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Imam Hassan ibnou ‘Ali (as)
Imam Hassan al-Askari (as) est né en l’an 232 après l’hégire et est décédé en l’an 260 à l’âge de vingt-huit ans. C’est un homme dont on peut tirer beaucoup de leçons et de principes. C’est un homme dont la vie touche chacune de nos vies aujourd’hui, car il est le père du dernier Imam d’Aal Muhammad (saw), Imam Mahdi (ajfs).
Malheureusement, la vie d’Imam Hassan al-Askari (as) n’a pas été analysée comme elle devrait l’être. Beaucoup en savent très peu sur la vie d’Imam Hassan alAskari (as) et beaucoup ne savent rien de la situation politique dans laquelle vivait cette grande personnalité. Il est dommage de voir qu’il n’y a pas assez d’analyses de sa vie ou de biographies commentées sur ce qu’il a affronté. Il a en effet affronté plus de difficultés qu’aucun autre des Imams d’Aal Muhammad (saw) car les Abbassides savaient que l’on s’approchait de la naissance du Promis de la lignée de Fatima (as). Aussi, est-il nécessaire pour nous d’analyser sa vie, tout en s’informant à propos de ses grands compagnons, tels que Fadl b. Shadhan et Abul Adyan.
Ses parents et sa famille
Imam Hassan al-Askari (as) est né en l’an 232 après l’hégire. Sa mère s’appelait Hudaifa et dans certains récits, elle apparaît sous le nom d’as Saleel et dans d’autres, sous le nom de Sawsan. Mais ce qui est certain, c’est que sa mère était originaire du sud de l’Egypte. Donc, nous avons à nouveau un Imam d’Ahlulbayt dont la mère est originaire d’une région africaine. Sa mère était révérée comme étant l’une des femmes les plus pieuses en vie à cette époque.
Imam Hassan al-Askari (as) était l’un des cinq enfants. Il avait un frère aîné du nom de Muhammad, puis, lui-même, puis, il avait un frère, Hussein, un autre frère, Ja’far et une soeur du nom d’Aliya.
Certains de ses frères étaient très religieux et d’autres, moins. Cela montre que, même dans la vie des Imams d’Ahlulbayt, dans une famille, vous pouvez avoir un frère qui est très religieux et un autre qui ne l’est pas du tout. Le grand frère d’Imam Hassan al-Askari (as) était un des fils les plus pieux des Imams d’Aal Muhammad (saw). Ceux qui ont eu l’honneur de visiter Samarra… sur le chemin du retour, vous vous êtes peutêtre arrêtés à Balad. Là, vous avez dû visiter Sayyed Muhammad. C’était le frère d’Imam Hassan al-Askari (as) et il est enterré pas loin de Samarra, dans la ville de Balad. Il était né trois avant Imam Hassan al-Askari (as) et il est décédé en l’an 252 après l’hégire, à l’âge de vingt-trois ans.
Imam Ali al-Hadi (as) aimait beaucoup Muhammad; tout d’abord, parce qu’il était le plus grand fils et il était le plus grand frère. Cela montre le fait que notre croyance de l’Imamat n’est pas une croyance à la primauté du fils aîné. Autrement, Muhammad, fils d’Imam Ali al-Hadi (as), aurait été Imam. Il était l’un des plus pieux de l’époque et les récits disent que nul n’était aussi respecté et aussi honorable, ou en effet, pieux, que Muhammad.
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Ainsi, plusieurs raisons ont été données expliquant son décès. Un des récits dit qu’Imam Ali al-Hadi (as) avait un lopin de terre à Balad. Muhammad est allé récolter les dividendes de cette terre et il y est décédé. Un autre récit dit qu’il est décédé d’une décédé naturelle à Balad. Lorsque Muhammad est décédé, on dit qu’Imam Hassan alAskari (as) s’est arraché la chemise lorsqu’il apprit la nouvelle. Montrer une telle émotion est quelque chose d’inhabituel chez un Imam d’Ahlulbayt. Les gens vinrent donc chez Imam Hassan al-Askari (as) et dit: « Imam, vous êtes masum (infaillible). Comment se fait-il que vous arrachiez votre chemise en entendant le décès de votre grand frère? – Lorsque Nabi Musa apprit le décès de Nabi Harun, il en fit de même. » C’est comme si votre poitrine était compressée et vous n’arriviez plus à respirer. Vous arrachez votre chemise; c’est une triste nouvelle.
Il est très recommandé de rendre visite à la tombe de Muhammad car, parmi les dons de Muhammad, fils d’Imam Ali al-Hadi (as), est qu’Allah répond aux prières accomplies sous son dôme et en particulier les prières des familles qui n’arrivent pas à avoir d’enfant. Si vous allez là-bas, vous verrez un berceau à l’extérieur du haram; la raison de la présence de ce berceau est que beaucoup de gens qui n’arrivent pas à avoir d’enfant vont faire la ziyarah de Muhammad, fils d’Imam Ali al-Hadi (as). Lorsqu’ils reviennent, Allah exauce leur requête. Ainsi, Muhammad, le fils d’Imam Ali al-Hadi (as) et le frère d’Imam Hassan al-Askari (as), est connu pour sa grande ferveur.
Pourquoi l’appelle t-on « al-Askari »?
« Al-Askari » fait référence à une base militaire. Il y a certaines villes d’Irak qui étaient des bases militaires à l’origine et non des villes. Si une armée passait devant une base militaire, elle s’arrêtait un instant avant de repartir. Par exemple, Kufa était originellement une base militaire limitrophe d’une autre ville appelée Aqulah. Lorsque Sa’ad b. Abi Waqas y mena son armée dix-sept ans après l’hégire, il se dit: « Cette région apparaît comme un endroit où on peut vivre. » Donc, Kufa était une base militaire au départ mais elle devint une ville de garnison lorsque Sa’ad décida que les gens pouvaient l’habiter. De même, Imam Hassan al-Askari (as) habitait au départ dans une base militaire. Samarra n’était pas une ville non plus; c’était une base militaire.
Pourquoi était-ce une base militaire? Du temps d’al-Mu’tasim, les soldats turcs avaient pris le dessus sur les Abbassides. Certains de ces soldats patrouillaient à cheval sur les routes de Bagdad et harcelaient les gens. Par exemple, s’ils voyaient une femme marcher sur la route, ils arrachaient son sac et la harassaient. Les gens se plaignèrent à alMu’tasim qui était calife du temps d’Imam al-Jawad (as). Ils dirent à al-Mu’tasim: « Ces soldats turcs viennent nous faire peur alors que nous habitons à Bagdad et nous sommes prêtes à nous battre avec vous et vos soldats. Nous nous fichons que vous soyez notre calife vivant à Bagdad! – Et comment allez-vous vous battre avec moi? – Dua al-Sahar. » Remarquez qu’ils n’ont pas dit une armée.
Al-Mu’tasim se dit alors qu’il devait quitter Bagdad et aller vivre ailleurs. Lors d’un de ses déplacements, il vint dans une région appelée « Kartool » mais il sentit que ce n’était pas un bon endroit pour y vivre. Il se rendit ensuite à Samarra. Un des mots dont
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est originaire « Samarra » est « Surra man ra’a » qui veut dire: « ce qui est agréable aux yeux ». Ceux d’entre vous qui ont été à Samarra savent comme c’est joli. Al-Mu’tasim s’y rendit et décida que Samarra ne devrait pas être une base militaire. Il développa la région pour en faire une ville, mais au départ, c’était un « askar », une base militaire.
Après al-Mu’tasim, al-Mutawwakil prit place. A ce moment, un célèbre incident eut lieu à la suite de quoi la région a été surnommée « Askariyyan ». Imam Ali al-Hadi (as) et Imam Hassan al-Askari (as) sont désignés par le terme de « al-Askariyyan », c’est-à-dire les deux qui étaient présents au « Mu’askar » ou la base militaire. L’incident était le suivant: un jour, al-Mutawwakil dit à ses soldats, qui étaient plus de cent mille, de rassembler des sacs de blé. Il dit: « Je veux que vous veniez tous à l’endroit où je construis ma base militaire et je veux que vous rassembliez tous les sacs pour en faire une montagne au sommet de laquelle je pourrai grimper. »
Les récits disent qu’ils rassemblèrent tous les sacs de blé et lui et son représentant, Fatha b. Khakan, se mirent debout au sommet. Ils regardèrent Imam Ali alHadi (as) du haut de leur montagne et lui dirent: « Regarde comme notre royaume est immense! Où est ton royaume? – Regardez entre mes doigts et vous verrez mon royaume, dit l’Imam. » Lorsqu’al-Mutawwakil regarda entre ses doigts, les récits disent qu’al-Mutawwakil comprit aussitôt ce que l’Imam sous-entendait: « Vous pouvez construire un endroit si élevé et vous pouvez avoir les sommets les plus pointus, mais j’ai les soldats d’Allah qui sont encore plus hauts pour veiller à moi. »
Son enfance
Dès le plus jeune âge, Imam Hassan al-Askari (as) faisait preuve de qualités similaires à ceux de ses arrières grands-parents. Quelqu’un raconte: « Je marchais un jour lorsque je vis tous ces enfants jouer avec leurs jouets, à l’exception d’un qui venait de pleurer. J’allai donc le voir et lui dit: ‘Jeune homme! Je vois que tu as pleuré. Es-tu triste parce que tu n’as pas de jouet? Veuxtu que je t’apporte des jouets?’ Il me regarda et me dit: ‘Oh monsieur! Ce monde n’est pas fait pour jouer.’ Je le regardai car je n’avais jamais entendu quelqu’un de si jeune parler ainsi et je lui dis: ‘Que veux-tu dire? – Oh monsieur! N’avez-vous pas lu le Coran?’ J’observai l’enfant alors qu’il me parlait du Coran. Je lui dis: ‘Que veux-tu dire? Quel verset du Coran?’ [Regardez les Aal Muhammad! Le Coran fait partie de leur vie. En tant qu’adeptes, il devrait en être de même chez nous. Il étaient en relation avec le Coran trois cent soixante-cinq jours de l’année.] Le garçon dit: ‘N’avez-vous pas lu le verset 115 du surah 23?’ Je me disais que je ne savais même pas ce que disait le verset. Je lui dis donc: ‘Dis-le moi. – ‘Pensiez-vous que Nous vous avions créés sans but et que ne seriez pas ramenés vers Nous?’ – Qu’est-ce que cela veut dire?
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– Lorsque je vois ma mère frotter du bois pour faire du feu, je réfléchis à ce feu et je pense au feu le Jour du Jugement. Ferais-je partie du combustible pour alimenter ce feu?’ Je regardai autour de moi et je demandai aux gens: ‘Qui est cet enfant qui me parle ainsi? – C’est Hassan al-Askari, dirent-ils.' »
Son emprisonnement
Dès le plus jeune âge, Imam Hassan al-Askari (as) faisait une forte impression sur les gens et c’est pour cela que les Abbassides savaient qu’al-Mahdi allait venir au monde. Etait-ce Al-Askari? Ou celui qui viendra après lui? Le calife abbasside, al-Mu’tazz, décida qu’il était préférable de tuer ce jeune homme que de lui permettre de répondre aux questions en toute liberté comme Muhammad al-Jawad et Ali al-Hadi. Ses gens dirent à al-Mu’tazz: « Mais c’est un jeune homme. – Je m’en fiche, dit al-Mu’tazz. Son père est décédé et il est temps que nous le tuions. Nous n’avons pas besoin de ces gens sur le territoire. » Il demanda donc à son compagnon, ibn Saeed: « Oh Saeed! Je veux que tu fasses quelque chose pour moi. – Qu’est-ce que c’est? – Emmène ce jeune homme vers le palais d’ibn Ubair et tue-le en chemin et une fois que tu l’as tué, tu annonceras au retour qu’il est arrivé un malencontreux accident et c’est pourquoi ce jeune homme n’est plus des nôtres. »
Rappelez-vous que l’Imam avait environ vingt-deux ans quand son père est décédé. Les Shi’as écrivaient des lettres à Imam Hassan al-Askari (as) lui disant: « Oh Imam! Nous étions à une réunion entre le calife, al-Mu’tazz et ibn Saeed et il envisage de vous tuer à un voyage. » L’Imam répondit: « Ne vous inquiétez pas! Dans peu de temps, cette personne se fera elle-même tuée. »
Et l’Imam venait à peine de le dire que, trois jours plus tard, les Turcs l’ont tué. Lorsque les Turcs tuèrent ibn Saeed, le calife décida que le meilleur endroit pour alAskari était la prison. C’est là qu’Imam Hassan al-Askari (as), qu’Allah bénisse son âme, demeura pendant six ans, de l’âge de vingt-deux ans à l’âge de vingt-huit ans et c’est là qu’il mourut.
Les Abbassides avaient deux types de prisons: il y avait les prisons publiques pour les voleurs, les violeurs et les gens qui avaient commis l’adultère et il y avait les prisons privées où vous étiez assignés à résidence dans votre propre maison. Ils plaçaient des gardiens à l’extérieur de chez vous et vous ne pouviez pas sortir. Des récits disent que pendant deux ans d’affilée, soit sept cent soixante-dix jours, Imam Hassan alAskari (as) vivait de deux morceaux de pain et d’eau froide.
Il est surprenant d’entendre les plaintes des Shi’as d’Aal Muhammad par rapport à ce que Allah leur a donné malgré le nombre incommensurable de bénédictions dont ils jouissent dans leur vie. Les récits disent qu’Imam Hassan al-Askari (as) est entré en prison en bonne santé mais il était très frêle à la fin. Parfois, ils entraient chez lui pour vérifier et ils le
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trouvaient par terre et ils pensaient qu’il était en train de mourir. Mais, ils réalisaient qu’il faisait le sujood face à Allah (swt). Imam Hassan al-Askari (as) nous apprend que vous pouvez parfois être chez vous et être en prison et parfois, être en prison mais en faire un chez-soi. Tirez le meilleur parti possible de toutes les situations dans lesquelles vous vous retrouvez. « Je suis en prison, mais juste parce que je suis en prison ne veut pas dire que je ne peux pas servir Allah; je veux servir Allah même en étant en prison. »
Si vous jetez un coup d’oeil à l’histoire islamique, c’est comme si l’histoire se répétait. Prophète Yusuf (as) servit aussi Allah en prison. Il adorait Allah en prison et amenait les résidents de la prison vers Allah. Certains des plus grandes personnalités de l’histoire ont découvert Allah en prison ou ont écrit leurs meilleurs ouvrages en prison. Ainsi, Malcom X vint vers Allah en prison. Un livre intitulé al-Lum’ah ad-Dimashqiya est un de nos plus grands livres de lois qui doit être étudié avant même de prétendre être maître en lois. Ce livre a été écrit par Shaheed al-Awwal. Selon certaines sources, il aurait écrit ce livre en une semaine en prison. Si vous lisez ce livre, vous vous demanderez comment un homme peut l’avoir écrit en sept jours. C’est un texte de loi extraordinaire. Ibn Khaldoon a écrit al-Muqaddama en prison aussi.
Autrement dit, certains des plus beaux ouvrages que vous pouvez écrire peuvent l’être lorsque vous êtes en prison. Parfois, nous négligeons considérablement notre devoir vis à vis des Musulmans en prison. C’est honteux. Nous avons des Musulmans en prison mais aucun de nos savants ne rendent visite aux prisons. Ils sont très actifs dans les domaines du nikkah et du Salat ul-Mayyit mais leurs activités extérieures pourraient aussi se déveloper. Il nous faut plus de savants à rendre visite aux Musulmans en prison et à discuter avec eux et à les guider. Imam Hassan al-Askari (as) n’est pas resté assis en prison en se disant: « Maintenant que je suis en prison, je devrai juste prier et jeûner toute la journée. » Non! En fait, il a fait de la prison une avenue pour répandre les paroles d’Aal Muhammad. Comment s’y est-il pris?
Tout d’abord, ses manières étaient telles qu’il faisait une forte impression sur quiconque entrait en contact avec lui et c’était sa première manière de marquer sa différence. Saleh b. Wasit était un gouverneur du calife abbasside. Il avait l’habitude de surveiller Imam Hassan al-Askari (as) en prison. Il raconte: « J’ai envoyé deux des pires gardiens de prison de Samarra à la prison d’Imam Hassan al-Askari (as). Je leur ai dit: « Torturez-le autant que vous pouvez. »
Les récits racontent qu’un jour, un groupe de gens vinrent voir Saleh et lui dit: « Saleh! Tu avais l’habitude d’être très dur mais tu n’es plus aussi dur qu’avant. – Que voulez-vous dire? – Ces gardiens que tu as envoyés à Imam Hassan al-Askari (as) ne font rien du tout. Nos voulons qu’ils le fouettent et qu’ils lui donnent des coups de pied mais ils ne font rien. – Allez demander aux gardiens! Ne me demandez pas à moi! » Ils allèrent voir les gardiens. C’était le genre de gardiens que vous n’avez pas envie de réveiller et de voir en premier lieu le matin. Ils dirent aux gardiens: « Pourquoi ne torturez-vous pas Hassan al-Askari? – Comment pouvons-nous torturer un homme qui jeûne toute la journée et prie toute la nuit et à chaque fois que nous le voyons, nous voyons ses lèvres remuer en louange à Allah (swt). »
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Ces deux gardiens rejoignirent les Ahlulbayt grâce à Imam Hassan al-Askari (as). Ils étaient partis pour le torturer mais ils ressortirent passionnés et adeptes des Aal Muhammad (saw).
Il y avait quelqu’un d’autre qui était désigné comme gardien de sécurité d’Imam Hassan al-Askari (as). On lui avait dit de garder un oeil attentif sur lui. Le gardien vient voir l’Imam et lui dit: « Oh Hassan b. Ali. Voici des grenades. Un de vos Shi’as a dit: ‘Au lieu de vous nourrir uniquement de deux morceaux de pain et de l’eau, donnez-lui ces grenades’ et je connaissais cette personne déjà, alors, prenez-les. »
Imam Hassan al-Askari (as) prit alors les cinq grenades et les mit de côté. C’est un tabligh: Imam Hassan al-Askari (as) ne les a pas mangées. Il les a laissées de côté. Le gardien ne cessait de regarder les grenades. Imam le regarda et dit: « Pourquoi ne prends-tu pas une grenade, gardien? – Non, non! Gardez-les. – Oh gardien! Je t’ai vu regarder les grenades. Il fait peut-être chaud aujourd’hui et parce qu’il fait chaud, tu n’as peut-être pas d’air frais. Prends une grenade. »
Le gardien prit une grenade et il en restait quatre. Ce n’est que peu de temps après, lorsqu’Imam Hassan al-Askari (as) regarda le gardien qu’il lui dit: « Oh gardien! Je vois que tu ne manges pas la grenade. Pourquoi? – Ne vous en faites pas. Vous n’avez pas besoin de me le demander. – Non, dis-le moi. – Vous savez, j’ai des enfants à la maison et je veux garder la grenade pour que mes enfants puissent en manger. – Prends les quatre autres. – Non, dit le gardien. – Si, si, je t’en prie. Je ne peux pas supporter l’idée que tes enfants n’aient pas à manger. »
Après cet incident, le bruit se répandit auprès des autres gardiens à propos d’Imam Hassan al-Askari (as) et le chef des gardiens le découvrit. Il était turc. Certains récits disent qu’il s’appelait Ali b. Yarmash et d’autres disent qu’il s’appelait Ali b. Utash. Ce chef des gardiens dit à l’autre gardien: « Si tu ne traites pas Hassan al-Askari comme il devrait l’être et si tu refuses de le fouetter alors qu’il est ici, je vais alors l’emmener chez moi et j’ai même reçu l’ordre de le tuer. »
Imam Hassan al-Askari (as) était donc retiré de la prison pour être transféré chez le gardien turc. Aussitôt que le Turc vint chez lui, sa femme le regarda et dit: « Qui est-ce que tu as emmené avec toi? – Ne t’inquiète pas. – Non! Dis-moi. – Hassan b. Ali. – De quelle lignée? – De la lignée de Muhammad. – Fais attention! Les gens comme lui ont hérité du savoir. Ne leur fais pas de mal.
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– Qui es-tu pour me dire de ne pas leur faire de mal? J’ai des animaux sauvages dans le jardin. Je vais le laisser avec eux. Ils n’ont pas mangé depuis quelques jours. Qu’ils apprécient sa chair. »
Les gens se demandent: « Pourquoi est-ce qu’Allah a mis Imam al-Mahdi (ajfs) en occultation? » Regardez la manière dont ils étaient traités. Croyez-vous qu’ils auraient laissé Imam al-Mahdi tranquille?
L’homme mit donc Imam Hassan al-Askari (as) dans une cage avec des animaux sauvages. Il faut avoir un coeur très endurci pour faire effectivement quelque chose de ce genre. Le gardien retourna chez lui. Sa femme le supplia mais il ne l’écouta pas. Elle lui dit ensuite: « Maintenant qu’ils l’ont tué, aie un peu de respect et retourne enterrer son corps ou ce qu’il en reste. »
Ali b. Yarmash raconte: « Je jure par Dieu que je suis retourné à la cage et je vis Hassan al-Askari en prosternation et les animaux à côté de lui. Je n’arrivais pas à croire qu’ils se prosternaient près de lui car ces animaux n’avaient rien mangé depuis des jours. »
Ce même homme, Ali b. Yarmash, qui avait mis Imam Hassan al-Askari (as) dans la cage des animaux, rendit visite à Imam Hassan al-Askari (as) en prison lorsque son fils tomba malade. Il dit: « Hassan b. Ali! J’ai un service à te demander et je sais que j’étais dur avec toi. Je sais que je t’ai livré aux pires gardiens mais j’ai besoin d’un dua. – Pourquoi? – Mon fils est malade et les médecins disent qu’il va mourir. Tu es le seul à pouvoir prier pour lui. Je t’en supplie! Récite un dua, s’il te plaît. – Pas de problème, dit Imam Hassan al-Askari (as). Lisez ce dua avec moi. » Imam Hassan al-Askari (as) se mit à réciter un dua et quand il eut fini, Imam dit: « Rentrez chez vous. Votre fils ira mieux. » Ali b. Yarmash dit: « Je jure que je suis rentré chez moi et mon fils s’était complètement rétabli. » Telle était la générosité des Imams d’Aal Muhammad (saw).
Une fois, ils essayèrent de se moquer d’Imam Hassan al-Askari (as). Un jour, le calife avait acheté un cheval qui était trop sauvage. Le calife dit: « Ce cheval n’a pas été dompté et me cause des ennuis quand je le monte. Fais sortir Hassan al-Askari de la prison et faites-le monter sur le cheval pour qu’il le jette par terre. » Il dit ensuite: « Mais je sais que s’il est vraiment de la lignée du Prophète, ce cheval ne le rejettera pas. » Lorsqu’Imam Hassan al-Askari (as) monta sur le cheval, il fut apprivoisé. Le calife dit alors à l’homme: « Viens et reprends ton cheval. »
Ses contributions à l’humanité de sa prison
La première façon dont Imam Hassan al-Askari (as) attira les gens vers les Ahlulbayt quand il était en prison, c’était par ses manières. On lui donnait deux morceaux de pain et de l’eau et il leur montrait de la générosité en retour.
Imam Hassan al-Askari (as) écrivit aussi deux livres quand il était en prison. De ses grandes oeuvres, il est un recueil de fiqh appelé al-Muqni’a. Ce livre est toujours en notre possession aujourd’hui. C’est un livre sur toutes les questions de jurisprudence auxquelles Imam Hassan al-Askari (as) a répondues aux lettres adressées aux Shi’as. Les savants d’aujourd’hui répondent aux questions en consultant le livre d’Imam Hassan alAskari (as) et celui d’Imam Ali al-Hadi (as).
De plus, Imam Hassan al-Askari (as) demandait aux gens qui le rendaient visite: « Que se passe t-il dehors? Venez me le dire. Ne me laissez pas dans l’ignorance afin que je puisse vous aider et guider en répondant à vos questions. »
Un jour, quelqu’un vint le voir et dit: « Oh Imam! Connaissez-vous Ishaq al-Kindi? – Oui. – Ishaq al-Kindi a écrit un livre intitulé Les contradictions dans le Coran. »
Il y a des versets du Coran qui ont l’air contradictoire et à moins d’avoir une solide connaissance du Coran, qui est une nécessité dans la génération d’aujourd’hui, ne soyez donc pas surpris d’être déboussolés par certaines questions sur les contradictions dans le Coran. Par exemple, Ishaq al-Kindi dit: « Il y a une contradiction dans un verset du Coran. Dans un verset, Dieu dit: épouser une, deux, trois ou quatre femmes. Dans un autre verset, Dieu dit: Tu ne pourras jamais les traiter de manière équitable, alors tienstoi à une seule. Alors, comment se fait-il que Dieu dise dans un verset d’épouser quatre femmes et dans un autre, Dieu dit que tu ne pourras pas les traiter de manière équitable? » Sur Internet, c’est une question majeure actuellement. Beaucoup contestent le Coran en disant qu’il y a des contradictions.
La réponse est qu’en épousant une, deux, trois ou quatre femmes, vous pouvez les traiter de manière équitable en termes financiers; vous pouvez les traiter de manière équitable en termes de temps consacré à l’une et l’autre; mais vous ne pouvez pas les traiter de manière équitable en termes d’amour. Il n’y a pas de contradiction. Le premier verset fait référence à l’équité en termes d’argent et de temps tandis que le deuxième verset parle d’équité en amour.
Donc, Ishaq a écrit dans son livre: « Si le Coran était un livre de Dieu, il n’y aurait pas de contradictions. » Les compagnons d’Imam lui parlèrent de ce livre quand il était en prison. Imam demanda: « Est-ce que l’un d’entre vous est parvenu à réfuter cela? – Non, dirent-ils. – Il est facile de le réfuter. Il n’est pas besoin de plus de sémantique. – Comment réfuter? – Allez voir Ishaq et demandez-lui: « Oh Ishaq! Est-il possible que l’auteur d’un livre ait eu l’intention de dire quelque chose d’autre que ce qui a été interprété? » Ainsi, lorsque les compagnons posèrent cette question à Ishaq, il dit:
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« Oui, c’est possible. – Dans ce cas, Ishaq, dirent-ils, ce que tu dis des contradictions, est-il possible que Allah ait voulu dire autre chose? Ou est-ce que ton interprétation est la seule interprétation possible? – Non, Allah peut avoir eu l’intention de dire autre chose. – Dans ce cas, Ishaq, pourquoi ne dis-tu pas: ‘Peut-être que mes conclusions ne sont pas correctes et qu’Allah (swt) voulait dire quelque chose d’autre avec cela’? – D’où sortez-vous cette réponse? demanda Ishaq. – Que veux-tu dire? – Non, dites-moi. D’où sortez-vous cette réponse? – Juste de mes réflexions, dit un compagnon. – Aucun d’entre vous ne peut réfléchir ainsi. D’où sortez-vous cela? – Nous l’avons eu d’Imam Hassan al-Askari (as), dit le compagnon. – Seul un homme de la lignée du Prophète peut penser ainsi. Cela est bien vrai. » Il prit ensuite le livre et le déchira.
Imam Hassan al-Askari (as) fit de son mieux pour informer ses adeptes et pour leur parler des croyances de sa religion. Un des plus célèbres hadith que nous avons d’Imam Hassan al-Askari (as) est lorsqu’il explique les carastéristiques de ses Shi’as fidèles. Il savait que dans peu de temps, son fils, Imam al-Mahdi (ajfs) ne sera plus présent comme repère pour ses adeptes. Il dit alors à ses adeptes: « Il y a cinq choses manifestes chez les Shi’as » (afin qu’ils se reconnaissent entre eux durant la ghayba).
1. « Ils se prosternent sur la terre et de préférence la terre de Karbala. » Certains demandent pourquoi est-ce que nous, les Shi’as, nous nous prosternons sur la terre de Karbala et non sur un tapis. Nous, à l’école d’Ahlulbayt, nous avons la preuve indéniable de l’existence d’un hadith du Prophète disant: « Innama jo’ilat li ar-ardh masjidon wa tahura »: la terre a été faite comme un endroit pur pour se prosterner. De plus, il n’existait pas de tapis du temps du Prophète (saw). Dans les livres des Shi’as comme des Sunnis, il est écrit que lorsque le Prophète (saw) se relevait du sujood, les gens voyaient des traces d’argile et de boue sur son front. Le Prophète (saw) ne priait donc pas sur un tapis. Il priait par terre car il disait que la terre a été faite pure et a été faite comme endroit pour se prosterner. Les moquettes et les tapis de prière ont fait leur apparition dans la mosquée du Prophète (saw) trois cents ans après son décès.
Les gens demandaient donc: « Est-ce que cela veut dire que nous ne devons nous prosterner que sur la terre de Karbala? » Non. N’importe quelle terre est bonne, du moment qu’elle soit naturelle et pas quelque chose qu’on peut manger ou porter. On peut se prosterner sur tout ce qui est naturel.
2. « Il accomplit cinquante et une rakats de prière par jour. » Hélàs, en ce moment, la plupart des Shi’as ont du mal à faire les dix-sept rakats. Si on ajoute Salat ul-Layl, cela fait vingt-huit. Le reste des rakats viennent des prières sunnah de Fajr, Dhuhr, Maghrib et Isha. Si vous les additionnez toutes, cela fait cinquante et une.
3. « Il porte une bague à la main droite. » Si vous regardez la plupart des adeptes
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d’Ahlulbayt quand vous allez au ziyarah, ils achèteront un Durr al-Najaf ou un Firuza (turquoise) ou un Aqiq Yamini (agathe) ou un rubis ou un émeraude. Nous avons plusieurs hadiths des Imams d’Ahlulbayt sur l’importance de ces pierres. Elles vous protègent de l’envie des gens, elles augmentent votre subsistance et elles vous gardent d’attaques soudaines contre votre famille.
4. « Il dit ‘Bismillah hir Rahman nir Rahim’ à haute voix avant chaque chose. » Beaucoup de gens disent « Bismillah » avant de prier mais ils oublient de le dire quand ils mangent, quand ils commencent à travailler, ou en entrant chez eux.
5. « Il récite Ziyarat Arba’een. » Imam Hassan al-Askari (as) a dit qu’on ne doit jamais négliger Ziyarat Arba’een d’Imam Hussein. Un des Ziyarahs a été rapporté par Jabir b. Abdullah.
Son martyr
A l’âge de vingt-huit ans, Imam Hassan al-Askari (as) fut empoisonné. AlMu’tamid dit: « Je mets cet homme hors de prison et les gens l’adorent; je le remets en prison, ils deviennent des adeptes d’Ahlulbayt. Il est préférable que je l’empoisonne. »
Les récits disent qu’Imam Hassan al-Askari (as) dit à ses compagnons: « Oh Abul Adyan! Je te donne des lettres. Va à Mada’in et fais parvenir ces lettres à son destinataire. Tu reviendras dans quinze jours. Quand tu reviendras, tu entendras les gens dire: « Al-Askari est décédé », tu verras celui qui me succédera des Aal Muhammad (saw), l’al-Mahdi. – Comment vais-je le reconnaître? demanda Abul Adyan. – Tu le reconnaîtras car il conduira mes prières; il te demandera les lettres et il saura ce qu’il y a dans le sac jaune. »
Qu’est-ce que c’était que ces lettres qu’il devait distribuer? Imam Hassan alAskari (as) restait éveillé jusqu’à minuit pour répondre à toutes les questions de ses Shi’as.
Abu Adyan dit: « Je suis parti; je suis allé à Mada’in pour y rencontrer Ahmad b. Hassan. Je lui ai remis les lettres et je suis resté avec lui quelques jours. Tout ce qui occupait ma pensée était Imam Hassan al-Askari (as). Que lui arriverait-il? Puis, j’ai laissé Ahmad b. Hassan et je suis revenu à Samarra. Lorque je suis entré à Samarra, je voyais les gens pleurer et pleurer. Je leur ai demandé ce qui n’allait pas. Ils m’ont dit: « Hassan al-Askari est décédé. » Je suis allé chez Imam Hassan al-Askari (as) et j’ai vu son frère Ja’far debout là, sur le point de conduire Salat ul-Mayyit (la prière du défunt). Ja’far disait: ‘Je suis l’Imam des Shi’as maintenant’ et je me suis dit: ‘Jafar? Le menteur? Celui qui ne respecte rien?’ Alors que Ja’far était sur le point d’entamer le salat, un jeune enfant de cinq ans s’avança et dit: ‘Oh Ja’far! Pousse-toi! J’ai plus le droit de conduire ce salat que toi.’ Ja’far était surpris et se poussa. » Après avoir accompli le salat, le jeune garçon s’approcha d’Abu Adyan et dit: « Où sont les lettres? » Abu Adyan savait que c’était un signe et il lui remit les lettres. Puis, l’histoire raconte qu’un groupe de gens vint de Qum. Ils avaient une certaine somme de khums dans un sac. Ils demandèrent:
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« Qui est le successeur de Hassan al-Askari? – C’est Ja’far, dirent-ils. – C’est moi, dit aussi Ja’far. – Si vous êtes son successeur légitime, demandèrent les gens de Qum, dites-nous ce qu’il y a dans le sac? – Quoi? dit Ja’far. Vous croyez que je sais ce qui est invisible? »
Puis quelqu’un vint et dit: « Il y a mille dix dinars dans le sac. – Vous avez raison. Qui vous l’a dit? – Mon Imam, al-Hujjah b. Hassan b. Hassan al-Mahdi (ajfs). » Dès qu’ils l’entendirent, ils lui demandèrent: « Où est-il? » Al’Mutamid l’entendit aussi et dit: « Où est le jeune garçon? » L’Imam avait disparu.
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad