public mais en huis clos, l’exécution des fils d’Imam Ali b. Abi Talib (as) avait lieu. Humayd ouvrit la première porte et vit vingt petit-fils d’Imam Ali (as) pendus à l’aide de cordes; il les décapita tous. Il ouvrit la deuxième porte et tomba à nouveau sur vingt d’entre eux et il y en avait aussi vingt derrière la porte suivante. Humayd les exécuta tous puis sortit et dit: « Et maintenant? Que veux-tu que je fasse? – Mets une étiquette avec leur nom près de chaque tête et nous les mettrons dans un coffre fort et nous les expédierons. » Telle était la norme dans le palais des Banu Abbass.
Une autre fois, Harun ar-Rashid eut un différent avec Yahya b. Abdullah b. Hassan. Une bataille eut lieu entre eux à l’issue de laquelle ils signèrent un traité stipulant qu’ils ne se battraient plus l’un contre l’autre. Harun ar-Rashid était un jour assis avec le juge suprême de Bagdad. Le juge suprême dit à Harun ar-Rashid: « Tu as l’air triste. – Oui, dit Harun ar-Rashid. – Pourquoi? – J’ai signé un traité de paix avec Yahya b. Abdullah qui est parmi les petits-fils de Hassan b. Ali, mais maintenant j’ai plus de pouvoir que lui et je regrette d’avoir signé ce traité qui m’empêche de le tuer. » Le juge suprême se baissa et sortit un canif de ses chaussettes. « Où est ce contrat? – Le voici, dit Harun ar-Rashid. » Il le déchira et dit: « Il n’y a plus de contrat; fais ce que tu as à faire. » C’est ainsi que les juges étaient sous son emprise, que les palais étaient sous son emprise ainsi que les prisons.
Dès qu’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) annonça son Imamat, certains de ses propres Shi’as se mirent à dire: « Ce n’est pas notre Imam! » Lorsqu’Imam Musa b. Ja’far (as) rendit l’âme, il y avait soixante-sept témoins qui l’ont entendu dire: « Ali b. Musa arRidha est mon successeur. »
Imam Musa b. Ja’far (as) avait des gens à son service qui étaient chargés de récolter le khums pour lui. Parmi ceux-là, il y avait Ziyad b. Marwan et Ali b. Abi Hamza. Ces gens récoltaient beaucoup de khums et parfois, lorsque vous récoltez beaucoup de khums, vous vous mettez à oublier Allah et vous vous mettez à penser à vous même. Ainsi, Ziyad b. Marwan amassa soixante dix mille dinars ou pièces d’or et Ali b. Hamza récolta trente mille pièces d’or. Lorsqu’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) annonça son Imamat, il faisait déjà face à l’opposition des Banu Abbass qui avaient égaré le public en lui faisant croire en eux; il avait à présent à faire à des compagnons tels que Ziyad et Ali. Yunus b. Abdur Rahman qui était un des grands compagnons de l’Imam vint les voir tous les deux et leur dit:
« Ali b. Musa est à présent Imam; le khums lui revient donc. – Non, dirent-ils. – Que dites-vous? demanda Yunus. Ce khums ne vous appartient pas. Il appartient à l’Imam. – Ecoute, Yunus! dirent-ils. Nous récoltons tous le khums. Combien veux-tu qu’on te donne en échange de ton silence? – Que racontez-vous? – Regarde tout ce que nous avons récolté du khums. Penses-tu vraiment que nous nous soucions encore de l’Imam? Ce qui nous importe plus, c’est que l’argent reste entre nos mains. – Je ne rejoindrai jamais un groupe de gens comme vous. »
Ils formèrent une secte musulmane appelée « al-Waqifiyya. » « Waqf » veut dire « s’arrêter ». Il s’agit donc de ceux qui se sont arrêtés à Imam Musa b. Ja’far (as). Ils disent: « Imam Musa b. Ja’far était notre Imam; il est à présent en occultation et il est Imam Mahdi. »
Cet épisode nos donne une idée de la difficulté grandissante de la situation pour Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as). Ainsi, durant son Imamat, les Banu Abbass ont cultivé une bonne image publique; un groupe de ses propres Shi’as ne voulaient pas le suivre et lorsque Harun ar-Rashid décéda, ses fils se livrèrent une bataille sans merci.
Avant que Harun ar-Rashid ne décède, il a déclaré: « Al-Amin, mon fils de ma femme Zubaida, sera mon successeur; al-Ma’mun peut être gouverneur de Khorasan en Iran. »
Lorsque Harun ar-Rashid mourut, Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) était en vie, de même qu’al-Amin et al-Ma’mun. Al-Amin était supposé transmettre le pouvoir à son frère al-Ma’mun après lui, mais il refusa en disant: « Je ne vais pas lui donner le califat. Il est né d’une esclave alors que je suis née d’une mère arabe. » Il décida donc de laisser le califat à son fils al-Musa. En entendant cela, al-Ma’mun lança une attaque vicieuse contre al-Amin sous le commandement de Tahir b. Hussein. Ils firent leur entrée à Bagdad et mit le pays à sac2. Il captura al-Amin et l’exécuta. Al-Ma’mun retourna à présent à Khorasan et il avait besoin de raffermir son pouvoir. Il savait que la manière dont il s’était pris pour sécuriser son pouvoir n’était pas bonne pour sa réputation. Donc, afin de pallier cela, il annonça: « Je suis venu vous gouverner, chers gens, mais je suis plus sincère que mon frère alAmin et je ferai d’Ali b. Musa ar-Ridha (as) mon successeur. »
Le choix d’al-Ma’mun de nommer al-Ridha comme son héritier a intéressé beaucoup de chercheurs écrivant en langues occidentales. F. Gabrieli, Hamdi D. Sourdel, M. Watt, M. Zahniser, H. Kennedy, M. Rekaya et J. A. Nawas ont tous proposé des explications quant à la décision d’al-Ma’mun. De même que W. Madelung qui a aussi traduit deux documents importants concernant cet événement. C’est le cas aussi de P. Crone et M. Hinds qui ont traduit un autre document à ce propos. Des sources primaires précédemment survolées, tels qu’Asma’ al-Mughtalin minal-Ashraf d’Abu Ja’far ibn Habib et le traité al-Tadwin fi Akhbar Qazwin de Rafi’i doivent être analysés en lien avec cet événement.
Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) vivait à Médine à l’époque. Al-Ma’mun ordonna à Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) de quitter Médine et de devenir son successeur ou alors, lui et toute sa famille allaient être tués. Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) quitta Médine, accomplit Umra et se rendit à Basra. En chemin pour Basra, il s’arrêta à Qum et accomplit les dix premières nuits de majaliss en hommage à Imam Hussein (as) à Qum. Puis, de Qum, il arriva à Khorasan où al-Ma’mun était assis sur son trône. Il vit Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) et dit: « Sois le bienvenu, mon héritier et successeur! – Je ne veux pas être votre successeur, dit Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as). Je ne suis pas intéressé et cela ne me reviendra pas de toute façon. – Non. Tu es mon successeur et je veux veiller sur toi. – Je ne le veux pas. – Pourquoi? – Si Allah vous a choisi comme chef, alors ce n’est pas à vous de donner votre part à quelqu’un d’autre. Mais si vous l’avez choisi vous même, et si cela ne vous appartient pas, alors vous n’avez aucun droit de le donner aux autres. – Ecoute-moi attentivement! Ton grand-père Ali b. Abi Talib a participé à une Shura de six et Umar a dix à tous les six: ‘Si vous ne participez pas, nous allons vous décapiter.’ Est-ce que vous avez bien entendu et saisi le message? – Allah nous a ordonné de ne pas nous tuer nous-mêmes; très bien, je prendrai votre position en tant que votre soi-disant « héritier ». » Al’Ma’mun était ravi. Il mit son estampille et le nom d’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) sur les pièces du pays. Les hommes de lettres et les poètes devaient tous louer Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as).
Sa vie à Khorasan comme successeur d’al-Ma’mun
Certains des Shi’as de l’Imam même sont venus lui demander: « Comment osez-vous clamer que vous êtes le fils de Hussein b. Ali et occuper un poste sous Ma’mun? » Telle était l’arrogance de certains de ses Shi’as qui se déclaraient être les adeptes de l’Imam, mais l’Imam avait une vision plus large de la chose qu’eux. Imam répondit: « Puis-je vous poser une question? Qui est plus grand? Un Musulman ou un Mushrik? – Un Musulman, bien sûr, répondit-il. – Qui est plus grand? Un Prophète ou un Wasi? – Un Prophète, bien sûr. – Et si je vous parle d’un Prophète qui a occupé un poste sous un Mushrik? Que diriezvous? – Qui? – Nabi Yusuf. Le Coran dit dans la sourate 12:55 ‘Et [Joseph] dit: Assigne-moi les dépôts du territoire: je suis bon gardien et connaisseur.’ Est-ce que Yusuf n’a pas occupé un poste sous un chef Mushrik de son pays? – Oui. – Yusuf a pris un poste volontairement alors que j’ai été obligé par al-Ma’mun de prendre ce poste. »
C’est pour cela qu’on l’appelle Imam ar-Ridha. Certains disent qu’on l’appelle Imam ar-Ridha car ceux qui l’aimaient comme ceux qui ne l’aimaient pas étaient ravis de son allégeance. Ce n’est pas vrai. Au contraire, ceux qui ne l’aimaient pas se mirent à le haïr. Ils n’étaient pas contents de son allégeance à al-Ma’mun. La raison pour laquelle on l’appelait ar-Ridha, c’était qu’il était content de quelque épreuve que Allah lui faisait subir – « Al-Radhi bi’l-Qadar wa’l-Qadha: Il accepte ce qu’Allah a décrété. »
Beaucoup de gens ne réalisent pas comme ça a dû être difficile pour Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) de quitter Médine et de partir vivre seul, sans aucun membre de la famille à ses côtés. Pourquoi dit-on « Assalamu alaika, ya Ghareeb al-Ghuraba » (Salams sur toi, oh Etranger des Etrangers!) dans le ziyarah? A cette époque, y avait-il qui que ce soit d’Aal Muhammad vivant à Toos (Mashhad)? Il avait dû quitter Imam al-Jawad (as) qui était si jeune et aller vivre seul à Mashhad juste pour protéger l’école d’Ahlulbayt. Mais Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) ne laissa pas al-Ma’mun s’en tirer ainsi?
Un jour, al-Ma’mun lui dit: « Maintenant que tu seras mon successeur, tu dois conduire Salat ul-Eid. – Je conduirai Salat ul-Eid comme je le conduirai. – Très bien. – Vous n’y voyez pas d’inconvénient? – Non, pas de problème. » Au matin du Eid, tout le monde y compris le personnel du palais d’al-Ma’mun attendaient l’Imam. Les gens du palais d’al-Ma’mun portaient tous des robes dorées et étaient parés de leurs plus beaux bijoux. Ils attendaient tous que Salat ul-Eid démarre et ils se disaient: « Où est Ali b. Musa? » Tout à coup, Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) s’approcha d’eux. Il était pieds-nus comme l’était le Prophète (saw) lorsqu’il allait prier Salat ul-Eid. Alors qu’il marchait pieds-nus, il continuait à dire à haute voix: « Allahu Akbar! Allahu Akbar! Allahu Akbar! » tout comme le Prophète. L’histoire dit qu’alMa’mun ne pouvait pas l’entendre lui-même car d’ici là, tout Khorasan criait: « Allahu Akbar! Allahu Akbar! »
A cette époque, des gens vinrent voir Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) et dirent: « Oh Ali b. Musa. Pouvez-vous nous donner un conseil? » Le conseil que l’Imam leur donna s’appelait « la chaîne d’or ». Imam dit: « Vous les gens! Voulez-vous un conseil? – Oui, dirent-ils. – J’ai entendu de mon père Musa b. Ja’far qui l’a entendu de son père Ja’far b. Muhammad qui l’a entendu de son père Zayn ul-Abideen qui l’a entendu de son père Hussein b. Ali qui l’a entendu de son frère Hassan b. Ali qui l’a entendu de son père Ali b. Abi Talib qui l’a entendu du Prophète qui l’a entendu de Jibrail qui l’a entendu d’Allah (swt): ‘La ilaha illallah est ma forteresse; quiconque entre dans ma forteresse sera protégé de mon châtiment.’ – C’est tout? – Non. Je suis une des conditions de la ilaha illallah. »
En diverses occasions, al-Ma’mum tenta de forcer l’Imam à intégrer l’arène de débats complexes face à des groupes et des croyances variés. Il conduisait des sessions scientifiques et intellectuelles auxquelles il invitait de grands penseurs, des scientifiques chevronnés, des athées du siècle et des gens dont le pouvoir scientifique était redouté et face à l’obstination de leurs arguments, les preuves restaient lettre morte et face à la puissance de leur scepticisme, les preuves étaient faibles. Dans tous ces débats, l’Imam l’emportait sur ses adversaires sans s’astreindre au sophisme des arguments auquel certains avaient recours pour démolir la structure de l’argument adverse et affaiblir sa capacité à fournir des preuves. Il se basait plutôt, lorsqu’il débattait, sur des arguments honnêtes afin de prouver que ce qui est vrai est vrai, sur sa capacité miraculeuse de persuasion et son mode stylistique calme. Ces débats ont été débattus à leur tour par des universitaires tels que David Thomas, Binyamin Ibrahimov, David Wassertein, Steven Wasserstrom, l’extaordinaire thèse de M.A. Buyukkara à Edimbourgh (1997), l’ouvrage précurseur de Michael Cooperson et Madelung (1981) publié par l’Université Américaine de Beyrouth. Ces débats dévoilent clairement un début de la théologie Shii, cristallisé durant une période de grandes discussions théologiques au sein de l’empire.
Al-Nawfali tenta de mettre en garde l’Imam contre le fait d’assister aux débats de ce genre de personnes lorsque l’Imam lui demanda pouquoi al-Ma’mun l’avait invité à débattre avec eux, car al-Ma’mun avait demandé aux Catholiques, aux archevêques, au Grand Rabbin, aux Sabéens de pouvoir, au Grand Prête hindou, aux adeptes de Zoroastre, Nestus, le scientifique médical romain et un groupe d’orateurs d’intégrer une discussion scientifique avec l’Imam. Il envoya le serviteur Yassir à l’Imam afin de lui dire à quelle heure le débat allait démarrer et de lui demander d’y prendre part. Lorsque Yassir repartit et al-Nawfali était seul avec l’Imam, l’Imam se tourna vers lui et lui demanda: « Oh Nawfali! Vous êtes un Irakien et le coeur d’un Irakien n’est pas dur. Que gagnez-vous donc à encourager votre cousin à nous demander de rencontrer des mécréants et des rhétoriciens? – Que ma vie vous soit sacrifiée! Il veut vous tester et il aime savoir jusqu’où s’étend votre savoir. Il a en effet bâti ses hypothèses sur une fondation chancelante et par Dieu, a mit en péril ce qu’il a construit, répondit al-Nawfali. » Al-Nawfali ajouta: « Les spécialistes de la théologie et les innovateurs sont différents des savants. Un savant ne niera pas ce qui ne peut être nié alors que les rhétoriciens et les polythéistes sont des gens qui nient et essaient de prouver ce qui n’est pas vrai. Si vous discutez avec eux et vous leur dites que Dieu est Unique, ils vous diront: ‘Prouvez son Unicité.’ et si vous leur dites que Muhammad est le Messager de Dieu, ils vous diront: ‘Confirmez son Message’. Puis, ils appuieront sur leurs mensonges face à vous alors que vous tentez d’établir la fausseté de leurs propos et ils ne cesseront de soutenir que vous vous trompez jusqu’à ce que vous renonciez à discuter. Faites donc attention à eux. Que ma vie vous soit sacrifiée. » L’Imam sourit et demanda: « Oh Nawfali! Craignez-vous qu’ils prouvent le contraire de ce que je dis? – Non, par Dieu! Je ne me suis jamais inquiété pour vous! J’espère que Dieu vous donnera le dessus sur eux. – Oh Nawfali, demanda l’Imam à nouveau. Voulez-vous savoir quand est-ce qu’alMa’mun regrettera? – Oui. – Lorsqu’il m’entendra discuter avec les gens de la Torah en citant leur propre Torah, avec les gens du Gospel (la Bible) en citant leur propre Gospel, avec les gens des Psaumes en citant leurs propres Psaumes, avec les Zoroastriens en m’adressant à eux dans leur langue perse, avec les Romains en latin et avec les rhétoriciens en utilisant leur propre rhétorique. Ainsi, en fermant toutes les portes de discussion à chaque partie impliquée dans le débat et en réfutant ce qu’il avance, lui faisant renoncer à son affirmation dès le départ et en soutenant ma propre affirmation, al-Ma’mun saura qu’il n’arrivera pas là où il aspire à arriver. C’est à ce moment-là qu’il regrettera. Nous sommes de Dieu et à Lui nous retournerons. » C’est ainsi que l’Imam montrait qu’il prenait les choses à la légère et n’était nullement inquiet de ce genre de personnes qu’al-Ma’mun rassemblait pour l’affronter afin de le mettre dans l’embarras avec leurs propos mensongers et leurs arguments qui, l’espéraitil, allaient retirer toute possibilité de discuter à l’Imam.
Lorsque la séance débuta et que l’Imam fut invité à y participer, la discussion commença et l’Imam se mit à débattre avec les Catholiques, se reférant à la Bible pour prouver l’Unicité de Dieu qu’il soutenait et réfuter la Divinité du Christ soutenue par ceux qui le considèrent comme un dieu en plus de Dieu. Puis, il poursuivit vers une discussion magnifique prouvant que la Bible en circulation aujourd’hui n’est pas celle que Dieu a révélée au Christ (as) et qu’elle a été écrite par des disciples de Jésus (as) qui sont auteurs de quatre Gospels, en appuyant son argument sur le fait que les détails présents dans chacun d’entre eux étaient en contradiction avec ceux des autres de manière flagrante. L’archevêque catholique finit par se contredire lui-même de manière évidente car il sanctifiait les auteurs des quatre gospels, d’un côté, en soutenant qu’ils étaient incapables de mentir, mais d’un autre, il reconnut qu’ils avaient menti à propos du Christ. Puis, l’Imam discuta avec le Grand Rabbin, le savant juif, afin de prouver que Prophète Muhammad (saw) était le prophète en se basant sur les testaments divins révélés précédemment, après quoi, il continua en faisant appel à la logique même. Après avoir discuté avec lui du fait qu’une des conditions pour être Prophète est de réaliser quelque chose que nulle autre créature ne peut réaliser, il lui demanda pourquoi est-ce qu’eux, les Juifs, se gardent de croire aux miracles des prophètes autres que Moïse, le fils d’Imran et le Grand Rabbin répondit: « Nous ne pouvons reconnaître la prophétie de quiconque prétend être prophète à moins qu’il nous apporte une connaissance similaire à celle apportée par Moïse. » Imam lui dit alors: « Dans ce cas, comment se fait-il que vous reconnaissiez la prophétie des autres prophètes qui ont précédé Moïse qui n’ont pas fendu la mer ni fendu les rochers d’où jaillirent douze fontaines d’eau, ni sorti leurs mains d’un blanc éclatant comme le fit Moïse, ni transformé une canne en serpent? » C’est alors que le Grand Rabbin dépassa son obstination, reconnut le bien-fondé de l’argument et admit que tout acte surnaturel au delà de la capacité humaine était en effet une preuve de prophétie. L’Imam leur demanda alors pourquoi ils ne croyaient pas à la prophétie de Jésus malgré le fait qu’il a accompli des miracles au delà de la capacité humaine tels que redonner la vie aux défunts, guérir ceux qui étaient aveugles et atteints de lèpre, et pourquoi ils ne croyaient pas à la prophétie de Muhammad bien qu’il ait apporté un miracle extraordinaire, à savoir, le Saint Coran alors qu’il n’était ni savant ni écrivain. Le Grand Rabbin n’avait aucune réponse à donner. Puis vint le tour du Grand Prêtre zoroastrien avec lequel l’Imam discuta de la prophétie de Zoroastre en s’appuyant sur les croyances du prêtre. Le Zoroastrien dit à l’Imam que Zoroastre leur avait apporté ce que nul autre homme ne leur avait apporté auparavant. « Nous ne l’avons pas vu, dit-il, mais les histoires de nos ancêtres nous ont appris qu’il a légalisé pour nous ce que nulle autre n’avait rendu légal avant; donc, nous le suivons. »
L’Imam demanda:
« Vous croyez aux histoires qui sont arrivées jusqu’à vous à son propos et vous le suivez, n’est-ce pas? – Oui, dit-il. – C’est le cas aussi de toutes les autres nations. Des histoires sont parvenues juqu’à elles à propos de ce que les prophètes ont accompli, ce que Moïse, Jésus et Muhammad ont apporté, alors, pourquoi ne croyez-vous pas à aucun de ces prophètes alors que vous avez cru à Zoroastre à travers les histoires qui vous sont parvenues disant qu’il avait apporté ce que d’autres n’ont pas apporté? »
Quelques instants après, Al-Ma’mun s’approcha de l’Imam et dit: « Tous les docteurs des autres confessions ont écrit un ouvrage sur la médecine. Oh Ali b. Musa! Que savez-vous de la médecine? » L’histoire de cette dissertation est qu’al-Ma’mun était d’un esprit très curieux et avait une soif de connaissance, voulant acquérir de plus en plus. Durant un de ces débats scientifiques, un groupe de physiciens et de philosophes de Nishapur, y compris le physicien, Yohanna (John) ibn Masawayh, le physicien, Jibraeel (Gabriel) ibn Bakhtishoo’, le philosophe indien, Salih ibn Salhama en plus d’autres s’étaient rassemblés. La discussion portait sur la médecine et comment est-ce que le corps était modifié grâce à la médecine. Al-Ma’mun et ses assistants avaient pris part à une longue discussion sur ce sujet, et comment est-ce que Dieu avait créé le corps humain et les contradictions qui y existaient, les quatre éléments, les dangers et bénéfices des différents types d’aliments alors que l’Imam demeurait silencieux et ne participait pas à la discussion. Al-Ma’mun lui dit alors: « Qu’avez-vous à dire, oh père d’al-Hassan, à propos de la discussion d’aujourd’hui? – Je sais, à propos de ce sujet, ce que j’ai personnellement testé et j’en sais la justesse par l’expérience et le passage du temps en plus de ce que mes ancêtres m’ont dit que nul ne peut se permettre d’ignorer ni prétendre laisser de côté. Je vais compiler cela avec une part égale de ce que chacun a besoin de savoir. » Al-Ma’mun se précipita alors vers Balkh et Abul-Hassan ne l’accompagna pas. Al-Ma’mun lui envoya alors une lettre de là-bas, lui demanda d’accomplir sa promesse et de faire cette compilation et l’Imam lui répondit alors: « Au Nom d’Allah, le Plus Clément, le Plus Miséricordieux. En Allah je place ma confiance. J’ai reçu une lettre du chef des croyants qui me somme de l’informer de ce qui est nécessaire à propos des choses que j’ai testées et entendues concernant la nourriture et la boisson, les médicaments, la vivisection, l’écoulement sanguin, le bain, les poisons, ce qui doit être évité et les autres choses qui contribuent à la santé du corps et j’ai expliqué ce qui doit être fait concernant son propre corps et Dieu est Celui qui garantit le succès. » Il entama ensuite sa dissertation. Un grand nombre de savants ont écrit des commentaires à propos de sa dissertation, parmi lesquelles Tarjamat al-Dhahabiyya de mawla Faydallah ‘Usara al-Tasatturi qui faisait figure d’autorité en médecine et en astrologie sous le régime de Fath Ali-Khan. Ce livre a été écrit sous couvert du secret en à peu près 107 A.H. Une copie du manuscrit datant de 1133 A.H est disponible à la bibliothèque Mishkat de l’Université de Téhéran. Al-Ma’mun dit alors: « Je ne le veux pas écrit à l’encre; je veux qu’il soit écrit en or. » Ils l’écrivirent donc en or.
Al-Ma’mun réalisait à présent la popularité grandissante d’Imam Ali b. Musa arRidha (as); il sut alors qu’il avait fait une grosse erreur en désignant Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) comme son successeur. Al-Ma’mun voulait donc se débarasser de lui à présent, selon Shayk as-Saduq.
Abu Salt raconte qu’il se rendit chez Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) un jour et dit: « Je vis l’Imam; il était triste et fatigué. Je lui ai dit: ‘Imam! Vous avez l’air triste et fatigué. – Abu Salt, dit-il. Médine me manque. Ma famille qui se trouve à Médine me manque et cet homme m’opprime et me torture et essaie de m’humilier, mais je suis ar-Ridha, je suis ravi de ce qu’Allah m’a donné.' »
Al-Ma’mun dit à un de ses compagnons un jour: « Laisse grandir tes ongles. » Le compagnon se laissa pousser les ongles pendant deux semaines; lorsqu’ils étaient assez grands, al-Ma’mun lui dit: « Plonge-les à présent dans le jus de grenade. » Le jus était rempli de poison. Il dit: « Maintenant, sors tes ongles et mets-les dans un autre verre. Je boirai d’un verre et Ali b. Musa boira aussi. »
Aussitôt qu’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) but le jus, il sentit les douleurs gagner son corps directement car ils avaient mis beaucoup de poison dans le jus. L’histoire raconte que l’Imam rentra chez lui et dit à ses gens: « Occupez-vous de mes funérailles et recouvrez-moi d’un linceul; vous verrez quelqu’un qui viendra m’enterrer. Retirez tous les tapis ainsi que le matelas; je veux m’allonger par terre. » Ses compagnons se demandaient pourquoi ils devaient enlever les tapis, l’Imam dit: « Juste un instant, je veux ressentir ce qu’Aba Abdullah a ressenti lorsqu’il était à même le sol le 10 Muharram. »
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1 Opérations secrètes
2 Ont pillé et saccagé le pays
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad