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Imam Mussa ibnou Ja’far (as)
Imam Musa b. Ja’far (as) est né le 7 Safar de l’an 128 après l’hégire et il est décédé le 25 Rajab de l’an 183. C’était un homme dont la vie nous livre beaucoup de leçons et bien des principes hors du commun peuvent en être tirés. Il est révéré pour sa patience, son humilité, sa piété, sa justice et sa lutte contre l’oppression. Imam Musa b. Ja’far (as) n’a malheureusement pas été étudié de manière systématique. Beaucoup connaissent son existence mais peu savent l’influence qu’il a eue, spituellement de par ce qu’il a laissé derrière lui à la religion de l’Islam et personnellement et par son caractère duquel beaucoup beaucoup de leçons peuvent être tirées et mises en application dans notre vie de tous les jours.
C’est incroyable qu’un grand nombre de gens rendent visite à son mausolée à Bagdad en ne sachant absolument rien de sa vie. Beaucoup voyageront vers son mausolée, y demeureront, y prieront pour lui faire part de leurs salutations et de leur estime mais sans ressentir les mêmes choses que dans les autres lieux de pèlerinage. Cela s’explique par leur manque de connaissance concernant la vie d’Imam Musa b. Ja’far (as). Si quelqu’un avait étudié la vie d’Imam Musa b. Ja’far (as) en profondeur, il ferait preuve de plus de respect vis à vis de lui et de sentiment que le peu dont fait preuve ceux qui ne l’ont pas étudiée.
Ainsi, examinons cet homme qui a été torturé plus que les autres des Imams d’Aal Muhammad (saw) et voyons l’influence que cet homme a dans notre vie aujourd’hui.
Sa naissance et ses parents
L’Imam est né le 7 Safar et c’est pourquoi la wiladah (naissance) d’Imam Musa b. Ja’far (as) est rarement célébrée dans nos communautés car Safar est normalement un mois de tristesse. Il s’agit du mois où la famille du Prophète (saw) était menée en direction de la Syrie enchaînée. C’est pourquoi pendant ces quarante jours et parfois soixante-huit jours, vous verrez que bien des mosquées ne célèbrent pas sa naissance. Il est né le 7 Safar dans un endroit appelé al-Abwa, entre la Mecque et Médine.
Mufadhil b. Umar raconte: « Imam Ja’far as-Sadiq (as) avait une maison où il se rendait pendant ses voyages, vers le Hajj par exemple ou lors de son trajet de retour de la Mecque vers Médine. Cet endroit s’appelait al-Abwa. » Il dit: « Je me souvenais voir Imam Ja’far as-Sadiq (as) au milieu de la journée, par une chaleur torride, en train de labourer la terre. Je lui disais: ‘Imam! Vous êtes un homme de savoir et d’autres travailleraient pour vous, pourquoi travaillez-vous ainsi? Pourquoi ne nous laissez-vous pas le faire pour vous?’ Imam répondait: ‘Et quel mal y a t-il à ce que je travaille pour gagner ma vie honnêtement?' »
Tout comme tout le monde, il y avait des prophètes qui travaillaient. Prophète Idriss était tailleur, Prophète Musa était berger, Prophète Dawud travaillait le fer, Prophète Issa était charpentier, le Saint Prophète (saw) lui-même travaillait pour Bibi Khadija.
Un jour, à Abwa, Imam Ja’far as-Sadiq (as) était assis avec Abu Basir. Abu Basir raconte: « Nous avons pris notre petit-déjeuner. Imam Ja’far as-Sadiq (as) avait l’habitude d’avoir un copieux petit-déjeuner duquel il vous faisait manger et il vous présentait une grande variété de mets à choisir. Tout à coup, quelqu’un est venu et lui dit: ‘Votre femme, Hamida est en train d’accoucher et elle veut que vous soyez à ses côtés.’ Imam Ja’far as-Sadiq (as) nous laissa et il alla rejoindre Hamida. Il revint plus tard et dit: ‘J’ai une bonne nouvelle. Allah m’a fait don du meilleur cadeau et il s’agit d’un fils dont le visage ressemble à celui de Nabi Musa (as) et c’est pourquoi ai-je décidé de l’appeler Musa. »
C’est le seul Imam des Imams d’Ahlulbayt portant le nom d’un Prophète de Dieu autre que le Saint Prophète (saw). Ainsi, le père d’Imam Musa b. Ja’far (as) est Ja’far b. Muhammad (as); sa mère était Hamida et elle venait de l’Afrique du Nord. Quelqu’un pourrait se demander: « Pourquoi est-ce qu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) épousa une femme d’Afrique? Imam Ja’far as-Sadiq n’avait-il pas assez le choix de femmes à Médine? De plus, Imam Ja’far as-Sadiq (as) est un sayyed de la lignée d’Amir al-Mu’mineen (as); estce que les sayyeds ne sont pas supposés épouser que des sayyedas? »
Si Imam Ja’far as-Sadiq (as) pensait que les sayyeds ne doivent épouser que les sayyedas et que les Arabes ne doivent pas épouser les non-Arabes, pourquoi épousa t-il alors une femme de l’Afrique du Nord? Il aurait pu se dire tout simplement: « Je suis le fils de Muhammad al-Baqir qui est le fils de Zayn ul-Abideen qui est le fils d’Ali b. Hussein qui est le fils de Hussein qui est le fils d’Ali, je ne dois me marier que dans cette lignée. » Au contraire, Imam Ja’far as-Sadiq (as) épousa quelqu’un d’Afrique du Nord. Il soulignait le fait qu’en Islam, il n’existe rien de tel que de devoir se marier dans sa propre caste. Dans l’Islam, vous pouvez épouser quelqu’un qui est de votre religion mais qui vient d’un milieu culturel différent, quelqu’un qui pourrait être d’une race différente de la vôtre. Ainsi, l’Imam essayait de nous montrer que nous ne devons pas atteindre un niveau tel dans nos communautés qu’un iota même de racisme y règne.
Imam Ja’far as-Sadiq louait grandement Hamida. Il disait: « Allah est satisfait de Hamida et elle est satisfaite de ce que Allah lui a donné. » Il disait aussi aux femmes de Médine: « A chaque fois que vous avez une question à poser, ne me la posez pas à moi. Posez-la à ma femme Hamida car ma femme répond exactement comme moi. » Imaginez quel statut a du atteindre Hamida. C’est ainsi qu’une relation entre mari et femme doit évoluer, ensemble. Dans nos communautés, ou bien le mari est trop religieux et la femme, non ou alors la femme est trop religieux et le mari, non. Malheureusement, cela crée des tensions à la maison. Parfois, l’équilibre ne veut pas dire que tous deux doivent être religieux, mais que tous les deux essayent de devenir de plus en plus religieux. Malheureusement, aujourd’hui, nous sommes dans une telle situation où l’un est trop religieux et l’autre, pas du tout intéressé par la religion et bien sûr, cela crée des tensions à la maison. Lorsqu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) a épousé Hamida, il aurait pu dire tout simplement: « Je suis l’Imam. Je suis un savant. Toi, tu agiras comme épouse tout simplement. » Au contraire, sa relation avec elle était telle qu’il semblait dire: « Nous deviendrons religieux tous les deux; nous apprendrons l’un de l’autre; nous agirons l’un vis à vis de l’autre avec ce que nous comprenons de l’Islam. » Ainsi, lorsqu’on a une mère qui savait autant qu’elle et un père qui était un savant, forcément, le jeune Imam sera un homme de savoir aussi.
Son enfance
Imam Musa b. Ja’far (as), à l’âge de cinq ans, enseignait l’Islam à Abu Hanifa. Si vous allez au Pakistan ou en Inde et si vous demandez aux gens: « Quelle est votre jurisprudence? », ils vous répondront: « Nous sommes Hanafis. » Dites-leur: « Savez-vous que non seulement Imam Ja’far as-Sadiq (as) instruisait Abu Hanifa mais, lorsqu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) était occupé, Imam Musa b. Ja’far (as), alors âgé de cinq ans, répondait à ses questions à la place de son père? »
Abu Hanifa vint un jour chez Imam Ja’far as-Sadiq (as). Il frappa à sa porte et Imam Musa b. Ja’far (as) arriva. Lorsqu’il vint, Abu Hanifa lui dit: « Est-ce que ton père est là? – Oui, mais il est un peu occupé, dit Imam Musa b. Ja’far (as). – Je vais attendre alors, répondit Abu Hanifa. – Est-ce que je peux vous aider? – Non, non. Je pense que ton père pourra me répondre. – Non. Demandez-moi. – Très bien, jeune homme. Lorsque nous commettons un péché, est-ce Allah qui nous fait commettre le péché? Est-ce Allah et nous-mêmes? Ou est-ce seulement nous mêmes qui commettons le péché? – Oh Abu Hanifa! Si c’était Allah qui nous faisait commettre un péché, ce ne serait pas juste alors qu’Il nous mette en enfer alors qu’Il nous a fait commettre un péché. Et si c’est Allah et nous, dans ce cas aussi, ce ne serait pas juste que nous soyons punis alors qu’Il a participé au crime; ainsi, nous sommes ceux à qui le libre-arbitre a été donné. Nous pouvons nous éloigner du péché ou nous pouvons continuer à pécher. » Abu Hanifa était âgé lorqu’Imam Musa b. Ja’far (as) lui répondit à l’âge de cinq ans.
Une autre fois, Abu Hanifa vint voir Imam Ja’far as-Sadiq (as) et lui dit: « Ja’far b. Muhammad, j’ai vu votre fils Musa al-Kadhim prier aujourd’hui mais je ne crois pas qu’il sache prier correctement. » Imam Ja’far as-Sadiq (as) le regarda et lui dit: « Que voulez-vous dire? – Quelqu’un l’a dépassé pendant le salat et il n’a pas fait un signe de la main. » Lorsque vous dépassez nos frères dans l’Islam en salat, ne soyez pas surpris qu’ils lèvent la main ainsi. Ils le font car ils disent que l’on ne doit pas dépasser quelqu’un en salat. Imam Ja’far as-Sadiq (as) dit: « Oh Abu Hanifa! Pourquoi ne le lui apprendriez-vous pas? – Très bien, dit Abu Hanifa. » Il vint voir Imam Musa b. Ja’far (as) qui avait alors cinq ans. Il dit à l’Imam: « Jeune homme, je dois t’apprendre quelque chose à propos du salat. – Allez-y. – Lorsque quelqu’un passe à côté de toi alors que tu es en salat, tu dois étendre le bras et l’empêcher. Je viens de voir quelqu’un te dépasser et tu ne l’en as pas empêché. – Oh Abu Hanifa! Allah dit qu’Il est plus proche de moi que ma veine jugulaire; lorsque je priais, j’étais si concentré sur mon Dieu que je n’ai vu personne passer à côté de moi. »
Ainsi, dès son plus jeune âge, Imam Musa b. Ja’far (as), qui étudiait aux côtés de son père et de sa mère africaine, Hamida, pouvait accomplir des prouesses et c’est pourquoi beaucoup de gens étaient abasourdis face au jeune Imam Musa b. Ja’far (as).
Beaucoup l’aimaient car ils voyaient un jeune homme qui disposait de tout le confort terrestre mais qui se tournait vers Allah (swt). Le Saint Prophète (saw) disait: « Rien ne plaît à Allah plus que de voir un jeune se détourner de tous les interdits pour se tourner vers Allah (swt). »
Les gens disaient: « Lorsque nous passions devant cette petite maison, nous savions que le jeune Imam Musa b. Ja’far (as) était à la maison car on l’entendait réciter ses prières de sa plus belle voix et on pouvait voir les larmes couler de ses yeux et on pouvait l’entendre dire: ‘Ya Mohsin! Qad ata kal Musi’ (Oh celui qui fait le Bien et Toi qui est la Bonté, le pécheur est venu à Toi.' »
Imam Musa b. Ja’far (as) a vécu durant le règne de plusieurs califes. Il a vu le règne d’as-Saffah, al-Mansur, al-Hadi, al-Mehdi et Harun ar-Rashid. Tous ont vécu dans d’immenses palais dont certains sont encore visibles à Bagdad de nos jours. Certains palais s’appelaient Dar ur-Raqeeq, Qasr al-Ghul, Qasr ush-Shakiriyyah. Alors que les califes résidaient dans ces lieux, Imam Musa b. Ja’far (as) vivait dans une petite maison. Aujourd’hui, on peut se demander: « Quel palais décore Bagdad 1.200 ans après? » Maintenant, c’est le grand palais d’Imam Musa b. Ja’far (as) qui se trouve à Bagdad.
Le début de son Imamat
Imam Musa b. Ja’far (as) avait vingt ans lorsque son papa décéda. Lorsqu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) décéda, al-Mansur al-Dawaniqi tenta de lui jouer un tour pour mettre un terme à l’Imamat, ce qu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) avait anticipé et mis en échec. Lorsqu’Imam Ja’far as-Sadiq (as) décéda, al-Mansur al-Dawaniqi écrivit à son gouverneur à Médine: « J’ai ouïe dire que Ja’far b. Muhammad était décédé; trouvez qui il a désigné comme successeur après lui dans son wasiya et exécutez cette personne. » AlMansur al-Dawaniqi pensait que ces Imams devaient être tués pour sauvegarder son règne.
Le gouverneur à Médine s’appelait Sulayman. Il s’empara du testament d’Imam Ja’far as-Sadiq (as) et le lut pour voir quel nom était écrit. Il lut la liste de ses volontés et arriva enfin à la partie où il était écrit: « … et mes successeurs sont au nombre de cinq: alMansur al-Dawaniqi, Sulayman (le gouverneur de Médine et celui qui lisait le wasiya), Abdullah, Hamida et Musa b. Ja’far. » Sulayman se demandait à présent quoi faire puisqu’al-Mansur al-Dawaniqi avait ordonné d’exécuter quiconque était dans la liste. Il répondit donc à al-Mansur al-Dawaniqi qui attendait le message de Sulayman avec inquiétude. Lorsque le message arriva finalement, il dit: « Donnez-le moi vite. Vite! » Lorsqu’al-Mansur lut les noms, il se rendit compte qu’il ne pouvait pas exécuter qui que ce soit de la liste car il lui aurait aussi fallu trouver quelqu’un pour le tuer lui aussi.
Imam Musa b. Ja’far (as) était donc en sécurité et entama son Imamat à l’âge de vingt ans. Lorsqu’il commena son Imamat, la première chose que les gens remarquèrent fut que c’était un homme qui pouvait contenir sa colère aussi irrespectueux fût-on à son égard. Son titre était « al-Kadhim ». Un verset du Coran (3:34) dit: « Wal Kadhimin alghaiz… » « Khadhim », c’est celui qui retient sa colère dans un moment de difficulté.
Lorsqu’il reçut l’Imamat à l’âge de vingt ans, il y avait des gens qui l’insultaient et qui le maudissaient mais jamais de sa vie leur a t-il répondu. C’est pourquoi chacun de nous doit être un Kadhim, d’autant plus que nous avions un Imam qui l’a été. Combien d’entre nous ont un problème à maîtriser leur colère dans la vie? Demandez-vous alors: « Pourquoi ne suis-je pas comme mon Imam Musa b. Ja’far (as)? »
Un jour, alors qu’Imam Musa b. Ja’far (as) marchait, un homme s’approcha de lui et dit: « Maudits soyez vous et votre père! » Les compagnons d’Imam Musa b. Ja’far (as) voulaient s’attaquer à l’homme mais l’Imam dit: « Attendez, attendez, attendez… Laissez-le. » Deux jours plus tard, Imam Musa b. Ja’far (as) dit: « Comment pensez-vous que nous devrions aborder cet homme? » Il est important que lorsque nous entendons ces histoires des Ahlulbayt, nous mettons en oeuvre leurs qualités dans notre vie. Ils répondirent: « Imam, nous devrions le punir…. l’attaquer… lui retirer son… – Non, laissez-moi cet homme, dit-il. » Quelques jours après, l’Imam demanda où se trouvait cet homme et on lui dit qu’il était dans son jardin. Imam marcha en direction du jardin de cet homme. Lorsqu’il entra dans le jardin, cet homme le vit et dit: « Que faites-vous ici? Fils de… » Imam le regarda et lui dit: « Où est le mal? – Vous avez déjà abîmé mon jardin avec vos traces de pas. – Combien avez-vous dépensé pour ce jardin? – Cent dinars. – Combien espérez-vous en tirer? – Deux cents dinars. – Tenez! Prenez-les. »
Lorsque l’homme compta, il y avait exactement trois cents dinars. L’homme regarda Imam Musa b. Ja’far (as) et dit: « Mais voyez comme je vous ai maudits. J’ai maudit Ja’far as-Sadiq et je vous ai maudit. – Nous, les Ahulbayt, avons été instruits pour inculquer l’akhlaq pas seulement dans la vie des hommes en général mais dans nos vies aussi. J’aurais pu aisément vous répondre mais je veux que vous compreniez que l’humanité ne survivra pas si chacun de nous attaque l’un l’autre comme cela. » Les gens l’appelaient ainsi « al-Kadhim. »
Quelqu’un dit: « Wallah! Je le vis une fois chez lui quand quelqu’un renversa de l’eau sur toute sa robe et cette personne le regarda et dit: « Bismillah al-Rahman al-Rahim… wa’l Kadhimin al-ghaiz… – J’ai contenu ma colère, dit l’Imam. – Wal afeena an in-nas… – Je t’ai pardonné. – Wallah yuhibb al-muhsineen. – Je t’affranchis par amour pour Allah (swt). » Cette qualité d’Imam Musa b. Ja’far (as) était présente au début de sa vie et il avait besoin de cette même qualité lorsqu’il était en prison pendant plus de quinze ans. C’est par rapport à cette qualité que les gens le respectaient et apprenaient de lui. Si votre akhlaq est bien, les gens écouteront les connaissances que vous avez mais si vous avez des connaissances mais que vous n’avez pas d’akhlaq, personne ne vous écoutera.
Imam Musa b. Ja’far (as) toucha les gens par ses manières avant tout afin qu’ils sachent qu’il était sincère quand il dispensait son savoir.
Un jour, Imam Musa b. Ja’far (as) marchait; il passa à côté d’une maison où on jouait de la musique. Il vit une femme balayer à l’extérieur de cette même maison. Il lui dit: « Puis-je vous poser une question? – Allez-y. – Est-ce que le propriétaire de la maison est une personne libre ou un esclave? – Bien sûr qu’il s’agit d’un homme libre. – Il l’est sûrement, oui. Parce que s’il était un esclave, il saurait quel maître l’observe. » Elle l’entendit et se dit: « Je n’avais jamais vu les choses ainsi; si je suis vraiment un ‘abd’ (esclave d’Allah), alors à quel point je suis irrespectueuse de mon maître en mettant de la musique à la maison? »
Les récits racontent qu’elle rentra chez elle et son mari lui demanda ce qui s’était passé. Elle dit: « Oh! Je discutais juste avec quelqu’un dehors. – Qu’est-ce qu’il a dit? – Je ne sais pas. Il avait l’air de quelqu’un de modeste et il m’a juste posé une question. – Quelle question? – Il m’a dit: ‘Est-ce que le propriétaire de la maison est une personne libre ou un esclave?’ Je lui ait dit: ‘C’est un homme libre.’ – Qu’est-ce qu’il a dit alors? – Je l’ai entendu dire: ‘Oui, il est sûrement un homme libre parce que s’il était un esclave, il saurait que son maître l’observe.’ – Peux-tu me le décrire? – Oui. » (Il avait telle couleur de teint, une barbe, telle taille) « C’est Musa b. Ja’far! » Il sortit en courant sans même mettre ses savates. Il chercha Imam Musa b. Ja’far (as) jusqu’à le trouver. Il dit: « Oh Imam! Pardonnez-moi! Wallah! Je n’ai jamais songé à la musique comme vous l’avez décrit. Avant, j’entendais les gens dire que la musique était haram mais ça n’avait pas de sens pour moi. Comment puis-je jouer de la musique à la maison et me prétendre être serviteur d’Allah (swt)? – Ne t’inquiète pas! Si tu le regrettes et si tu fais tawba, Allah te pardonnera. »
Cette personne est grandement estimée chez les Soufis de nos jours. Ils l’appellent Bishr al-Hafi. Al-Hafi veut dire « celui qui marche pieds nus » en arabe. Ils l’appellent ainsi car il a couru pieds nus de sa maison pour rattraper Imam Musa b. Ja’far (as). Regardez la leçon qu’Imam Musa b. Ja’far (as) a donnée. Il ne lui a pas dit directement en face: « La musique est haram; tu seras puni si tu écoutes de la musique. » Non. Il sous-entendit subtilement: « Comment pouvez-vous dire en salat que vous êtes ‘abd’ de Allah alors que vous écoutez chez vous ceux qui s’opposent à Allah (swt)? Un article intéressant publié en 1990dans Islamic Culture est l’analyse de Hamid Algar sur l’Imam dans la tradition soufie.
La situation politique durant son Imamat
Cet aspect de l’Imam consistant à être « Kadhim » était utile dans sa vie car l’ampleur de l’oppression qui sévissait à l’encontre des Shi’as à l’époque était importante. Il n’y a jamais eu dans l’histoire islamique une période où les Shi’as d’Aal Muhammad étaient si opprimés que durant l’époque de l’Imamat d’Imam Musa b. Ja’far (as). Sous le règne des califes de son époque, les Shi’as ne pouvaient pas pratiquer leur foi ouvertement; ils devaient adopter le « taqiyya » qui consiste à cacher votre foi car vous êtes dans une situation de vie ou de mort. Beaucoup des grands compagnons d’Imam Musa b. Ja’far (as) ont dû recourir au taqiyya. Ibrahim al-Jofi, Ahmed al-Halabi et Ahmed al-Bazanti étaient quelques uns de ceux qui devaient cacher leur foi.
Ces califes terrorisaient quiconque était adepte d’Aal Muhammad. Imam ar-Ridha avait un hadith qui disait: « Mis à part les événements de Karbala, la pire tragédie qui a touché nos Ahlulbayt était la tragédie de Fakh. » Dabbal b. Ali al-Khuza’i a même écrit des vers sur les tombes de Fakh. Que s’est-il passé à Fakh?
Après le décès d’al-Mansur al-Dawaniqi, son fils Hadi devint calife. Hadi avait un gouverneur à Médine qui opprimait les Shi’as : il avait mis en place un système de papier à signer dans son palais – si vous étiez un Shi’i ou un Alid (un descendant d’Imam ‘Ali ou de Bibi Fatima (as)) résidant à Médine, vous deviez venir signer matin et soir tous les jours. Ainsi, il savait ce que vous faisiez et enregistrait chacun de vos mouvements. Il était obligatoire pour tous les Shi’is, homme, femme ou enfant, de venir matin et soir signer au palais. Imam Musa b. Ja’far (as) avait deux cousins: Hussein b. Ali al-Khair et Hassan al-Aftas. Ce gouverneur de Hadi captura Hassan al-Aftas et le fouetta deux cents fois en public pour être un adepte d’Ahlulbayt. Pour couronner le tout, il répandit des rumeurs à son propos comme quoi « parce que nous l’avons surpris en train de boire, nous avons dû le punir et nous avons dû faire défiler son corps sur un âne. » Hussein b. Ali al-Khair se rendit chez ce gouverneur et lui dit: « Ecoutez! Je sais que mon cousin ne buvait pas; de plus, la punition pour consommation d’alcool dans l’Islam est de quatre-vingts coups de fouet. Pourquoi l’avoir puni de deux cents coups de fouet? De plus, dans l’Islam, on ne fait pas défiler un corps sur un âne. – Qui êtes-vous pour me parler ainsi? dit le gouverneur. Vous et vos Shi’as, vous n’êtes même pas autorisés à pratiquer votre foi sous mon gouvernement! Sortez d’ici! »
Hussein b. Ali al-Khair décida de dire à tous les Shi’as de se soulever et de ne pas rester à regarder ce qui se passe. L’histoire raconte que Hassan al-Aftas détrôna le gouverneur et monta au sommet du palais du gouverneur et dit: « Hayya alas salat! Hayya alal Falah! Hayya ala khairal amal! Debout tout le monde! » La famille d’Aal Muhammad (saw) s’est soulevée sous le commandement de Hussein et de la soeur de Hussein, Zaynab. L’histoire s’est répétée cent ans après Karbala. Deux cent trente-deux membres d’Aal Muhammad (saw) se soulevèrent contre ces gens. Hussein dit à Zaynab: « Ma soeur Zaynab! Lorsque le sang t’arrive aux chevilles, alors, plonge ce papier qui liste les noms de nos adeptes dans le sang car nous ne voulons pas que nos adeptes soient capturés après notre décès. »
Lorsque Hussein s’est fait tuer, le gouverneur emmena tous les enfants d’Aal Muhammad qui survécurent à Bagdad pour y rencontrer le calife, al-Hadi. Tous ces enfants étaient assis devant al-Hadi. Imaginez tous les enfants des Ahlulbayt et les petits-enfants de Bibi Fatima (as), ils étaient tous en face d’al-Hadi. Il les regarda et dit: « Qui sont-ils? – Ce sont les petits-enfants de Fatima Zahra, lui répondit-on. – Oh! Ils sont de la famille de Musa b. Ja’far? – Oui. – Très bien! Apportez-moi une épée. – Qu’allez-vous faire? – Je veux qu’ils soient tous debout l’un à côté de l’autre et on verra combien de têtes je peux couper en même temps. »
Aujourd’hui, nous avons des fidèles d’Ahlulbayt qui disent: « Il est difficile pour moi d’être religieux. » En fait, ils n’ont aucune idée de ceux qui sont passés avant eux.
Al-Hadi prit son épée et il les exécuta tous, un par un. Imam ar-Ridha dit: « Mis à part la tragédie de Karbala, la pire tragédie qui nous a touchés est la tragédie de Fakh. »
Al-Hadi dit à tout le monde: « Je jure que tout ce soulèvement est dû à Musa b. Ja’far. » Abu Yusuf al-Qazi était là et il dit: « Non! Je peux jurer sur mes enfants que Musa b. Ja’far n’a dit à personne de se soulever. – Je vais trouver Musa b. Ja’far et je le tuerai! dit al-Hadi. » L’histoire raconte que Yaqtin (le père d’Ali b. Yaqtin, un grand compagnon d’Imam) dit à Imam Musa b. J’afar (as): « Imam! Soyez vigilant. Ce Hadi va vous trouver et vous tuer. – Laisse-moi faire le salat. » Après le salat, il récita dua Jawshan as-Sagheer et quand il eut fini, il dit: « A présent! Ne t’inquiète pas! Tu entendras qu’il est décédé très vite. » A peine l’Imam avait-il annoncé son décès qu’ils apprirent qu’il était décédé.
Après le décès d’al-Hadi, al-Mahdi occupa le poste de calife. Après lui, le pire calife, pour ce qui est de son traitement cruel à l’encontre d’un Imam d’Ahlulbayt, était Harun ar-Rashid. Si Harun apprenait que quelqu’un était membre des Shi’as, il était aussitôt exécuté.
Personne ne pouvait enseigner ou joindre un rassemblement shiite. La seule manière dont ils pouvaient le faire était, si, par exemple, un Shi’i vendait du beurre, pendant la vente, il instruisait les enseignements d’Ahlulbayt à un autre Shi’i. Dès qu’un garde de Harun ar-Rashid passait à côté d’eux, ils changeaient de conversation et disaient: « Très bien! Trois kilos de beurre? Tiens! »
Un autre compagnon d’Imam Musa b. Ja’far (as) était Ali b. Yaqtin qui était le ministre de Harun ar-Rashid. Au départ, lorsqu’Ali b. Yaqtin rejoignit les Ahlulbayt, il écrivit une lettre à Imam Musa b. Ja’far (as) et dit: « Imam, comment est-ce que nous, les fidèles d’Ahlubayt, accomplissons-nous le wudu’? » Imam lui écrivit: « Nous accomplissons le wudu’ en nous lavant le visage, puis les bras, puis, en nous essuyant la tête et enfin, en nous lavant les pieds. » Ali b. Yaqtin dit: « Lorsque j’ai lu la lettre, j’étais choqué qu’il dise « en nous lavant les pieds ». Nous ne lavons pas nos pieds. Nous essuyons nos pieds. Mais Imam Musa b. Ja’far (as) ne ferait pas d’erreur. Que dois-je faire? Dois-je les laver ou les essuyer? »
Quelqu’un était jaloux d’Ali b. Yaqtin et il dit à Harun ar-Rashid: « Je crois qu’Ali b. Yaqtin est un adepte de Musa al-Kadhim. – Pourquoi? demanda Harun ar-Rashid. – Parce que je l’ai entendu parler de lui et il en parlait d’une manière agréable. – Ali b. Yaqtin ne quitterait jamais mon camp. Ce n’est pas vrai. – Non! Je vous assure que si! – Très bien, dit Harun ar-Rashid. Je le saurai demain. – Comment, demanda l’homme. – Nous espionnerons Ali b. Yaqtin quand il fera son wudu’. » (Il y a un moment de votre vie où vous vous soumettez inconditionnellement à votre Imam ou vous choisissez et prenez ce que vous aimez et laissez ce que vous n’aimez pas. Ali b. Yaqtin avait lu la lettre où Imam Musa b. Ja’far (as) lui avait dit de laver alors qu’Ali savait qu’on devait essuyer; mais si votre Imam dit: « Lavez », alors vous devez laver.)
Harun ar-Rashid le regardait par la fenêtre. Ali faisait son wudu’. Il se lava le visage, les bras, s’essuya la tête, puis il y eut ce moment de vérité où il se dit: « Dois-je écouter mon Imam ou dois-je faire ce que je pense être correct? » Alors qu’il en venait au masah des pieds, il choisit d’écouter son Imam et se mit à laver ses pieds. Harun arRashid dit aussitôt à l’homme: « Je t’ai dit qu’il n’avait pas rejoint le camp de Musa alKadhim; regarde! Il se lave les pieds comme nous lavons nos pieds. » En diverses occasions, l’Imam orientait les gens ainsi.
Harun ar-Rashid mit l’Imam en prison pour deux raisons: Harun ar-Rashid regarda Imam Musa b. Ja’far (as) un jour et lui dit: « Pourquoi est-ce que vous, fils d’Ali b. Abi Talib, pensez-vous que vous êtes meilleurs que nous, fils d’Abbass? » Ils étaient cousins. Imam était de la lignée d’Abu Talib et Harun ar-Rashid était de la lignée d’Abbass. Abu Talib et Abbass étaient frères; mais parfois, des cousins peuvent se haïr.
Imam Musa b. Ja’far (as) dit: « Harun, nous venons d’Abu Talib et vous venez d’Abbass. Le père du Prophète, Abdullah vient du même père et de la même mère qu’Abu Talib tandis que la mère d’Abbass est différente. – Mais Abu Talib était décédé alors qu’Abbass était encore en vie, dit Harun ar-Rashid. Et Abbass avait hérité du Prophète et non Abu Talib. – Oui, mais c’est l’enfant du Prophète qui a hérité du Prophète et non son oncle. Nous sommes les fils de Fatima. Oh Harun ar-Rashid! Si le Prophète était venu demander votre fille en mariage, la lui auriez-vous donnée? – Oui! J’en aurais été honoré. – Mais moi, je n’aurais pas pu lui donner ma fille car il est le père de notre mère. Il ne serait jamais venu demander la main de ma fille. Ainsi, notre lignée est en connection directe tandis que la vôtre est en connection indirecte. »
Harun ar-Rashid n’était pas content d’entendre cela. Cela le rendit jaloux et il voulait répandre une rumeur à propos d’Imam Musa b. Ja’far (as). Il utilisa le frère de l’Imam, Isma’il pour répandre cette rumeur. Isma’il était le frère d’Imam Musa b. Ja’far (as) mais d’une autre mère et il était décédé avant Imam Ja’far as-Sadiq (as). Certains Shi’as pensent que parce qu’il était le fils aîné, il devrait être l’Imam après Imam Ja’far as-Sadiq (as) et même s’il était décédé, son fils devrait être l’Imam tandis qu’à l’école d’Ahlulbayt, ce n’est pas le fils aîné qui devient Imam mais celui que Allah choisit comme Imam.
Isma’il avait un fils appelé Muhammad. Yahya Barmaki dit à Ali: « Nous te paierons une belle somme si tu viens à Bagdad et si tu répands des rumeurs à propos de Musa b. Ja’far. » L’histoire raconte qu’avant que Muhammad b. Isma’il quitte Médine, Imam Musa b. Ja’far (as) demanda à son neveu: « Où vas-tu? – Je vais à Bagdad… J’ai des dettes à payer. – Ali, je paierai tes dettes. Tu n’as pas besoin d’aller à Bagdad. – Non, je veux y aller. Donnez-moi un conseil, mon oncle. – Ne sois pas la cause du sang versé chez moi et ma famille. Muhammad, voilà trois cents dinars. » Un des compagnons lui demanda: « Imam! Pourquoi lui avez-vous donné trois cents dinars? Vous savez ce que cet homme est sur le point de faire. – Le Prophète disait: ‘Veille à ta famille; si elle vous fait du mal plus tard, cela regarde Allah, pas vous’, répondit l’Imam. »
Muhammad fit tout le chemin jusqu’à chez Harun ar-Rashid. Une fois au palais, il vit Yahya Barmaki assis à côté de Harun. « Qu’y a t-il, Muhammad? dit Harun. – Vous connaissez ce Musa b. Ja’far? Il est assis à Médine et il amasse des armes et il est en train de monter une armée pour vous tuer. » Il fit tout ceci pour de l’argent. Harun ar-Rashid dit: « Vous les gens! Avez-vous entendu cela? – Oui. – M’autorisez-vous à le mettre en prison à présent? – Oui. » Muhammad b. Isma’il dit: « Puis-je avoir ma récompense maintenant? » Harun ar-Rashid lui donna une bourse. Lorsqu’il ouvrit la bourse, il vit qu’il y avait deux cents dinars dans la bourse alors que l’Imam lui avait donné trois cents dinars. En voyant les deux cents dinars, il n’arrivait pas à le croire et il s’étouffa et mourut sur place. Il avait laissé tombé son oncle et depuis, Harun ar-Rashid prit le contrôle de la vie d’Imam Musa b. Ja’far (as).
La vie d’Imam en prison
Imam Musa b. Ja’far (as) était conduit d’une prison à l’autre; il passa plus de quinze ans en prison. La première prison était à Basra; puis, ils l’emmenèrent à la prison de Qantara; puis dans la prison de Fadl b. Rabi’i. Lorsqu’Imam Musa b. Ja’far (as) entra en prison la première fois, ses premiers mots étaient: « Ya Allah! Toute ma vie, je T’ai demandé de m’accorder l’honneur de T’adorer en un lieu, seul. Je Te remercie à présent de m’avoir donné cet honneur. »
Lorsque l’Imam a été transféré à la prison de Fadl b. Rabi’i, Fadl dit à Ahmad alQazwini: « Ahmed! Viens avec moi dans ma prison », ce qu’il fit. Fadl lui dit: « Que vois-tu dans la prison? – Je vois une robe blanche, dit-il. – Non, non, non. Regarde de plus près. – Je vois une robe blanche. – Non. C’est Musa b. Ja’far en sujood. Tout le temps en prison, il est constamment en sujood. »
Harun ar-Rashid envoya la plus belle fille de toute l’Arabie dans la cellule d’Imam Musa b. Ja’far (as). Lorsqu’elle entra dans la cellule, elle dit à l’Imam: « Monsieur! Tout ce que vous voulez de moi, je vous le donnerai. » Il ne répondit pas. Elle lui demanda une deuxième fois et il ne répondit toujours pas. La troisième fois, elle dit: « S’il vous plaît! Tout ce que vous voulez, je vous le donnerai. C’est le calife qui m’envoie. » Elle raconte: « Il se retourna et me dit: ‘Madame! Pourquoi voudrais-je ce que vous m’offez alors que Allah m’a offert plus?' » Lorsque les gardes revinrent, ils virent Imam Musa b. Ja’far (as) en sujood et la femme derrière lui en sujood.
Harun ar-Rashid avait l’habitude d’envoyer des gens qui ne parlaient pas arabe pour éprouver et torturer l’Imam, mais ils finissaient eux-aussi par devenir Musulmans. Harun ar-Rashid leur demandait: « Qu’est-ce qui ne va pas chez vous? Vous étiez supposés tuer Musa b. Ja’far! – Cet homme commençait à nous parler dans notre langue et nous sommes devenus Musulmans en écoutant ses mots. » Fadl b. Rabi’i disait: « Comment puis-je torturer un homme qui jeûnait le jour et priait la nuit? »
Puis, ils transférèrent l’Imam à la prison de Fadl b. Yahya et vers la fin, ils l’envoyèrent à la prison de as-Sindhi. Bien que les autres prisons disposaient d’espaces exigus, la prison d’as-Sindhi se composait d’une fosse si étroite que l’on devait rester débout à l’intérieur. En haut du trou, ils plaçaient un rocher de telle sorte qu’on ne pouvait pas distinguer le jour de la nuit. Imam Musa b. Ja’far (as) disait aux gardes: « Je n’arrive pas à distinguer le jour de la nuit. Lorsque vous allez prier votre salat, je vous supplie de venir me le dire afin que j’essaie de faire mon salat. »
On raconte qu’un jour, ils retirèrent le rocher du sommet du trou une fois et Imam Musa b. Ja’far (as) essaya de regarder à l’extérieur pour une éventuelle lumière du jour. Tout à coup, un homme vint et le gifla et se mit à donner des coups de pied sur le visage d’Imam Musa b. Ja’far (as). Il y en a tellement qui se rendent sur la tombe d’Imam Musa b. Ja’far (as) mais ne verse pas de larme sur sa tombe parce que nous ne savons rien de sa vie. Aucun Imam d’Ahlulbayt n’a été aussi torturé qu’Imam Musa b. Ja’far (as). Bien sûr, il n’y pas de jour tel que celui vécu par Aba Abdullah mais il n’y a pas d’années telles que celles vécues par Imam Musa al-Kadhim (as).
Nous ne pouvons même pas imaginer à quel point ils ont dû torturer Imam Musa b. Ja’far (as) en prison. Généralement, un Imam a un seuil très élevé face à la douleur et aux difficultés, mais le dernier dua d’Imam Musa al-Kadhim en prison met en lumière son état. Il dit: « Ya Allah! Toutes ces années, je T’ai demandé de me permettre de T’adorer en toute solitude et je Te remercie de cet honneur mais Ya Allah! Je Te supplie de me libérer de la prison de Harun. »
Ali b. Su’ade raconte: « Je me suis rendu à la prison où se trouvait Imam Musa b. Ja’far (as) et je lui ai demandé: ‘Oh Imam! Quand sortez-vous? Vos Shi’as vous attendent! – Oh Ali, répondit l’Imam. Je serai dehors vendredi matin sur le pont de Bagdad.’ Je suis allé prévenir tous nos Shi’as qu’Imam Musa b. Ja’far (as) sera libéré et de nous réunir sur le pont de Bagdad vendredi. Vendredi, nous nous sommes rendus sur le pont de Bagdad et nous avons entendu un homme crier: ‘Il y a un janaza ici!’ Lorsque nous nous sommes approchés, nous avons vu un corps allongé à même le pont de Bagdad. Nous nous sommes approchés vers le corps en nous demandant qui cela pouvait être. Lorsque nous étions plus près, nous avons vu qu’il s’agissait du corps d’Imam Musa b. Ja’far (as) qui gisait sur le pont. Il y avait un médecin chrétien avec nous et je lui ai dit: ‘Allons voir ce corps.’ Lorsqu’il est venu voir le corps, il a demandé: ‘Est-ce que cet homme avait de la famille? – Pourquoi? – Parce qu’elle devrait exiger le prix du sang. – Pourquoi? – Car le poison s’est propagé dans tout son corps.' »
Sheikh Ahmed al-Waeli est un des grands réciteurs de l’histoire islamique et il raconte son expérience: « Un jour à Bagdad, je suis rentré chez moi et j’ai vu ma femme et ma fille pleurer. Je leur ai demandé pourquoi elles pleuraient et ma femme me dit que ma fille jouait avec un verre qui s’est cassé et un morceau de verre lui est entré dans l’oeil et tout son oeil a été coupé. J’ai couru voir un médecin qui l’a examiné et m’a dit qu’elle ne pourrait plus jamais voir de cet oeil. J’ai dit aussitôt: ‘Je vais sur la tombe d’Imam Musa b. Ja’far (as) à Bagdad!’ J’allais là et je restais devant la tombe et j’ai dit: ‘Oh Imam! J’ai dit que tu étais Bab ul-Hawa’ij! Montre-le moi maintenant! L’oeil de ma fille est coupé et elle ne peut pas voir.’ Je suis retournée à la maison et ma femme souriait. Je lui ai dit: ‘Qu’est-ce qu’il y a? – Regarde ta fille, me dit-elle.’ Je regardais ma fille j’ai vu que son oeil s’était rétabli. Ce jour-là, j’ai réalisé ce que voulait dire Bab ul-Hawa’ij. Lorsque le médecin chrétien vit la fille à nouveau, il dit: ‘Je n’arrive pas à le croire que son oeil se soit rétabli ainsi!' »
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad