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Imam Muhammad ibnou ‘Ali (as)
Imam Muhammad b. Ali al-Jawad (as) est né en l’an 195 après l’hégire et est décédé en l’an 220, à l’âge de vingt-cinq ans. Il est vénéré comme l’incarnation du savoir, de la sagesse, de l’humilité et de la patience. C’est en effet un chef dont la vie doit être analysée en profondeur. Beaucoup de leçons sont à tirer de lui et beaucoup de principes théologiques proviennent de son commandement.
Imam Muhammad b. Ali al-Jawad (as) est né à une époque où l’on comprenait mieux les principes de l’Imamat. Il est un modèle pour les jeunes comme pour les plus âgés. Le fait qu’il est décédé à l’âge de vingt-cinq ans signifie qu’il sera un exemple idéal pas seulement pour les adultes mais aussi pour les gens qui ont encore la vingtaine.
Hélàs, beaucoup de ces gens qui ont 20-25 ans sont incapables de discuter de la vie d’Imam al-Jawad (as). Beaucoup n’ont pas examiné sa vie en profondeur alors que, si on regarde sa vie de près, on trouve certains échanges des plus approfondis sur la loi islamique, la théologie et l’éthique de son époque. Aussi est-il nécessaire pour nous d’analyser sa vie en profondeur et d’essayer d’appliquer le plus possible de ces principes dans notre discussion aujourd’hui.
Ses parents
L’Imam est né en l’an 195 après l’hégire. Ce qui veut dire que son père, Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) avait quarante-six ans quand Imam al-Jawad (as) est né. Jusqu’à ce jour, beaucoup de gens venaient voir Imam ar-Ridha (as) et lui disaient: « Imam! Tous les Imams avant vous ont eu un fils, ils ont tous eu un fils quand ils étaient jeunes alors que vous avez la quarantaine et vous n’avez toujours pas de fils. »
Beaucoup remettaient en question l’Imamat d’Imam ar-Ridha (as) à cause des activités d’un groupe appelé les « Waqifiyya » qui croyaient que l’Imamat s’arrêtait avec Imam Musa b. Ja’far (as). Généralement, lorsqu’un Imam a son âge, son successeur vit déjà et est prêt à lui succéder. Ainsi, Imam Ali (as) eut Imam al-Hassan et Imam alHussein (as) et Imam al-Hussein (as) a eu Ali b. Hussein (as), puis il y eut Muhammad b. Ali (a), puis Ja’far b. Muhammad (as), puis Musa b. Ja’far (as) et enfin Ali b. Musa arRidha (as). Mais, à présent, les gens doutaient d’Imam Ali b. Musa ar-Ridha (as) car il avait déjà quarante-cinq ans et toujours pas de fils. Ils commençaient à se demander maintenant: « est-ce bien la lignée que nous devions suivre? Et même si Ali b. Musa arRidha (as) avait un fils maintenant, son fils sera très jeune quand l’Imam nous quittera. »
C’est pourquoi un certain nombre de compagnons de l’Imam commençait à lui demander: « Imam! Avez-vous déjà un fils? – Non, nous n’avons pas encore de fils, répondait-il. » Et on continuait à lui demander: « Imam! Avez-vous déjà un fils?… Non, nous n’avons pas encore de fils… Imam! Avez-vous déjà un fils?… Non, nous n’avons pas encore de fils… » Imaginez que votre femme ne vous a pas encore donné de fils et que les gens s’incrustent dans votre vie en vous demandant constamment: « Avez-vous un fils?… Avezvous un fils?… »
A chaque fois, Imam Ali ar-Ridha répondait: « Allah (swt) décidera quand naîtra mon fils. » Finalement, lorsqu’Imam Ali ar-Ridha avait quarante-cinq ou quarante-six ans, les ouvrages de hadith rapportent qu’Imam al-Jawad (as) naquit. L’histoire mentionne qu’Imam Ali ar-Ridha (as), comme d’autres Imams, a épousé une femme d’Afrique. Certains livres disent qu’elle s’appelait « Khaizaran » tandis que d’autres disent qu’elle s’appelait « Sabeeqa ». Cette dame était considérée comme l’une des plus pieuses dans l’Ecole d’Ahlulbayt. Finalement, Bibi Sabeeqa donna naissance à un fils.
Le plus grand honneur aux Shi’as d’Aal Muhammad
Lorsque les gens venaient voir Imam Ali ar-Ridha (as) et lui disaient: »Parlez-nous de votre fils », il répondait: « J’ai un fils qui héritera de la lignée du Prophète Dawud (as) et mon fils est un fils dont la naissance est le plus grand honneur consenti aux Shi’as d’Aal Muhammad (saw). »
Pourquoi est-ce qu’Imam Ali ar-Ridha (as) disait que la naissance d’Imam alJawad (as) est le plus grand honneur attribué à tout adepte d’Aal Muhammad? N’est-ce pas Ali b. Abi Talib (as) le plus grand honneur? N’est-ce pas Imam al-Hassan (as) le plus grand honneur? N’est-ce pas Imam al-Hussein (as) le plus grand honneur, ou tous les autres Imams? Donc, pourquoi est-ce qu’Imam Ali ar-Ridha dit que la naissance d’Imam al-Jawad (as) était le le plus grand honneur à tous les Shi’as? Beaucoup de savants se sont avancés sur la question et se sont demandés ce qu’Imam Ali ar-Ridha (as) voulait dire par cette naissance est le plus grand « barakah » ou honneur donné aux Shi’as d’Aal Muhammad.
Un groupe de savants présenta certaines raisons pour lesquelles Imam Ali arRidha dit cela. Ils disent qu’une de ces raisons est qu’Imam al-Jawad (as) était né à une époque où les adeptes d’Ahlulbayt n’étaient pas aussi harcelés qu’avant. Ils développèrent leur explication en disant qu’Imam al-Jawad était né en l’an 195 après l’hégire. A cette époque, Al-Ma’mun n’agissait pas de manière oppressive avec les adeptes d’Ahlulbayt. Il se souciait plus de s’emparer du Yémen et de la Mecque et il se souciait plus de conquérir Bagdad et le califat. C’est ainsi qu’al-Ma’mun fit tuer son fère al-Amin par un homme appelé Tahir b. Hussein.
Ces savants disent qu’al-Ma’mun redonna Fadak aux Aal Muhammad. Lorsque Bibi Fatima Zahra (as) perdit Fadak, il fut transmis d’un calife à un autre. Umar b. Abdul Aziz le rendit aux Ahlulbayt; puis al-Mansur al-Dawaniqi et Harun ar-Rashid reprirent Fadak pour eux-mêmes. Lorsqu’al-Ma’mun vint au pouvoir, il vit Fadak et dit: « Où sont les fils de Fatima Zahra? – Les voilà, ses fils, répondirent-ils. – Quels sont leurs arguments concernant la terre de Fadak? – La terre de Fadak a été donnée à Bibi Fatima (as) par le Prophète (saw) quand il était en vie et cela ne tombe donc pas sous la loi de l’héritage. » L’héritage est ce que vous recevez après le décès de quelqu’un. « Est-ce que Fatima a fourni des témoins? demanda al-Ma’mun.
– Oui. – Qui? – Ali b. Abi Talib. – Et pourquoi est-ce que ça n’a pas été accepté? – Car le calife de l’époque disait qu’Ali était son mari. – A t-elle fourni d’autres témoins? – Oui. – Qui? – Hassan et Hussein. – Pourquoi est-ce que leur témoignage a été rejeté? – Car Hassan et Hussein étaient trop jeunes. – Ont-ils fourni d’autres témoins? – Oui. – Qui? – Umm Ayman. – Pourquoi est-ce que ça n’a pas été accepté? – Elle n’était pas arabe et à cette époque le témoignage d’un non-Arabe n’était pas accepté. – Tout cela n’a pas de sens à mes yeux, dit al-Ma’mun finalement. Qu’on rende Fadak aux fils de Fatima Zahra. »
Donc, selon les savants, cela pourrait être aussi une des raisons pour lesquelles Imam Ali ar-Ridha (as) dit qu’Imam al-Jawad (as) était le plus grand honneur aux Shi’as d’Aal Muhammad (saw).
Une autre raison invoquée est qu’Al-Ma’mun commençait à louer Ali b. Abi Talib (as) et commençait à dire la vérité aux gens à propos de la personnalité de Mu’awiya b. Abu Sufyan. Il disait aux gens: « Nul n’est égal à Ali b. Abi Talib et nul n’est pire que Mu’awiya b. Abu Sufyan dans l’histoire de l’Islam. »
On pourrait se demander pourquoi est-ce qu’al-Ma’mun disait cela. Le pensait-il vraiment? Non. Al-Ma’mun voulait le pouvoir et le meilleur moyen de gagner le pouvoir en ces jours était de réparer toutes les injustices causées à l’égard des Ahlulbayt. Donc, les savants pensaient, dans un premier temps, que lorsqu’Imam Ali ar-Ridha (as) dit que le plus grand honneur fait aux adeptes d’Aal-Muhammad était la naissance d’Imam alJawad (as), cela était dû au fait que du temps d’Imam al-Jawad (as), les adeptes d’Ahlulbayt étaient bien traités.
Mais nous rejetons cette hypothèse. Pourquoi? Juste parce qu’al-Ma’mun réparait tous les torts ne veut pas dire qu’il les traitait bien. Al-Ma’mun avait toujours des prisons où des Shi’as étaient exécutés. Ils étaient exécutés en huis clos. Oui, en public, ces annonces avaient bien lieu mais cela, juste pour gagner les faveurs, car, en privé, alMa’mun tuait encore les Shi’as. Il savait qu’il avait empoisonné Imam Ali ar-Ridha (as), il essayait donc de le couvrir. La question est donc: pourquoi est-ce qu’Imam Ali ar-Ridha (as) dit que la plus grande naissance, qui était un honneur fait aux adeptes d’Aal-Muhammad, était la naissance d’Imam al-Jawad (as)? Oh Imam Ali ar-Ridha! La naissance d’Ali b. Abi Talib, n’était-elle pas la plus grande naissance? Et Imam al-Hassan? Et Imam al-Hussein? Que voulez-vous dire par Imam al-Jawad (as) est le plus grand honneur?
Ce qu’Imam Ali ar-Ridha (as) disait de manière indirecte, c’est que jusqu’à la venue d’Imam al-Jawad (as), beaucoup de gens n’étaient pas sûrs que l’Imamat avait un statut spécial. Ils avaient vu Ali b. Abi Talib (as) devenir Imam à trente-trois ans. Ils disaient donc: « Son savoir n’a rien d’extraordinaire; à trente-trois ans, on peut apprendre le Coran et les hadith. » Puis, ils ont vu Imam al-Kadhim devenir Imam à vingt ans. Ils disaient: « Vingt ans, ce n’est pas extraordinaire. Quelqu’un qui est intelligent et qui a une bonne mémoire peut facilement apprendre les hadith. » Ils ont vu Imam arRidha (as) devenir Imam à trente-cinq ans. Ils disaient à nouveau que ce n’était pas extraordinaire à trente-cinq ans; tout le monde peut devenir savant à trente-cinq ans. Lorsqu’Imam Ali ar-Ridha (as) dit que le plus grand honneur fait à nos Shi’as était la naissance d’Imam al-Jawad (as), c’était parce qu’Imam al-Jawad (as), à l’âge de huit ans, a démontré à quel point est-ce que la connaissance dont dispose les Aal Muhammad était absolument plus élevée que celle de quiconque d’autre autour d’eux. Avant cela, personne n’avait jamais entendu parler d’un Imam de huit ans.
Demandez-vous sincèrement, si vous étiez un partisan d’Aal Muhammad à cette époque et si Imam Ali ar-Ridha (as) vous avait dit: « Quand je mourrai, mon jeune fils alJawad sera mon successeur », auriez-vous reconnu un garçon de huit ans comme Imam? Certains diront: « Bien sûr! J’écouterais tout ce que mon Imam dit! » Mais, en fait, il y aurait beaucoup d’entre nous qui penseraient: « Attendez! Ce jeune homme va m’apprendre l’Islam? »
Il y a un récit dans lequel quelqu’un est venu voir Imam Ali ar-Ridha (as) et lui dit: « Oh Imam! Quand vous n’aviez pas d’enfants à l’âge de quarante-cinq, on ne cessait de vous dire: ‘Où est votre fils? Où est votre fils?’ Maintenant que vous avez un fils, pouvez-vous nous dire qui sera Imam après vous? »
Imam Ali ar-Ridha (as) avait l’habitude d’attribuer un titre de distinction à Imam al-Jawad (as). Depuis l’âge de deux ans, il l’appelait « Aba Ja’far ». Imam Ali ar-Ridha (as) répondit donc à son compagnon: « L’Imam après moi, ce sera lui, Aba Ja’far. » Le compagnon regarda l’Imam et dit: « Imam? Il a trois ans. Combien de temps s’écoulera avant qu’il soit Imam? A trois ans, qu’aura t-il comme connaissance? » Imam Ali ar-Ridha (as) le regarda et dit: « Jésus parlait dès le berceau et personne n’en a douté. Alors, pourquoi doutez-vous de lui? Il a été choisi par Allah (swt). »
Lorsque les Musulmans lisent dans le Coran que Jésus parlait déjà au berceau, avez-vous jamais entendu un Musulman dire: « Comment est-ce que Jésus peut répondre à de telles questions? » Non. Mais ce qui est drôle avec le monde musulman, c’est que nous pouvons avoir beaucoup de principes du Coran mais nous ne les appliquons jamais à nouveau.
Donc, Imam al-Jawad (as) est devenu Imam à l’âge de huit ans. Donc, lorsqu’Imam Ali ar-Ridha (as) dit cela, il sous-entendait tout simplement que toute la fondation de l’Imamat était à présent cimentée. Que veut dire cela?
Lorsqu’on demande quelles sont les caractéristiques de l’Imamat, on répond qu’il y a trois caractéristiques essentielles de l’Imamat:
1. Désignation par Dieu 2. Ismah, ou infaillibilité 3. Connaissance supérieure à toutes les autres connaissances autour d’eux
Jusqu’à Imam al-Jawad (as), les gens disaient: « Imam al-Kadhim et Imam as-Sadiq étaient âgés et les connaissances qu’ils avaient, ils les ont sûrement mémorisées à partir de livres; c’est ainsi qu’ils ont acquis leurs connaissances. » Mais, en ce qui concerne Imam al-Jawad (as), c’était la première fois qu’ils se disaient: « Comment est-ce qu’un enfant de huit ans peut répondre ainsi? »
Sa première rencontre avec les Shi’as
Le premier groupe à remettre en question son authenticité fut ses propres Shi’as. Ils virent Imam Ali ar-Ridha (as) mourir et ils discutaient entre eux, demandant les uns aux autres: « Alors? Qui est l’Imam? » « Oh, celui qui a huit ans? » « Celui qui a huit ans est Imam? Ali b. Abi Talib avait trente-trois ans; Musa b. Ja’far avait trente ans; Ali b; Musa avait trente-cinq ans et maintenant, ce garçon de huit ans est devenu Imam? Allons lui poser des questions. »
Lorsqu’ils arrivèrent, Abdullah, le fils d’Imam al-Kadhim (as) était là. Abdullah, qui était donc aussi le frère d’Imam Ali ar-Ridha (as), dit: « Vous les gens! Je suis l’Imam d’Aal Muhammad maintenant. – Que voulez-vous dire? demandèrent les gens. – Je suis celui qui a été choisi. » Les Shi’as s’approchèrent de lui et dirent: « Très bien! Laissez-nous vous poser une ou deux questions alors. Voyons voir si vous pouvez y répondre. – Allez-y, dit-il. – Qu’avez-vous à dire à propos d’un homme qui dit à sa femme: ‘J’ai divorcé de toi conformément au nombre d’étoiles qu’il y a dans le ciel’? » ll les regarda et dit: « Oui… Le divorce est valide conformément aux trois étoiles… les trois étoiles de Gémeaux. » Ils lui posèrent ensuite la question suivante: « Qu’avez-vous à dire d’un homme qui a une relation physique avec un animal? – Que les mains de l’homme soient coupées et qu’il soit fouetté cent fois. – Excusez-nous, dirent-ils, mais vous n’êtes pas l’Imam. Votre première réponse, personne n’a même compris de ce dont vous parlez et quant à votre deuxième réponse, nous avons les livres de fiqh d’Imam as-Sadiq et les manuscrits ne disent pas la même chose. »
Imam al-Jawad (as) était aussi présent à ce moment-là. Les gens s’adressèrent à lui et dirent: « Jeune homme! Tu clames être l’Imam des adeptes d’Aal Muhammad. Tu as huit ans? – Oui. – Quelle est donc la réponse à la première et à la deuxième question? – Pour ce qui est de celui qui dit: ‘J’ai divorvé de ma femme conformément au nombre d’étoiles dans le ciel’, la réponse est au chapitre 2, verset 229 qui dit: ‘Après avoir divorcé d’elle deux fois, gardez-là ou libérez-la’, seul le troisième divorce est irrévocable.
(Ce qui veut dire que l’homme qui dit cela n’a divorcé d’elle qu’une fois si les prérequis appropriés sont présents). – Oui, dirent-ils. C’est ce que le Coran dit. Et à propos de notre deuxième question? – La punition est à la discrétion du juge de l’Etat islamique et l’animal doit être marqué de manière visible, doit être banni de la terra afin qu’il ne vienne pas embarrasser davantage l’homme qui a accompli cet acte. – Très bien! Nous t’acceptons comme Imam. »
Sa première rencontre avec al-Ma’mun
Al-Ma’mun avait à présent un problème. Imam Ali ar-Ridha (as) est décédé et les gens disaient qu’al-Ma’mun était celui qui avait causé le décès d’Imam Ali ar-Ridha (as). Al-Ma’mun tentait maintenant de couvrir son acte. Il rencontra Imam al-Jawad (as) pour la première fois et il réalisa que cet enfant n’était pas un enfant; il y avait quelque chose de spécial en lui.
Al-Ma’mun faisait du cheval et des enfants étaient assis dans la rue. Lorsqu’alMa’mun vint, tous les enfants s’enfuirent à l’exception d’Imam al-Jawad (as). Al-Ma’mun regarda cet enfant ne sachant pas qui il était. Il dit: « Jeune homme! Pourquoi ne bouges-tu pas? Ne vois-tu pas que mes soldats et moi, nous faisons du cheval dans la rue? » Imam al-Jawad (as) le regarda et dit: « Il y a deux raisons pour lesquelles je ne bouge pas: la première, c’est que les rues sont assez larges pour que vos chevaux aillent de l’autre côté et la deuxième, c’est que je ne vous ai rien fait de mal pour vous fuir. Je vais donc rester ici; la rue est large. – Très bien, dit al-Ma’mun. Et comment t’appelles-tu? – Je m’appelle Muhammad, dit Imam al-Jawad (as). – Très bien, dit al-Ma’mun. »
Al-Ma’mun allait à la chasse et il avait un faucon sur la main. Al-Ma’mun aimait son faucon. Après la chasse, sur le chemin du retour, il vit Muhammad et dit: « Jeune homme! Tu m’as l’air d’un jeune homme plein de sagesse. – Oui, bien sûr. Que voulez-vous savoir? – Je veux te demander pourquoi est-ce que Dieu a créé les faucons. Oh, mais plutôt que de me dire ça, je veux que tu me dises quelque chose d’autre avant. – Oui, de quoi s’agit-il? » Al-Ma’mun serra le poignet et le tendit à l’Imam et dit: « Dis-moi ce que j’ai dans la main en ce moment? – Dieu a créé des faucons pour les rois et les faucons volent dans le ciel et lorsqu’ils reviennent entre ciel et terre, il y a des poissons qui sortent de l’eau et qui replongent dedans, qui sortent et qui replongent de nouveau; le faucon attrape le poisson quand il sort de l’eau et le faucon ramène le poisson au calife; le calife cache le poisson dans sa main et demande aux enfants d’Aal Muhammad ce qu’il a dans la main. – Rappelle-moi ton nom. – Muhammad. – Fils de? – Fils d’Ali. – Ali, fils de?
– Fils de Musa, fils de Ja’far, fils de Muhammad, fils d’Ali, fils de Hussein, frère de Hassan, fils d’Ali, fils de Muhammad, choisi par Allah (swt). – Tu dois épouser ma fille, lui dit al-Ma’mun. – Pardon? – Tu dois épouser ma fille. J’ai une fille, Umm al-Fadl. Je ne veux pas que quiconque l’épouse. Vous n’avez pas besoin de vous marier maintenant. Epouse-la dans dix ans, épouse-la quand elle aura la quinzaine, mais je veux que tu sois accepté pour ma fille dès maintenant. »
Sa rencontre avec les savants de Bagdad
Pourquoi est-ce qu’al-Ma’mun voulait qu’il soit accepté comme mari pour sa fille alors? C’est une question intéressante. Tout d’abord, il voulait garder un oeil sur ce jeune homme car il savait que s’il laissait cet homme en liberté, le gouvernement d’alMa’mum serait menacé par lui. Ensuite, il voulait un fils de ce jeune homme un jour afin de pouvoir réunir la lignée Abasside à la lignée Alid.
Al-Ma’mun rassembla à présent tous ses juges et leur dit: « Je veux annoncer quelque chose. J’annonce que ma fille Ummul Fadl est fiancée à Muhammad b. Ali al-Jawad. » Yahya b. Aktham était là. Il était le Juge Suprême de toute la région. Il dit à al-Ma’mun: « Muhammad al-Jawad, le gosse? – Le quoi? demanda al-Ma’mun. – Le gosse, dit Yahya. – Ne dis pas ça de lui. Je te dis qu’il vient d’une école de savoir choisie par Dieu. – Que veux-tu dire? Un gosse, c’est un gosse. Avoir huit ans, c’est avoir huit ans. Tu vas donner Ummul Fadl à lui? Sois patient. Attends un des grands savants. – Alors, pourquoi ne le testes-tu pas? – Que veux-tu dire? – Et bien! Tu dis que c’est un enfant. Pourquoi n’amènes-tu pas chaque alim de Bagdad discuter avec lui? »
Avant Imam al-Jawad (as), les prérequis de l’Imamat ont été vivement débattus. Lorsqu’Imam al-Jawad (as) apparut, il devint évident que les Imams étaient bien choisis pas Allah. Est-ce que l’Imamat d’Imam al-Jawad (as) était difficile à accepter pour les Shi’as fidèles? Non. On croyait en lui mais d’autres (comme le Zaydi Qasim al-Rassi précédemment mentionné) doutaient qu’il soit l’Imam légitime.
Ainsi, Yahya dit: « Très bien! J’invite neuf cents des ulémas de Bagdad. Que celui de huit ans nous affronte tous! » Ces neuf cents ulémas de Bagdad étaient des maîtres en fiqh. Ils avaient abordé et étudié la loi islamique de manière intensive depuis des années. Imam al-Jawad (as) vint donc et la scène était prête.
Yahya b. Aktham dit: « Muhammad b. Ali! C’est bien ton nom, n’est-ce pas? – Oui. – J’ai une question à te poser. – Laquelle?
– Qu’est-ce que kaffarah (expiation) pour quelqu’un allant chasser en état d’ihram? » Certains d’entre nous dans leur quarantaine et leur cinquantaine ne peuvent pas répondre à cette question et il y en a certains d’entre nous qui ne savent même pas ce que veut dire kaffarah. Et étudier les lois en lien avec l’adoration et le pélerinage prend des années, n’est-ce pas? Vous ne ne pouvez pas savoir, à l’âge de huit ans, ce qu’il en est du kaffara, de l’ihram et de la chasse en même temps.
Yahya b. Aktham demanda donc: « Quelle est l’expiation pour un pélerin qui est allé chasser? » et il jeta un regard à l’audience l’air de dire: « Préparez-vous à l’embarras! Vous les gens! Voyons-voir si le gosse peut répondre à cela! » Imam al-Jawad (as) dit: « Votre question n’est pas claire. – Pourquoi? Tu ne peux pas y répondre? – Non. Est-ce que le pélerin est un homme libre ou un esclave? Est-ce pendant la période du hajj ou pendant l’umra? Est-ce de jour ou de nuit? Est-il conscient de son acte ou pas? Est-il ignorant ou pas? Est-ce à la Mecque ou hors de la Mecque? S’agit-il d’un animal sauvage ou pas? S’il s’agit d’un animal sauvage, s’agit-il d’un oiseau ou d’un autre genre d’animal? »
L’Imam avança ainsi seize points différents à propos de ce seul problème. Yahya b. Aktham était abasourdi. Il pensait que le jeune homme disait que la question n’était pas claire parce qu’il ne connaissait pas la réponse mais le jeune homme continua: « Si c’est un homme libre, il doit faire ça… Si c’est un esclave, alors il doit faire ça… S’il est en période de hajj, alors, ça… Sinon, ça… Si c’était de jour, ça… Si c’était de nuit, alors ça… » Il répondit à la question en décrivant toutes les expiations pour chacune des situations.
A présent, Imam al-Jawad (as) se tourna vers Yahya et lui dit: « Laissez-moi vous poser une question. » Yahya se dit: « Je lui ai posé cette question et il m’a trouvé seize points différents. Je ne sais pas maintenant ce qu’il va me demander. » Toute la foule dit: « Allez Yahya! Tu as dit que cet enfant ne sait rien! » Imam lui demanda donc: « Un homme se réveille le matin et regarde quelque chose qui est haram pour lui; puis, en cours de journée, cela devient halal pour lui; puis, plus tard, cela devient haram pour lui; puis, l’après-midi, cela devient à nouveau halal pour lui; le soir, cela devient haram pour lui et en fin de journée, ça devient halal pour lui. Que regardait-il? »
Connaissez-vous des enfants de huit ans qui savent ce genre de choses? C’est rare, n’est-ce pas? Yahya b. Aktham dit: « Je dois admettre que je n’en ai aucune idée. – L’homme regardait l’esclave de quelqu’un d’autre. Lorsqu’il l’a regardée au début, elle lui était haram. Il l’acheta donc et elle lui est devenue halal. Il l’a affranchie et elle lui est devenue haram à nouveau; il l’a épousée et elle lui est devenue halal et il lui a dit ensuite: ‘Tu es comme ma mère’ (on appelle cet acte « dhihar » qui était courant chez les Arabes), elle est donc devenue haram; il a payé le kaffarah et elle lui est devenue halal; il a divorcé d’elle et elle est devenue haram. A la fin de la journée, il a annulé le divorce et elle lui est redevenue halal. »
A ce moment-là, Al-Ma’mun regarda Yahya et lui dit: « Je te l’ai dit! C’est la personne qu’il faut pour ma fille. » C’était le début de l’Imamat d’Imam al-Jawad (as).
Pouvez-vous imaginer la pression que subissait ce jeune homme? Nous n’apprécions pas Imam al-Jawad (as) comme il mérite d’être apprécié. Son Imamat de dix-sept ans commença par cet afflux soudain de savoir.
Perles de sagesse durant son Imamat
Son Imamat a duré dix-sept ans et c’est ainsi que ça a débuté. Dès le départ, on l’avait forcé à épouser Ummul Fadl. Ce n’était pas son choix. Une fois marié, il allait et venait entre Bagdad et Médine.
Savez-vous pourquoi on l’appelait al-Jawad? Al-Ma’mun lui donnait un salaire annuel d’un million de dinars. Il utilisait la totalité de ce million de dinars pour aider les pauvres de la communauté musulmane. « Jawad » veut dire « celui qui est généreux ». L’Imam était donc surnommé al-Jawad car il distribuait un million de dinars par an aux pauvres.
Quand il quittait Bagdad et s’éloignait d’al-Ma’mun, il allait à Médine. Il s’asseyait à la mosquée du Prophète (saw) et prononçait des discours sur la religion. Certaines des plus belles narrations de l’Islam viennent d’Imam al-Jawad (as). Tous ces hadiths ont été narrés alors qu’il avait quatorze, quinze, seize et dix-sept ans. Il était adolescent et il narrait les plus beaux hadiths. Certains d’entre eux sont les suivants:
Imam al-Jawad (as) a prononcé un célèbre discours sur le hadith: « Ne soyez pas un ami d’Allah en public mais un ennemi d’Allah en privé. » On pourrait se demander: « Qu’est-ce que cela veut dire? » Ce hadith a deux significations: La première signification est qu’en communauté (en public), nous aimons tous agir de manière religieuse. Pourquoi? Le Mawlana me regarde… La réputation de mon père est en jeu… Ma future femme pourrait faire partie de la communauté… Je dois donc songer à cent fois à la manière dont j’agis. Donc, je ralentis mon salat devant les gens; de même, pendant les jours de jeûne, je viens à la mosquée et je donne à manger aux autres… Et je souris à tout le monde. Mais, dès que j’arrive chez moi, en privé, lorsque la communauté ne voit pas, mes parents ne voient pas, les gens qui s’en préoccupent ne voient pas, à ce moment-là, j’agis en désobéissant à Allah. C’est la base même de l’hypocrisie. « Ne soyez pas un ami d’Allah en public mais un ennemi d’Allah en privé. »
Le deuxième hadith d’Imam al-Jawad (as), c’était lorsqu’il posa la question: « Savez-vous ce que tawba (le repentir) signifie? » Tawba connaît quatre étapes:
1. Vous regrettez l’acte accompli dans le passé.
Parfois, vous parlez aux gens qui sont plus âgés et vous leur demandez: « Vous vous souvenez quand vous étiez jeune et irreligieux? Le regrettez-vous? » Très souvent, vous les entendrez dire: « Non, j’étais jeune, ça arrive. Tous les jeunes passent par cette étape. » Parfois, vous les entendrez dire: « Ah! C’était le bon vieux temps! L’insouciance!… » Imam Zayn ul-Abideen (as) dit: « Ne regardez pas l’acte mais regardez Qui vous désobéissiez. » Amir ul-Mu’mineen dit: « Le plus grand péché est celui que vous croyez petit. » Imam asSadiq (as) dit: « La moitié du repentir est le regret. »
2. Vous devez dire: « Astaghfirullaha Rabbi wa atubu ilaih. »
3. Vous ne devez jamais accomplir cet acte à nouveau.
4. Vous devez vous assurer d’accomplir tous les actes obligatoires.
Le troisième hadith d’Imam al-Jawad (as) à Médine, c’était lors d’une conférence. Il dit: « La sincérité est la meilleure adoration. » Parfois, nous faisons quelque chose de bien dans la communauté mais ce n’est pas sincère. Nous ne le faisons que pour montrer aux autres. « Mettez mon nom tout en haut ou devant; assurez-vous que tout le monde sache que c’est moi. » Mais, Imam dit: « La sincérité est la meilleure adoration. » Ainsi, si votre niyyah (intention) est pure, lorsque vous le faites simplement par amour pour Allah, alors, cette sincérité peut déplacer toutes les montagnes en face de vous.
Le quatrième hadith d’Imam al-Jawad (as) dit: « Celui qui entend parler d’oppression et celui qui aide à l’oppression et celui qui sourit quand il entend parler d’oppression sont tous partenaires de l’oppresseur. » J’entends parler d’oppression dans ma communauté, j’écoute les gens en parler et je suis ravi d’en entendre parler. Imam alJawad (as) dit: « Vous êtes autant oppresseur que celui qui opprime. » Parfois, dans notre communauté, on s’asseoit et on entend parler de quelqu’un qui opprime un membre de la communauté; au lieu de dire: « ça suffit! C’est mon frère dans la communauté. Ne parlez pas de lui ainsi. Ne soyez pas grossier. Si vous avez un problème avec lui, alors parlez-lui en face. Ne parlez pas derrière son dos », nous nous réjouissons d’entendre parler ainsi de lui. Imam al-Jawad (as) dit: « Celui qui entend et le permet d’être répété et s’en réjouit est un oppresseur lui-même. »
Sa rencontre avec les gens des autres écoles de pensée
Dès son plus jeune âge, Imam al-Jawad (as) délivrait des discours promouvant ces hadiths. Les gens venaient de loin et de tout horizon pour lui poser des questions mais l’akhlaq d’Imam al-Jawad (as) était tel que même les non-Shi’as aimaient s’asseoir à ses côtés. Aujourd’hui, les Sunnites et les Shi’as ne peuvent s’asseoir ensemble sans se disputer ou se chamailler. Au lieu que les Sunnites et Shi’ites s’asseoient autour de la table de la fraternité, nous assistons à des disputes où ils finissent par se haïr. Où est passé cet esprit du Prophète?
Les gens des autres écoles de pensée venaient le voir. Un jour, quelqu’un vint le voir et dit: « Vous êtes Muhammad b. Ali al-Jawad? – Oui, dit-il. – Vous êtes celui dont on dit: « Il a un savoir si considérable à un âge si jeune que les gens du monde entier lui posent des questions et il est capable d’y répondre? – J’essaierai de répondre. – J’ai un problème avec votre histoire. – Quel problème? – Vous dites qu’Ali b. Abi Talib devrait être le successeur du Prophète alors que je dis que le premier et le second califes sont les successeurs légitimes. »
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous parler ainsi, n’est-ce pas? Mais cette personne savait qu’Imam al-Jawad (as) incarnait l’humilité. Il continua donc en disant:
« Oh Muhammad b. Ali! J’ai entendu tant de hadith qui louent Abu Bakr et Umar. Comment pouvez-vous donc me dire qu’ils ne sont pas les successeurs légitimes? – Oh mon frère en Islam! Demande-moi! Discutons! Tu peux être d’accord avec moi ou me dire à la fin : ‘Je ne suis pas d’accord!’ Quelles sont les narrations que tu as entendues? Demande-moi. » Tel était l’esprit des Imams d’Aal Muhammad. Ils ne renient pas tout de manière arrogante. Le Coran dit: « Accrochez-vous à la corde d’Allah. Ne soyez pas désunis. » L’homme reprit: « Oh Muhammad b. Ali! Il y a un hadith qui dit: ‘Allah dit à Jibra’il: ‘Je suis satisfait d’Abu Bakr. Est-ce qu’Abu Bakr est satisfait de moi? » » Imam al-Jawad (as) le regarda et dit: « Avant que je commence à répondre, sache une chose. Le Prophète a dit qu’après son décès, beaucoup mentiront à son propos et le pire d’entre eux est celui qui ment intentionellement, car l’enfer est sa demeure, et chaque fois que nous avons un hadith, ne devons-nous pas le mettre en relation avec le Coran? On se basera sur ce principe? – D’accord. – Très bien donc. Vous dites que dans ce premier hadith, Allah dit: ‘Je suis satisfait d’Abu Bakr. Est-ce qu’Abu Bakr est satisfait de moi? Mon cher frère! Allah dit dans le Coran: ‘Je suis plus proche de vous que votre veine jugulaire.’ Alors, pourquoi est-ce que Allah a besoin de demander à Jibra’il de demander à Abu Bakr s’il est satisfait de Lui alors que Allah est plus proche d’Abu Bakr que sa veine jugulaire? – Merci, oh Imam! Puis-je vous poser une autre question? – Je t’en prie. Sois libre d’en poser. – Oh Imam! J’ai lu un hadith qui dit: ‘La position d’Abu Bakr et d’Umar ici-bas est pareille à celle de Jibra’il et Mikaeel dans les cieux.’ – Cela n’est pas reconnu. – Pourquoi? – Jibra’il et Mikaeel sont des anges de Dieu qui n’ont jamais, jamais désobéi Dieu [dans les milliers d’années qu’ils ont déjà vécus] mais admets-tu que… [et ce ‘que’, c’est quelque chose!] Abu Bakr et Umar ont eux même admis qu’avant de devenir Musulmans,… ils étaient polythéistes? – Oui. – Alors, comment peut-on comparer quelqu’un qui a été un mécréant la plus grande partie de sa vie avec un archange qui n’a jamais désobéi? – Cela est compréhensible. Troisième question maintenant: Oh Imam! J’ai un hadith devant moi qui dit: ‘Abu Bakr et Umar sont les maîtres des vieux au Paradis’, tout comme Hassan et Hussein sont les maîtres des jeunes. – Oh mon ami! Au Paradis, il n’y aura que des jeunes, pas de vieux. – Oh Imam! J’ai un autre hadith qui dit: ‘Le Prophète (saw) dit: ‘S’il y avait un prophète après moi, ça aurait été le deuxième calife, Umar. » – Oh mon ami! Allah dit dans le Coran: ‘Nous avons créé une alliance entre tous les prophètes et toi et Prophète Nuh.’ Cela veut dire qu’Allah avait créé une alliance entre les prophètes avant que l’humanité ne soit créée physiquement. Il avait déjà décidé de Ses Prophètes. Il est absurde de croire que Dieu aurait songé à envoyer comme prophète quelqu’un qui était partisan du polythéisme et qui a passé la plus grande partie de sa vie comme polythéiste. [Donc, ce hadith ‘S’il y avait un prophète après moi, ce serait Umar’ contredit le Coran car Umar n’était pas comme ceux qui faisaient partie de l’alliance]. – Vous avez raison, oh Imam! Puis-je vous poser une question à propos d’un autre hadith? »
Imam al-Jawad (as) n’avait que treize ou quatorze ans à l’époque. « Je t’en prie. Demande. – J’ai lu un hadith qui dit: ‘Abu Bakr et Umar sont les lumières du Jannah.’ – Ce hadith n’est pas reconnu. – Pourquoi? – Allah dispose de cent vingt-quatre mille prophètes au Jannah. Je penserais qu’ils illumineront le Jannah. – Vous avez raison. Oh Imam! Puis-je vous interroger sur un autre hadith? – Oui, vas-y. – Oh Imam! J’ai lu un hadith où le Prophète (saw) dit: ‘La quiétude est descendue sur la langue d’Umar b. Khattab. – Crois-tu qu’Abu Bakr est plus grand qu’Umar? – Oui. – Abu Bakr lui-même disait: ‘Aidez-moi car je sais que Satan affecte ma langue.’ Comment est-ce qu’Umar peut alors avoir la quiétude sur la langue qu’Abu Bakr est plus grand? – Imam! J’ai une autre question. – Je t’écoute. – Imam! J’ai un hadith qui dit que le Prophète (saw) dit: ‘J’ai parfois l’impression que si la révélation ne descend pas sur moi, c’est qu’elle va dans la famille de Khattab [à la place].' » L’Imam le regarda alors et lui dit: « Cela voudrait dire que le Prophète (saw) doutait parfois de sa propre prophétie et cela est impossible. Puisque Dieu sélectionne les anges et les hommes comme Messagers (Coran, Chapitre 4, verset 77), il aurait été absurde de Sa part d’envoyer la révélation à quelqu’un qui était impliqué dans le shirk au lieu de quelqu’un qu’Il a sélectionné [comme Prophète]. »
Ainsi, Imam al-Jawad (as) démontra simplement et poliment l’incompatibilité de tels hadith avec le Coran et les fondamentaux de la théologie islamiques.
Plusieurs tentatives d’assassinat sur sa personne
La plupart des hadiths indiquent qu’Imam al-Jawad (as) avait environ seize ans lorsqu’il épousa Ummul Fadl. Certains disent quinze ans, mais la plupart disent seize. Ils étaient donc fiancés jusqu’à leur mariage à la rivière du Tigre. Al-Ma’mun organisa la cérémonie. Pensez-vous que cette Ummul Fadl était une barakah (bénédiction) dans sa vie?
C’était le tourment de sa vie. La seule raison pour laquelle al-Ma’mun la maria à Imam al-Jawad (as), c’était qu’il voulait un fils d’eux. Elle n’avait cesse d’essayer d’avoir un fils, mais croyez-vous que Allah donnerait un fils à quelqu’un comme elle?
Un jour, elle se rendit chez son père et lui dit: « Oh mon père! Nous avons beau essayer d’avoir des enfants mais nous n’en avons pas. Il est allé épouser une autre qui lui donne des enfants. Mais, pas d’enfant avec moi. »
Al-Ma’mun avait bu cette nuit-là quand il entendit cela. Il s’empara d’une épée. Ummul Fadl elle-même raconte: « Mon père prit une épée et il se rendit chez Imam alJawad et il entra chez lui. Imam al-Jawad était assis avec sa femme et ses enfants. Il vint et frappa Imam al-Jawad de son épée. J’étais sûre qu’Imam al-Jawad était décédé. Je ramenai mon père à la maison car il était très saoûl. Mon père s’est réveillé le jour suivant et dit: ‘Qu’est-ce que j’ai fait avec l’épée hier? – Vous avez frappé Imam al-Jawad. – Je l’ai frappé et est-il décédé? – Oui – Vite! Allons nous débarasser de son corps.' »
Les récits racontent que lorsqu’ils se rendirent chez lui, ils virent Imam al-Jawad (as) assis tout à fait normalement. Al-Ma’mun lui demanda: « Comment se fait-il que tu sois en vie? Je t’ai frappé. » Imam al-Jawad (as) prit quelque chose et dit: « Ceci est le hirz de ma grand-mère, Fatima Zahra. Ce hirz m’est parvenu en passant par toute la lignée d’Imamat jusqu’à moi. Ce hirz vous protège de tout sauf de Malik ul-Mawt. Je le portais hier soir quand vous avez tenté de m’attaquer et Allah m’a protégé grâce au hirz de ma grand-mère, Fatima. »
Ainsi, tentèrent-ils encore et encore jusqu’à ce qu’al-Mu’tasim succéda à alMa’mun. Lorsqu’al-Ma’mun décéda, al-Mu’tasim vint au pouvoir. Al-Mu’tasim ne s’en prit pas à Imam al-Jawad (as) la première année mais ensuite, le savoir d’Imam al-Jawad (as) le tuait. Le Prophète (saw) disait: « La maladie des savants est l’envie. » Combien de fois trouvez-vous des savants qui sont envieux les uns des autres? Il y a beaucoup de savants qui détestent les autres savants.
Al-Mu’tasin eut un jour un cas difficile et c’est ce cas difficile qui a tué Imam alJawad (as). Un voleur vint chez al-Mu’tasim et, tendant les deux mains vers al-Mu’tasim, il dit: « Purifiez-moi! – Que veux-tu dire? demanda al-Mu’tasim. – Je suis un voleur, dit-il, et je veux que vous me purifiez! » Al-Mu’tasim le regardait en se demandant: « Que veut dire ‘purifier’? De quoi parle t-il? Purifiez-moi? Que dois-je faire de lui? » Les gens autour de lui dirent à al-Mu’tasim: « Il veut que vous lui coupiez les mains, car le Coran dit que tel est le châtiment pour vol. Ainsi, il sera purifié. – D’où est-ce qu’il faut couper? demanda al-Mu’tasim. – La main, dirent-ils. – Mais c’est quoi la main? »
Il posait une question intéressante. Il voulait savoir si par la main, on voulait dire toute la main juqu’au coude ou jusqu’au poignet? Ou la moitié de la main? Ou les doigts? Il dit: « Appelez-moi les ulémas. Je veux le leur demander à tous. » Les ulémas arrivèrent. Al-Mu’tassim dit: « Celui qui est le plus convaincant est celui qui prononcera le jugement. »
Alors, tous les ulémas vinrent et al-Mu’tasim leur demanda à tous. Il pointa du doigt quelqu’un et dit: « Vous! Dites-moi comment résoudre ça? – Vous devez couper à partir du coude, dit-il.
– Comment ça du coude? – Le Coran dit: ‘Oh vous qui croyez! Lorsque vous vous préparez pour la prière, lavezvous le visage et les mains jusqu’aux coudes…’ Les mains comprennent les coudes. Prenez une épée et coupez-lui les coudes. – Cela n’a pas de sens à mes yeux, sortez. » Il regarda une deuxième personne et dit: « Vous! Dites-moi. Qu’est-ce que cela veut dire? – Vous devez lui couper les mains seulement. – Pourquoi? – Car ce même verset dit plus loin: ‘… frottez-vous la tête et les pieds…’ et pour frotter, vous devez forcément utiliser vos mains; le verset fait donc référence à la main et c’est à partir de la main que vous devez couper. – Je ne suis toujours pas sûr, dit al-Mu’tasim. Où est le jeune homme? – Qui? – Muhammad b. Ali. Où est-il? Il répond à toutes les questions. Il me paraît sensé. »
Ils appelèrent Imam al-Jawad (as). Il savait que c’était son arrêt de mort. N’est-ce pas honteux que le petit-fils du Prophète pense que le fait qu’il réponde aux questions sera la cause de son décès. Ils amenèrent Imam al-Jawad (as) et il dit: « Je vous en prie! Je ne veux pas répondre. Les autres sont là. Demandez-leur. – Non, toi! Réponds! dit al-Mu’tasim. – Vous ne devez lui couper que les doigts. Il y a dix-neuf conditions lorsqu’un voleur vole. Si toutes les conditions sont remplies, alors vous devez lui couper les doigts seulement. – Pourquoi? – Chapitre 72 du Coran, verset 18. – Que dit-il? – ‘Et les endroits de sajdah (prosternation) sont à Allah.’ – Que veux-tu dire par cela? – N’y a t-il pas sept endroits pour le sujood (prosternation)? – Oui. – Quels sont-ils? – Les sept endroits pour le sujood sont les paumes, le front, les pieds et les genoux. – Donc, pour accomplir le sujood, vous avez besoin des paumes de vos mains. Vous ne devez donc couper que les doigts car, si le voleur se repentit plus tard, et si vous lui coupez les mains ou les coudes, il ne pourra plus jamais accomplir de sujood à nouveau. Le sujood est à Allah et si le voleur se repentit, alors si vous ne lui avez coupé que les doigts, il pourra faire le sujood correctement. – Quelle belle réponse, dit al-Mu’tassim. Seul quelqu’un de ta famille peut répondre ainsi. »
Les ulémas qui étaient assis à côté d’al-Mu’tasim eurent le sentiment que c’en était trop. « Ce Muhammad al-Jawad se moque de nous. A chaque fois que nous répondons, sa réponse est plus proche du Prophète! Sa réponse est plus proche du Coran! »
Deux savants, b. Duad et l’autre, certains récits disent qu’il s’agissait d’Abu Dawud… Ils vinrent tous les deux voir al-Mu’tasim et dirent: « Mu’tasim! Tu ne songes pas à toi même? – Que voulez-vous dire?
– Veux-tu rester au pouvoir? » Tels étaient les ulémas de l’Islam. Mais parfois, les plus grands fauteurs de troubles sont ceux-là même qui se disent ulémas. Ils dirent: « Tu laisses ce jeune garçon répondre aux questions à notre place? Nous sommes tes serviteurs et nous sommes tes savants; tu veux d’une loi et nous la mettons en place, mais ce jeune homme ne fera pas ces lois. Et si les gens entendent que cet homme répond aux questions ainsi depuis l’âge de huit ans jusqu’à maintenant, vingt-cinq ans, tu laisseras faire? Et un membre de ta famille, Ummul Fadl n’arrive pas à avoir d’enfant de ce jeune homme alors que son autre femme lui a donné al-Hadi et lui a donné d’autres. N’est-il pas temps que tu te débarasses de lui? – Vous savez quoi? dit al-Mu’tasim. Vous avez raison. Il est peut-être temps que je me débarasse de ce jeune homme. Peut-être que ce jeune homme n’est pas bien pour notre communauté. » Que voulait-il dire par « pas bien »? Cet homme servait l’Islam! Il se tourna alors vers Ummul Fadl et dit: « Prends le poison qui lui fera le plus de mal. »
Imam al-Jawad (as), à vingt-cinq ans, a été enterré près de son grand-père à Kadhimayn. La prochaine fois que vous vous rendez sur sa tombe, ne restez pas debout ainsi mais pensez à ce que ce jeune homme a traversé dans la vie.
Ils utilisèrent le pire poison qui soit et lorsqu’il commençait à circuler dans son corps, Imam al-Jawad (as) sut qu’il s’agissait de ses dernières heures. Le monde finit par tuer ce jeune d’Aal Muhammad de vingt-cinq ans qui a servi la religion de l’Islam par son savoir toute sa vie durant.
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad