
Imam Muhammad ibnou ‘Ali (as)
Imam Muhammad al-Baqir (as) est né le 1er Rajab de l’an 57 après l’hégire et il est décédé le 7 Dhul Hijja de l’an 114. Il est considéré comme un colosse de la connaissance islamique et un élément phare quant à chacune des sciences islamiques. C’est un homme dont on peut tirer beaucoup de leçons, en particulier dans le domaine de la jurisprudence, de la théologie et de l’éthique et beaucoup d’exemples peuvent être tirés de cet homme qui était responsable de l’expansion et de la dissémination de plusieurs des enseignements du Prophète (saw). Malheureusement, la vie d’Imam Muhammad b. Al-Baqir n’a pas été étudiée comme elle devrait l’être car beaucoup ignorent son rôle parmi les Ahlulbayt et beaucoup n’ont pas compris la somme de savoir qu’il a répandu durant sa vie.
Si vous demandez à plusieurs personnes de vous parler de la vie d’Imam Muhammad al-Baqir (as), vous verrez qu’elles sont plus à même de vous parler de son fils, Imam as-Sadiq (as) mais ne sont pas capable d’établir son propre rôle ou le changement qu’il a apporté lui-même dans les sciences de la religion de l’Islam. Le dernier livre d’Arzina Lalani met en lumière sa contribution. En analysant sa vie, vous verrez que l’école d’Ahlulbayt s’est solidifiée et cristallisée du temps d’Imam Muhammad al-Baqir (as).
Sa naissance
Sa mère était Fatima, la fille d’Imam al-Hassan (as) et son père, Imam Zayn ulAbideen (as), fils d’Imam Hussein (as). Son grand-père d’un côté était Imam al-Hassan (as) et son grand-père de l’autre côté était Imam Hussein (as).
Sa mère Fatima, la fille d’Imam al-Hassan (as) était une des épouses les plus pieuses et dévouées des Imams d’Ahlulbayt. Les récits disent que nul n’égalait Fatima bint Hassan (as) en termes de beauté. Imam al-Hassan (as) avait donné à sa fille un titre qui lui convenait bien. Son titre était « Sideeqa ». Ce titre était bien sûr celui de Fatima Zahra (as) et ce titre perdura chez Fatima, la fille d’Imam al-Hassan (as). A maintes occasions, Imam Muhammad al-Baqir (as) disait: « Ma mère Fatima, son titre était ‘Sideeqa’, elle était véridique à chaque aspect de la vie. » La mère d’Imam Muhammad alBaqir (as) était connue pour sa véracité dans ses propos, dans son comportement, dans la confiance qu’on lui attribuait et dans les domaines religieux; il n’y avait personne comme elle dans toute la ville de Médine qui soit connu pour sa nature véridique. Son titre était « Umm Abdullah ». Fatima donna à Imam Zayn ul-Abideen deux fils: Muhammad b. Ali al-Baqir (as) et Abdullah al-Bahir, le frère d’Imam Muhammad al-Baqir (as) était appelé Abdullah al-Bahir à cause de sa beauté. On disait: « Des fils de Zayn ul-Abideen, nul n’est aussi beau qu’Abdullah al-Bahir.
A présent, quelqu’un pourrait demander: et qu’en est-il de Zayd, le fils d’Imam Zayn ul-Abideen (as)? De qui est-ce le fils? C’est le fils de l’épouse d’Imam Zayn ulAbideen originaire de Sindh dans le subcontinent indo-pakistanais. Autrement dit, des épouses d’Imam Zayn ul-Abideen (as), Fatima bint Hassan lui donna Muhammad alBaqir et Abdullah al-Bahir.
Ses expériences dans l’enfance
Imam Muhammad al-Baqir (as) est né dans des circonstances très difficiles. Il est né en l’an 57 après l’hégire, vers la fin du califat de Mu’awiya b. Abu Sufyan. Mu’awiya avait atteint une situation telle qu’il avait une emprise totale sur l’empire islamique. Nul ne pouvait se mesurer à son pouvoir. Les récits disent qu’il a tué plusieurs des compagnons d’Amir al-Mu’mineen (as) et plusieurs des compagnons d’Imam al-Hassan (as). Il a tué des gens comme Hujr b. Adi al-Kindi, Rushaid al-Hajari, Amr b. Hamaq alKhuza’i. Il a aussi mis la pression sur plusieurs grands compagnons tels que Maytham atTammar, Habib b. Mudhahir et Mukhtar al-Thaqafi.
Beaucoup pensaient qu’à son décès, Mu’awiya redonnerait les rênes du pouvoir à Imam al-Hussein (as). Pourquoi? Parce que Mu’awiya avait signé un traité avec Imam alHassan (as) qui stipulait que le califat serait rendu à l’Ahlulbayt. Mais Mu’awiya désigna Yazid comme successeur. Comme nous le savons, Mu’awiya avait dit à Yazid: « Méfie-toi de quatre personnes: Abdur Rahman b. Abu Bakr, Abdullah Omar, Abdullah b. Zubair et Hussen b. Ali. » Yazid s’assura que deux d’entre ces hommes demeurent silencieux en politique tandis que l’autre s’isola de lui-même et, comme nous le savons, Imam Hussein (as) se dressa contre lui sur les plaines de Karbala avec sa célèbre phrase: « Un homme comme moi ne prêtera pas allégeance à un homme comme lui. »
Lorsqu’Imam Hussein (as) s’est fait tuer le dix Muharram, Imam Muhammad alBaqir (as) avait trois ans et demi et se trouvait à Karbala. Généralement, en tant qu’enfant, vous voulez que vos expériences à ce jeune âge soient des expériences de chaleur, de confort et de joie. Vous ne voulez pas être, à trois ans et demi, dans un environnement où vous assistez à un évenement tel que celui de Karbala. Mais Imam Muhammad al-Baqir (as), à l’âge de trois ans et demi, était assis dans la tente de son père, Imam Zayn ul-Abideen (as) à la fin de la journée du dix Muharram. Vous vous imaginez qu’à cet âge, il n’a peut-être pas forcément vu ce qui se passait dehors, mais la première chose qu’il vit, c’était son père très malade sur son lit. La deuxième chose qu’il vit, c’était sa tante Zaynab courir d’une tente à l’autre alors que les tentes prenaient feu. Imam Muhammad al-Baqir (as) a du aussi courir car les chevaux galopaient au milieu des enfants d’Ahlulbayt. Ainsi, Imam Muhammad al-Baqir (as) a du être témoin de ce qui se passait à Karbala sous ses yeux et il a du assister à l’oppression qui s’ensuivit. On l’avait enchaîné avec Ruqayya et Sukayna bint Hussein. Imam Muhammad al-Baqir (as) et les autres enfants d’Ahlulbayt étaient enchaînés ensembles et conduits de Karbala à Kufa et de Kufa à Sham.
A Sham, Imam Muhammad al-Baqir (as) prononça ses premiers mots dévoilant son savoir devant Yazid. Jusqu’à cette étape, personne n’avait vraiment demandé qui était ce garçon. Ils faisaient référence à lui comme Muhammad b. Ali et ils se disaient que c’était juste un Muhammad comme un autre. A cette époque, il n’avait pas de titres car il n’avait que trois ans et demi. Yazid, assis sur son trône, observa Sukayna et Ruqayya et il observa Bibi Zaynab, Umm Kulthum et Rubab. Il dit alors: « Je crois que le mieux à faire vous concernant est de vendre certaines d’entre vous comme esclaves et le reste, nous les tuerons une par une. » Le silence s’installa.
Tout à coup, quelqu’un se mit à parler: « Oh Yazid! Lorsque Pharaon était au pouvoir et qu’il arrêta Musa et Harun, Pharaon a au moins demandé à son peuple: ‘Que devons-nous faire d’eux?’ et le peuple dit: ‘Laissez-les s’en aller et vivre loin d’ici’, alors que vous, Yazid, vous n’avez aucun respect pour la famille de l’homme qui a apporté cette religion. » Les gens regardèrent autour d’eux et Yazid dit: « Qui a dit ça? » C’était Imam Muhammad al-Baqir (as) alors âgé de trois ans et demi. Yazid dit: « Quel âge a cet enfant? – Trois ans, lui répondit-on. – Comment s’appele t-il, demanda Yazid. – Muhammad b. Ali b. Hussein. – Quel Ali b. Hussein? Nous avons tué Ali b. Hussein. – Non, c’était Ali al-Akbar. Il s’agit ici de Ali Zayn ul-Abideen. – Il me parle ainsi à trois ans et demi? »
Il voulait faire quelque chose mais il se dit que ce serait de la lâcheté de gifler un enfant de trois ans et demi. Il le laissa donc tranquille. Beaucoup de personnes réalisèrent que ce petit garçon n’était pas un garçon ordinaire car être capable de répondre à un calife avec une telle culture était extraordinaire. Il n’était pas extraordinaire parce qu’il avait trois ans mais surtout, comment peut-on savoir à propos de Pharaon, de Musa et de Harun à cet âge? Qui pourrait dire à cet âge: « Pharaon dit à Musa et Harun… » Normalement, vous devez étudier ces histoires pendant des années avant d’avoir ce genre de connaissances. Imam Muhammad al-Baqir (as), à l’âge de trois ans, parlait déjà ainsi à Yazid.
Lorsque Yazid les libéra, Ils partirent pour Karbala puis retournèrent à Médine. Imam Muhammad al-Baqir (as) vécut sous le joug de son père, Imam Zayn ul-Abideen (as) pendant quelques années à Médine. Les récits disent qu’il y avait un homme à Médina qui l’attendait pour lui donner les salams du Prophète (saw).
La signification de son nom « al-Baqir »
Il y avait un homme vivant à Médine à l’époque qui s’appelait Jabir .b. Abdullah alAnsari. Jabir était l’un des plus vieux compagnons du Prophète (saw) encore en vie. Il a vécu jusqu’à l’âge de quatre-vingt dix ans et selon d’autres rapports, jusqu’à l’âge de quatre-vingt treize ans. Le père de Jabir, Abdullah et son grand-père, Amr étaient parmi les plus généreux et riches hommes de Médine. Ils avaient une maison où se trouve Masjid ul-Qiblatayn aujourd’hui. Le père de Jabir, Abdullah al-Ansari était connu pour sa générosité au point qu’il donnait tant qu’il s’est lui-même endetté. Il disait aux gens de Médine: « Oh habitants de Médine! J’ai entendu qu’un homme annonçait qu’il était prophète à la Mecque mais les gens de la Mecque ne veulent pas de lui. Allons le voir et l’accueillir chez nous. »
C’est pourquoi lorsque le Prophète (saw) arriva à Médine, une des personnes les plus hospitalières vis à vis du Prophète (saw) fut Abdullah al-Ansari, le père de Jabir. Lors de la bataille de Badr, Jabir qui n’avait alors que dix-neuf ans à l’époque, vint voir son père et lui dit:
« Mon père! Je veux me battre aujourd’hui. – Non, dit son père. – Pourquoi? demanda Jabir. – Tu as neuf grandes soeurs. Tu devras veiller sur elles si je venais à mourir. » Jabir alla alors voir le Prophète (saw) et lui dit: « Oh Prophète! Je veux me battre à vos côtés à la bataille de Badr mais mon père ne me donne pas l’autorisation. » Le Prophète (saw) regarda Jabir et lui dit: « Pourquoi? – Car j’ai neuf soeurs. – Jabir, dit le Prophète. Tu dois veiller sur elles. – Oh Prophète! dit alors Jabir. Quel rôle puis-je avoir dans la bataille de Badr? – Jabir! Porte l’eau aux soldats. C’est une forme d’amour envers Allah dans cette bataille. »
Puis, dans la bataille d’Uhud, le père de Jabir s’est fait tuer. Hind, la mère de Mu’awiya, mutila deux corps lors de la bataille d’Uhud: celui de Hamza et celui du père de Jabir. Ils coupèrent leurs corps en morceaux. Jabir était si proche des Ahlulbayt que hadith al-Kisa est rapporté par Jabir b. Abdullah al-Ansari. Jabir était un compagnon du Prophète (saw), d’Imam Ali (as), d’Imam al-Hassan (as), d’Imam Hussein (as) et d’Imam Zayn ul-Abideen (as). Le Prophète (saw) avait dit à Jabir: « Oh Jabir! Un jour, tu rencontreras un jeune homme qui portera le même nom que le mien, qui aura les mêmes attributs que les miens et qui aura un visage dont émanera une lumière (noor) et qui sera muni de sagesse et de savoir comme nul autre. Il s’appellera al-Baqir. Ne manque pas de lui faire part de mes salams. »
Jabir restait assis devant la mosqué du Prophète (saw) en disant: « Où est alBaqir? Où est al-Baqir? » Les gens passaient devant Jabir et disaient: « L’âge a gagné Jabir… Jabir devient sénile… Jabir ne raconte que des histoires! »
Les récits racontent qu’un jour, Imam Zayn ul-Abideen (as) amena Muhammad b. Ali (as) et dit à Jabir: « Oh Jabir! Quelqu’un veut vous voir. » Jabir était devenu aveugle vers la fin de sa vie. Jabir orienta son regard en direction de la voix de l’Imam. Lorsque quelqu’un est aveugle, son ou ses autres sens deviennent plus précis. Jabir le toucha et dit: « J’entends les pas du Prophète qui s’approchent. Qui est-ce? – C’est Muhammad b. Ali, dit Imam Zayn ul-Abideen (as), celui que vous appelez alBaqir. » Jabir prit Imam Muhammad al-Baqir (as) sur ses genoux et dit: « Je veux embrasser tes mains et tes pieds. Ton grand-père, le Prophète m’avait dit: ‘Oh Jabir! Transmets mes salams à Muhammad al-Baqir (as) et sache que c’est al-Baqir car il répandra le savoir complètement. »
Baqir vient du mot « baqr ». Lorsqu’un fermier laboure la terre ou sillonne le sol, on appelle ce processus « baqr ». Comme Imam Muhammad al-Baqir (as) labourait, sillonnait, analysait scrupuleusement et répandait le savoir, ils l’appelaient « al-Baqir ». Parfois, ils l’appelaient « Baqir al-Uloom », celui qui répand, analyse et dissémine le savoir. C’est une leçon pour nous aujourd’hui. Nous, qui nous revendiquons être les adepts d’Imam Muhammad al-Baqir (as), répandons-nous le savoir? Analysons-nous le savoir? Disséminons-nous le savoir?
Certains ont entendu Jabir faire référence à Imam Muhammad al-Baqir (as) comme « al-Baqir » et ils se mirent à se moquer d’Imam Muhammad al-Baqir (as) par jalousie. Une personne marchait un jour et vit Imam Muhammad al-Baqir (as) et dit: « Baqar! » « Baqar » ne veut pas dire la même chose que « Baqr ». « Baqar » signifie « vache » comme dans la sourate Baqarah dans le Coran. Imaginez-vous! Appeler Imam Muhammad alBaqir (as) « vache » en face de lui. Imam Muhammad al-Baqir (as) regarda vers cette personne et lui dit: » Non! Mon titre est al-Baqir. – Ta mère! ajouta l’homme. Elle n’est qu’une cuisinière. Rien de plus! – C’est son métier, répondit l’Imam. – J’ai entendu que ta mère était noire! Quelle honte! – Si tu dis vrai, qu’Allah te pardonne. Et si tu mens, qu’Allah te pardonne aussi! »
Ainsi, les gens entendaient qu’on l’appelait « al-Baqir » alors que d’autres se moquaient de lui pour l’appeler « Baqar » ou « Baqarah » et Imam Muhammad al-Baqir (as) leur répondait avec akhlaq. Il était patient jusqu’à ce qu’il répande le savoir.
La situation politique à l’époque
Les récits nous disent donc que la raison pour laquelle on le surnommait Baqir était que, à une époque où plusieurs différentes écoles de connaissance voyaient le jour, les gens allaient vers lui lorsqu’ils avaient besoin d’examiner ou de comprendre quelque chose.
A son époque, en tant qu’Imam, Imam Muhammad al-Baqir (as) fit face à cinq califes des Bani Ummayah. Certains d’entre eux étaient les plus irreligieux qu’on pourrait jamais trouver. Dans certains cas, leur irreligiosité rendait service en fait à l’Imam qui pouvait répandre son message pendant qu’ils se souciaient du monde des femmes, de la musique et du luxe. Imam Muhammad al-Baqir (as) se disait: pendant que ces gens sont occupés ailleurs, répandons le message d’Aal Muhammad.
Il y avait différents types de califes à l’époque. Abdul Malik b. Marwan employa Hajjaj b. Yusuf al-Thaqafi comme gouverneur. Hajjaj disait: « J’aurais aimé être là le dix Muharram; j’aurais pu être ainsi l’homme à décapiter le petit-fils du Prophète. » Qui nomme un tel homme comme gouverneur? Les livres d’histoire parlent d’Abdul Malik b. Marwan comme « le grand calife de l’Islam ».
A l’Eid ul-Adha, alors que les Musulmans sacrifient des animaux, Hajjaj b. Yusuf disait: « Que font les gens pour l’Eid ul-Adha? – Ils sacrifient des animaux, lui répondit-on. – Très bien! Amenez-moi tous ceux qui se prénomment Ali, Hassan et Hussein afin que je les sacrifie aussi. »
Imam Muhammad al-Baqir (as) avait aussi du faire face à quelqu’un comme Sulayman b. Abdul Malik. Lorsqu’on dit à Sulayman b. Abdul Malik de mener la Salat ulJum’a, car les gens attendent de leurs califes qu’ils conduisent la prière, il les regardait et disait: « Vous plaisantez? J’ai deux femmes dans ma chambre en ce moment-même et vous voulez que je sorte prier? Trouvez quelqu’un d’autre pour conduire Salat ul-Jum’a. » Ce calife avait deux filles qui l’accompagnaient tout le temps. Une s’appelait Sallama et l’autre Habbaba. Sulayman b. Abdul Malik gardait Habbaba à côté de lui et à l’heure de Salat ul-Jum’a, il chantait des vers et disait: « Pendant que tous ces gens se baissent pour prier, je profite de la belle vie avec Sallama et Habbaba.
Un jour, Allah leur inculqua une leçon. Abdul Malik b. Marwan mourut d’une maladie où, s’il buvait de l’eau, il mourrait. Pendant la Salat ul-Jum’a, alors que Sulayma b. Abdul Malik était assis avec ses femmes, il apporta une grenade et dit: « Mangez, mangez, appréciez. » Alors qu’elles mangeaient toutes les deux une grenade, l’une d’entre elle s’étouffa avec une graine de grenade et mourut. En voyant cela, il tomba sur elle et il décéda aussi.
Imam Muhammad al-Baqir (as) savait qu’il y avait de tels califes et il profita au mieux de la situation pour répandre le savoir d’Aal Muhammad. Plusieurs nouvelles écoles de pensée commencèrent à se développer du temps d’Imam Muhammad al-Baqir (as). Imam Ali (as), Imam Hassan (as) et Imam Zayn ul-Abideen (as) n’avaient pas pu répandre les enseignements du Prophète à leur époque respective car la pression était forte. Imam Muhammad al-Baqir (as) est celui qui a commencé à répandre les enseignements du Prophète dans l’école d’Ahlulbayt.
Il s’asseyait à la mosqué du Prophète (saw) et répandait les propos du Prophète (saw) autour de lui. Les gens avaient entendu Jabir dire: « Cet homme est al-Baqir »; beaucoup de gens venaient poser plein de questions à Imam Muhammad al-Baqir (as). Les récits disent que beaucoup de gens se mirent à déclarer: « Nous avons entendu ceci du Prophète… Nous avons entendu cela du Prophète… », et plusieurs écoles surgirent dans l’Islam. Il y avait par exemple une école appelée « Murje’ah » du temps d’Imam Muhammad al-Baqir (as). Les adeptes de cette école disaient: « Vous nous pouvez pas dire qu’un calife est mauvais parce qu’il boit de l’alcool car vous ne savez pas ce qu’il a dans le coeur. » Une autre école appelée « Khawarij » existait. Il s’agissait de ceux qui s’étaient battus contre Imam Ali (as) à Nahrawan. Cette école existait aussi du temps d’Imam Muhammad al-Baqir (as). Une autre école appelée « Mutazila » discutait de la prédestination et du libre-arbitre et de la position du Musulman pécheur dans l’état islamique.
Autrement dit, à cette époque de l’Islam, beaucoup de gens étaient perdus et ne savaient pas qui suivre.
Certaines de ses discussions académiques
Dans toute cette confusion, la plupart des gens décidèrent d’aller étudier auprès d’Imam Muhammad al-Baqir (as) dans l’université qu’il fonda à Médine. C’est pourquoi Imam Muhammad al-Baqir (as) et Imam Ja’far as-Sadiq étaient surnommés « alBaqirayn ». Parfois, on parle d’eux aussi comme « as-Sadiqayn ». Imam as-Sadiq dit: « Le plus grand professeur que j’ai eu dans ma vie était mon père Muhammad b. Ali al-Baqir (as). » De plus, il disait: « Je n’ai pas fait d’études islamiques seulement auprès de mon père; nous avons étudié l’astronomie, la cosmologie, la géographie, la philosophie et la pensée et la mythologie grecque. » Imaginez-vous! Imam Muhammad al-Baqir (as) n’enseignait pas seulement la jurisprudence islamique, ou la théologie islamique ou les principes islamiques. Imam Muhammad al-Baqir (as) voulait montrer aux gens que toutes les sciences valent la peine qu’on les étudie dans l’Islam. Vous n’avez pas à apprendre que fiqh ou hadith ou le Coran. On doit étudier tous les domaines.
Les gens venaient voir Imam Muhammad al-Baqir (as) pour lui poser toute sorte de questions, que ce soit par rapport au Coran, ou une question juridique, historique, un hadith ou par rapport à l’Imamat. Quelqu’un est venu le voir par exemple pour lui dire: « Oh Imam! Nous avons une question que nous avons posée à bien des savants mais personne n’est parvenu à nous répondre. Vous êtes Muhammad al-Baqir! Vous fendez le savoir en deux! Pouvez-vous nous répondre? – Je vous écoute, dit l’Imam. – Chapitre 21, verset 30 dit: ‘Ceux qui ont mécru, n’ont-ils pas vu que les cieux et la terre étaient fermés et Nous les avons ouverts?’ Qu’est-ce que cela veut dire que les cieux étaient fermés et qu’on les a ouverts? – Lorsqu’Allah (swt) envoya Adam sur terre, il n’y avait pas de végétation car il ne pleuvait pas. Allah a ouvert les cieux pour permettre à la pluie de tomber et pour que les plantes puissent pousser sur la terre fertile. – Merci. »
Muammar al-Laithi, un célèbre savant à l’époque, vint voir Imam Muhammad alBaqir (as) et lui dit: « Oh Muhammad! Nous avons une question concernant la loi islamique. – Je vous écoute. Quelle est votre question? – Est-ce que vous, les Imamis, croyez au mut’ah (le mariage temporaire)? – Oui. – Mais ne pensez-vous pas que le mut’ah est une sorte de zina? – Le Prophète (saw) n’aurait pas sanctionné une sorte de zina car le Coran dit clairement dans le verset 24 du chapitre 4: ‘Et (toutes) celles des femmes qui sont protégées (mariées) (vous sont proscrites) sauf si elles sont vos esclaves. Prescription d’Allah sur vous! A part cela, il vous est permis de les rechercher en vous servant de vos biens et en concluant un mariage et ne commettant point la fornication. Quant à celles dont vous jouissez (par le mut’ah), donnez-leur leur mahr comme une chose due. Il n’y a aucun péché contre vous à ce que vous concluiez un accord quelconque entre vous après la fixation du mahr. Allah est certes Omniscient et Sage.’ A l’époque du Prophète (saw), il y avait des compagnons tels que Jabir b. Abdullah et d’autres; lorsqu’ils étaient loin de chez eux, il fallait satisfaire leurs désirs. Ils disaient donc: ‘Oh Prophète! Peut-on contracter un mariage temporaire?’ et le Prophète (saw) leur dit: ‘Oui.’ – Laisserez-vous les femmes chez vous le faire? – Tout d’abord, si vos femmes sont vierges, vous devez obtenir la permission de leur père (Le mut’ah ne se contracte pas comme ça… Il y a une loi à ce propos). Oh Muammar! Si un homme de Médine qui tricote vient demander votre fille au mariage, laisserez-vous votre fille l’épouser? – Non! Je ne donnerai pas ma fille à quelqu’un qui tricote. – Mais n’est-ce pas halal? – Si. – Donc, ce n’est pas parce que c’est halal que vous devez absolument le faire. Il en est de même avec nous. Mut’ah est halal mais cela ne veut pas dire que mut’ah est wajib. »
Il y a une différence de taille là. Le fait que ce soit halal tout simplement ne veut pas dire que tout le monde le fait. Quand vous venez demander: « Est-ce que ta soeur le ferait? », c’est comme si vous sous-entendiez qu’il est wajib pour ma soeur de le faire. Non! C’est facultatif. Muammar repartit tête baissée. Un jour, un groupe d’historiens vinrent voir Imam Muhammad al-Baqir (as) et lui dirent: « Oh Muhammad b. Ali! Nous avons une question à laquelle personne n’a pu répondre. – De quoi s’agit-il? – La question est la suivante: Quel est le premier de nos ancêtres à avoir parlé l’arabe? – La première personne à avoir parlé cette langue est le Prophète Isma’il (as). Le Prophète Isma’il (as) a grandi à la Mecque et il était donc le premier à s’exprimer dans cette langue.
Un autre groupe vint voir l’Imam et lui dit: « Oh Imam! Vous savez que Satan est l’ennemi de tous les Prophètes? – Oui. – Est-ce que le Satan a déjà eu une conversation avec l’un de nos Prophètes? – Oui. – Qui? – Satan a eu une conversation avec le Prophète Nuh (as). – Et quel était l’objet de leur conversation? – Satan est venu voir le Prophète Nuh et il lui dit: ‘Oh Prophète Nuh! Je vais te faire un cadeau car tu m’as rendu un grand service.’ Le Prophète Nuh regarda Satan et lui dit: ‘Comment cela? – En priant Allah de retirer tous ceux qui oppriment la religion. Allah les a donc retirés et je n’avais donc rien à faire dans ta génération, lui répondit Satan. – Quel est le cadeau que tu vas donc me faire? lui demanda le Prophète Nuh. – Je vais te donner trois conseils. – Lesquels? – Souviens-toi de moi à trois moments précis: je serai toujours là. – Quand? – Lorsque tu es en colère, souviens-toi que je suis toujours debout à côté de toi, veillant à te rendre encore plus en colère. (Combien de fois, quand vous êtes en colère, entendezvous une voix qui vous dit: ‘Vas-y! Frappe-le! – alladhi yuwaswas fi sudur al-nas – celui qui sussure dans le coeur des hommes). Lorsque tu es sur le point de faire une donation, sache que je suis là à te chutoter: ‘Ne donne pas; ne donne pas.’ Et lorsque tu es seul avec le sexe opposé, sache que je suis le troisième.' »
Imaginez cette école à Médine où Imam Muhammad al-Baqir (as) avait des milliers d’étudiants sous sa responsabilité. Quelqu’un d’autre viendrait et dirait à Imam Muhammad al-Baqir (as): « Vous, Imams, vous déclarez que vous être infaillibles. – Oui. – Quelle preuve avez-vous? – Pourquoi est-ce que les être-humains commettent des péchés? – Je ne sais pas. Dites-le moi.
– Il y a quatre raisons pour lesquelles ils commettent des péchés: c’est ou bien du à la colère, ou par convoitise ou pas jalousie ou par avidité. Pourquoi serions-nous avides lorsque Allah nous a donné la connaissance qu’Il nous a donnée? Pourquoi serions-nous jaloux alors que nous sommes les petits-enfants du Prophète? Pourquoi convoiterionsnous autre chose alors que Allah nous a honorés du Saint Coran? Et pourquoi nous mettrions-nous en colère alors que Allah (swt) a permis au message de la prophétie d’être véhiculé dans notre lignée? Ainsi, une personne commet généralement un péché par convoitise, sous la colère, par jalousie ou par avidité. Allah nous a tant donné que ces quatre choses n’ont pas d’impact sur notre vie. »
Ainsi, Imam Muhammad al-Baqir (as) répandait le savoir et plusieurs de ses étudiants se démarquèrent de son école. Des gens tels que Zurara, Hamran et Jabir b. Yazid al-Jofi se distinguèrent et continuèrent de répandre ses propos partout mais les califes de l’époque restaient insensibles. Un calife toutefois fut touché dans un bon sens alors qu’un autre a été touché dans un mauvais sens.
Umar b. Abdul Aziz était un calife omeyyade qui a été positivement influencé par Imam Muhammad al-Baqir (as). Le beau-père d’Umar b. Abdul Aziz était Abdul Malik b. Marwan. Il était l’arrière petit-fils d’Umar b. Khattab. Jusqu’à l’époque d’Imam Muhammad al-Baqir (as), le khutba (sermon) du Salat ul-Juma’a devait commencer par: « Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux; Qu’Allah maudisse… » Imam Ali (as) était maudit dans tous les khutbas à la prière du vendredi. C’est pourquoi cette idée qu’Ali b. Abi Talib (as) était le quatrième calife bien-guidé de l’époque apparaît comme un mythe. C’est impossible. C’était après. Comment pouvait-il être le quatrième calife bien-guidé alors que les Banu Ummayah détenaient le pouvoir pour huit années? Toutes les semaines, à la prière du vendredi, on maudissait Ali b. Abi Talib (as). Qui maudirait leur propre calife?
Umar b. Abdul Aziz disait: « A chaque fois que mon père, Abdul Aziz parlait d’Ali b. Abi Talib, il s’énervait. Je disais donc à mon père: ‘A chaque fois que vous parlez de qui que ce soit, vous êtes calme sauf quand il s’agit d’Ali b. Abi Talib. Pourquoi?’ et mon père me disait: ‘Si les gens savaient les mérites d’Ali b. Abi Talib, ils ne nous auraient pas accepté comme chefs.' » Aussi, Umar b. Abdul Aziz, de par la connaissance d’Imam Muhammad al-Baqir (as), fut-il touché par lui ainsi que par un tuteur personnel. Il fut le calife omeyyade qui mit fin au fait de maurdire Imam Ali (as) du pupitre.
Un jour, lorsque Umar b. Abdul Aziz devint calife, il dit à Imam Muhammad alBaqir (as): « Oh Muhammad b. Ali! Vous êtes celui à qui le Prophète a envoyé ses salutations. Je voudrais vous demander quelque chose. Quels sont les trois conseils que vous me donnez maintenant que je suis calife? » Imam Muhammad al-Baqir (as) lui donna trois conseils extraordinaires. Il dit: « Lorsque tu célèbres un événement ou lorsque tu as une grande fête, n’oublie pas [ce qui est] halal et haram (on devrait se poser la question lorsque nous célébrons un mariage ou lors des autres événements que nous célébrons ou organisons); lorsque tu te mets en colère, n’oublie pas halal et haram (lorsque nous nous mettons en colère, des jurons font parfois partie de notre vocabulaire) et n’usurpe pas la propriété des gens. » Ils eurent une conversation et Umar lui demanda: « A quelle propriété faites-vous référence?
-Fadak appartenait à ma grand-mère, Fatima, dit Imam Muhammad al-Baqir (as), et les Omeyyades ont pris Fadak à ma grand-mère. – Fadak appartient à votre famille, dit Umar, et en tant que calife, je veillerai à ce qu’il vous soit rendu. »
Bien que nous pouvons ne pas être d’accord avec lui dans certains domaines, les deux ordres qu’il émit, celui de mettre fin au fait de maudire Amir al-Mu’mineen et celui de rendre Fadak à Imam Muhammad al-Baqir (as), ne seront jamais oubliés.
Le calife qui succéda à Umar b. Abdul Aziz fut Hisham b. Abdul Malik. Il méprisait Imam Muhammad al-Baqir (as) complètement. Il était jaloux de lui et il se disait sans doute: comment cette personne pouvait-il avoir plus de connaissance que moi alors que je suis le calife? Il essayait par tous les moyens d’ennuyer Imam Muhammad al-Baqir (as). Hisham B. Abdul Malik rassemblait les plus instruits des Chrétiens, des athéistes et des Musulmans n’appartenant pas à l’école d’Ahlulbayt pour débattre avec Imam Muhammad al-Baqir (as).
Un jour, Hisham b. Abdul Malik était assis près de la Ka’aba. Nafae’ était avec lui. C’était l’esclave d’Umar b. Khattab et il appartenait au clan des Khawarij qui s’étaient battus contre Imam Ali (as). Ils virent Imam Muhammad al-Baqir (as) marcher vers la Ka’aba et tout le monde s’écartait pour le laisser passer. Nafae’ demanda: « Qui est-ce? – Il est le prophète des gens d’Irak, dit Husham b. Abdul Malik. – Comment cela? – Ils l’appellent al-Baqir. Apparemment, il répandrait le savoir et serait capable de répondre aux questions auxquelles personne ne saurait répondre. – Laissez-le moi. Apportez-le moi. Laissez-moi lui montrer, dit Nafae’. » Nafae’ appela l’Imam et dit: « Baqir, venez ici. » L’Imam s’approcha. « J’ai entendu dire que vous étiez un savant. – Je ne suis pas des ignorants. – Très bien! Répondez à mes questions si vous pensez savoir. – Allez-y. – Combien d’années se sont écoulées entre Jésus et Muhammad? – D’après vous, six cents, d’après moi, cinq cents années. » Nafae’ le fixa du regard. Comment savait-il mon avis sur la question? (Vous savez lorsque l’Imam met la barre de connaissance haute…)
« Muhammad! Dans le verset 45 de la sourate 43, Dieu dit: ‘Et demande à ceux de Nos messagers que Nous avons envoyés avant toi, si ils ont dit aux gens d’adorer d’autres divinités que Dieu?’ Muhammad! Comment Allah peut-Il dire au Prophète de demander à ceux qui étaient venus avant lui? C’est impossible. Les prophètes qui sont venus avant lui sont partis. – Non! La nuit de Meraj, Allah a permis au Prophète (saw) de conduire la prière devant tous les autres prophètes et à la fin de la prière, il se retourna et il leur demanda: ‘Avezvous dit aux gens de ne pas croire en Allah?’ et ils répondirent: ‘Non, oh Prophète de Dieu! Nous avons dit aux gens de croire en Allah et en vous comme Prophète.’ – Vous êtes bon. Où se trouve Allah?
– Dites-moi où Il n’est pas et je vous dirai où il est. – Très bien! Quand est-ce que Dieu est apparu? – Dites-moi quand Il n’était pas et je vous dirais quand Il est apparu. »
Hisham b. Abdul Malik fut fou de rage: « Comment se fait-il qu’aucun d’entre vous ne parvienne à lui répondre? » Hisham apporta quelqu’un d’autre. Il dit: « Venez, je vous en prie! Vous êtes le plus grand savant qui soit, n’est-ce pas? Venez discuter avec Muhammad al-Baqir et qu’on en finisse avec lui. Cet homme devient trop populaire. On dit qu’il est al-Baqir, qu’il répand le savoir et que personne ne peut lui répondre. » Ce savant dit: « Laissez-le à moi. Je vais lui poser des questions. » Il se rendit donc chez Imam Muhammad al-Baqir (as) et lui dit: « J’ai des questions pour vous. Vous dites êtes al-Baqir? Répondez alors à mes questions. – Je vous écoute. – Mais vous savez que mes questions portent sur la Bible et le Coran. – Allez-y. – Ma première question est: Quel est ce jeûne dans l’histoire où il vous est permis de boire et de manger? – C’est simple. Il s’agit du jeûne de Bibi Maryam, lorsque Allah lui dit de rester silencieuse. C’était son jeûne. – J’ai une autre question: Dites-moi quand est-ce que le quart de la population a été tué? – Simple: lorsque Qabeel a tué Habeel, un quart de l’humanité est décédé. – Qu’est-ce qui augmente sans jamais baisser? – L’eau de l’océan. – Qu’est-ce qui baisse sans jamais augmenter? – Votre vie. – Qui sont ces gens qui ont dit la vérité mais qu’on appelait quand même des menteurs? – Le premier verset de la sourate Munafiqun: ‘Les munafiqun viennent à toi et disent: ‘Tu es le Prophète de Dieu’ mais nous savons que ce sont des menteurs.’ (Leur affirmation est vraie mais les munafiquns sont toujours des menteurs). – Voici une question à laquelle nul n’a su répondre? – Quelle est-elle? – Quels sont ces jumeaux qui sont nés le même jour et qui moururent le même jour mais l’un d’entre eux avait cent cinquante ans et l’autre cinquante ans? (Tu dois être un Baqir pour répondre à une telle question, n’est-ce pas? Tu dois être capable de disséminer le savoir) – Facile. Il s’agit du Prophète Uzair et de son frère Aziz? Prophète Uzair et son frère étaient ensemble puis il demanda à Allah: ‘Comment peux-tu réveiller les défunts et leur redonner vie?’ Ils avaient tous les deux trente ans lorsque Allah fit mourir l’un d’entre eux pendant cent ans? Lorsque le Prophète Uzair revint à la vie, avec la permission d’Allah, il vécut pour vingt ans à nouveau. Son grand frère avait donc cent cinquante ans et Uzair n’avait que cinquante ans [lorsqu’ils finirent par mourir le même jour]. – Je jure, dit le savant, qu’il n’y a pas d’autre héritier du savoir du Prophète tel que Muhammad al-Baqir. »
Hisham b. Abdul Malik amena une troisième personne qui était un Chrétien. Hisham lui dit: « Finis-en avec Muhammad al-Baqir. » Le Chrétien dit: « J’ai trois questions à vous poser mais tout d’abord, permettez-moi de vous demander si vous êtres de la lignée de Jésus ou de Muhammad?
– Je suis de la lignée de Mouhammad. – Faites-vous partie de ceux qui savent ou des ignorants? – Je ne fais pas partie des ignorants. – Laissez-moi vous poser mes trois questions. – Allez-y. – A quel moment on ne parle ni de jour ni de nuit? – Juste avant le lever du soleil, il ne fait ni jour ni nuit à la couleur du ciel. – Qu’arrive t-il à l’être humain à ce moment-là? – Si vous êtes malade, Allah enlève votre maladie à ce moment-là. – Très bien. Vous dites qu’au paradis, nous mangerons tellement sans excréter. Comment est-ce possible? – L’embryon dans le ventre… il mange et il mange sans excréter. – Très bien. Vous dites qu’au paradis, nous mangerons et nous mangerons mais il y aura toujours tant à manger. Comment-ce possible? – La bougie qui allume une autre bougie sans rien perdre de sa source est comme la nourriture au Jannah. » Le Chrétien devint Musulman à cet instant grâce à Imam Muhammad al-Baqir (as).
Imam Muhammad al-Baqir (as) a traité de chaque domaine du savoir. Mais, une question importante se pose. Est-ce qu’Imam Muhammad al-Baqir (as) n’a servi l’Islam que par son savoir? Non. Imam Muhammad al-Baqir (as) avait un métier aussi. Il nous a appris, tout comme son grand-père Amir ul-Mu’mineen, à enseigner le Coran et à faire des sermons, mais aussi à sortir travailler et gagner sa vie.
Muhammad b. Munkadir raconte: « C’était par une chaleur torride à Médine. Je marchais dans la rue et il n’y avait personne dans la rue lorsque je vis un homme en train de labourer, de labourer et de labourer. Je me dis: ‘Qui peut-être cet homme qui court après le monde à cette heure?’ Je m’approchai et je vis qu’il s’agissait du petit-fils du Prophète, Muhammad al-Baqir. Lorsque je fus près de lui, je lui dis: « Oh petit-fils du Prophète! Vous courez après dunya (le monde)? Pourquoi travaillezvous par cette chaleur? – Et qu’y a t-il de mal à travailler? Si je meurs en travaillant, je serai mort en état d’adoration vis à vis d’Allah (swt); car gagner sa vie est une manière d’adorer Allah et Allah n’aime voir les mains de personne le jour du jugement, si ce n’est celles de celui qui gagne sa vie de manière halal. »
Ainsi, Imam Muhammad al-Baqir (as) travaillait et gagnait sa vie car il avait cinq fils et deux filles de sa femme, Umm Farwa, la fille de Qasim, le fils de Muhammad b. Abu Bakr, et de sa femme, Thaqafiyya.
Il existe plusieurs sermons d’Imam Muhammad al-Baqir (as) où il décrit les qualités de ses Shi’as ou les responsabilités incombant à ceux qui le suivent.
Dans un hadith, il dit: « Nos adeptes sont de trois types: L’un d’entre eux est celui qui nous suit mais qui compte sur les autres et dépend des autres; le deuxième est tel un mirroir, tout ce qu’il fait, c’est regarder son propre reflet et rien d’autre; le troisième est tel l’or, plus il souffre et plus il brille. »
Dans un autre hadith, Imam Muhammad al-Baqir (as) dit: « Lorsque Allah aime Ses serviteurs, Il les plonge dans l’océan de la souffrance. »
Les califes omeyyades ne le supportaient plus et étaient extrêmement jalous d’Imam Muhammad al-Baqir (as). Ils se mirent à injecter du poison dans sa nourriture. Certains plantaient même des aiguilles dans sa selle de sorte que les aiguilles s’enfoncent dans ses cuisses lorsqu’il se met en selle.
Avant de mourir, Imam Muhammad al-Baqir (as) laissa un beau wasiya (testament) à Imam as-Sadiq (as). La première chose qu’il dit à Imam as-Sadiq (as) fut: « Dépense l’argent que j’ai laissé à répandre l’ilm (le savoir) car l’éducation est l’essence de l’Islam; enterre-moi avec l’habit que je portais pour accomplir mes prières car le salat va parler pour moi le Jour du Jugement et assure-toi d’organiser un majaliss à Mina tous les ans en période de hajj, un majaliss en l’honneur de mon grand-père, Imam Hussein (as). »
Cent de ses étudiants se sont distingués en lisant des poèmes et des vers commémorant Imam Hussein (as). C’est pourquoi nous devons à Imam Muhammad alBaqir (as) le célèbre hadith disant: « Quiconque verse une larme de la taille d’une aile de mouche pour Imam Hussein (as), cette larme peut remédier à des péchés de la taille d’un océan. »
Ainsi, Imam Muhammad al-Baqir (as) a enseigné tous les domaines du savoir tels que la théologie, la morale, la jurisprudence, l’astronomie, la cosmologie, la physique, la biologie et en particulier, la discipline consistant à conduire des majalisses commémorant Imam Hussein (as).
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad