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Le Saint Prophète de l’Islam (saw)
Le Saint Prophète de l’Islam occupe une place prépondérante dans l’Islam et est vénéré comme la plus grande personnalité de la religion. Il s’agit d’un homme dont la vie doit être examinée en profondeur car il y a beaucoup de leçons à tirer et beaucoup d’exemples à relever. Et il s’agit en fait d’un homme dont la biographie a
malheureusement été sous-évaluée et bien sous-estimée. Ainsi, il est essentiel que nous analysions sa biographie depuis le jour de sa naissance jusqu’à son jour de décès afin de pouvoir, dans un premier temps, retirer autant de leçons pratiques de sa vie et de les mettre en application dans notre vie; ensuite, de nous débarasser de ces idées fausses qui entourent sa vie, car il était une époque dans l’Europe médiévale où il était perçu comme l’incarnation du diable ou comme étant le faux messie, l’antéchrist. D’où la nécessité d’examiner sa biographie afin de le présenter sous sa vraie lumière, comme une grâce pour l’humanité et un exemple de vertu pour tout le monde.
La signification de la date de naissance du Prophète (saw)
Le Saint Prophète (saw) était né en l’an 570, connu comme « l’Année de l’Elephant ». Les Arabes n’avaient pas de calendrier en tant que tel. Ils regardaient l’événement le plus marquant de cette année en particulier et ils attribuaient ce nom à l’année. Par exemple, si une personnalité importante était décédée cette année, ils
donneraient son nom à l’année. Ou si une guerre avait eu lieu cette année, ils donneraient le nom de cette guerre à l’année. L’année de naissance du Prophète (saw) était appelé « Am ul-Feel » (l’Année de l’Éléphant). Cela est dû à un incident impliquant une armée d’éléphants.
A cette époque en Arabie Saoudite, les gens visitaient la Ka’aba. Au Yémen, une église était construite par un homme éthiopien du nom d’Abraha. (Notez bien le terme d’éthiopien car la nièce même d’Abraha était la mère de Bilal al-Habashi. Lorsque la nièce d’Abraha a été capturée comme prisonnière, elle fut mariée dans une tribu arabe et donna naissance à un fils du nom de Bilal. Ainsi, lorsque Bilal disait être de la tribu des Habash, c’est par rapport à l’oncle de sa mère, Abraha, qui était éthiopien et gouverneur du Yémen.)
Abraha a toujours été jaloux que les gens visitaient la Ka’aba plutôt que son église au Yémen. Il tenta d’envoyer des émissaires et des ambassadeurs à la Ka’aba afin de dire aux Arabes: « Laissez votre lieu d’adoration car il a été souillé. Vous étiez les gens d’Abraham au départ mais vous adorez des idoles maintenant. Il est mieux que vous veniez tous dans mon église au Yémen et que vous en faisiez le centre principal de cette aire. » En voyant que ses émissaires n’avaient pas réussi, les narrations nous disent qu’il décida de monter une armée et de mettre en marche vers la Ka’aba avec une armée d’éléphants. Ainsi, dans l’Islam, il y a un chapitre intitulé « Surat al-Fil » qui est le chapitre 105 du Coran. Le chapitre débute ainsi: « N’as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi envers les gens de l’éléphant? » car, bien qu’Abraha vint à la Mecque avec des éléphants, il n’en avait apporté que quelques uns. Comme nous le savons, les éléphants sont d’une telle taille qu’il suffit d’un petit nombre pour attirer votre attention. Lorsqu’il arriva à la Mecque avec ces éléphants, les gens étaient bien sûr effrayés. C’est pourquoi la première personne à contrecarrer ses plans fut Abdul Muttalib, le grand-père du Prophète (saw).
Abdul Muttalib dit aux gens de se cacher dans les collines désertes. Ils se sont donc cachés dans les collines et Abdul Muttalib fut désigné pour rencontrer Abraha. Notez qu’au commencement de la biographie du Prophète (saw), nous pouvons voir que la lignée d’Abraham par le biais d’Isma’il veille encore au lieu de naissance d’Isma’il. Nous avons dit, plus tôt, que, dans la Genèse, au chapitre 17 et aux versets 18-20, Dieu promit à Abraham: « Je bénis Isma’il et Je le ferai croître et multiplier très abondamment. Il sera le père de douze princes et Je ferai de lui une grande nation. » Abdul Muttalib pénétra dans la tente d’Abraha. Abraha était assis. Lorsqu’Abdul Muttalib entra dans la tente, Abraha l’observa. Il vit une silhouette imposante et calme. Il lui dit de s’asseoir et lui demanda:
« Que voulez-vous? »
– Je veux mes chameaux, dit Abdul Muttalib.
– Pardon? dit Abraha
– Je veux mes chameaux, reprit Abdul Muttalib. Vous avez pris mes chameaux. Je veux que vous me les rendiez. »
Abraha le regarda et lui dit: « Vous savez? En vous voyant entrer, j’avais beaucoup d’estime pour vous mais maintenant, j’ai perdu toute estime.
– Pourquoi?
– Lorsque vous êtes entrés, dit Abraha, je pensais que cet homme voudra protéger son « cube noir » qu’ils appellent la Ka’aba, mais au lieu de ça, tout ce que vous voulez, ce sont vos chameaux?
– Cette maison a son propre Propriétaire pour la protéger; et je suis le protecteur de mon troupeau de chameaux. Je veux que vous me rendiez mes deux cents chameaux! répondit Abdul Muttalib.
– Sortez d’ici! Sortez d’ici! Il n’y a aucun accord entre nous. »
Abdul Muttalib revint le persuader mais Abraha n’accepta toujours pas. Abraha décida de mener ses éléphants (avec six ou sept tout au plus dans certains récits) et de se mettre en marche vers la Ka’aba. Ils marchèrent vers la Ka’aba et le Coran le narre joliment: « N’as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi envers les gens de l’éléphant? N’a t-il pas rendu leur ruse complètement vaine et envoyé sur eux des oiseaux par volée qui leur lançaient des pierres d’argile? Et il les a réduits à de la paille mâchée. »
Qu’a fait Allah? Il a affirmé que : « Tu planifies et Je planifie, mais je suis le plus grand des planificateurs. » Ces éléphants étaient sur le point de remporter la victoire. Des récits rapportent clairement que des oiseaux les ont bombardés de pierres jusqu’à ce qu’ils s’avouent vaincus.
Autrement dit, les Arabes n’ont pas débuté leur calendrier de l’hégire l’année où naquit le Saint Prophète (saw). Nous savons que le calendrier hégirien démarre lorsque le Prophète (saw) émigra de la Mecque pour Médine. A partir de cette date, ils comptaient les années: an 1 AH, 2 AH, 3 AH, 4 AH etc, mais avant cela, ils appelaient les années selon les événements qui s’étaient déroulés.
Il y a une divergence quant à la date de naissance du Prophète (saw) entre les différentes écoles de pensée islamique. Nos frères des autres écoles le célèbrent le 12 Rabi ul-Awwal alors que nous le célébrons le 17 Rabi ul-Awwal. Il est important que cela ne soit pas un sujet de querelle entre nous. Pourquoi? Ayatollah Montazeri insistait sur le fait que cette semaine soit une semaine d’union entre les Musulmans car nous partageons tous un dénominateur commun, à savoir la vie de notre Prophète (saw).
Ainsi, nos chefs et assemblées devraient participer aux festivités de nos frères dans leurs mosquées le 12 Rabi ul-Awwal et les inviter à nos festivités dans nos mosquées le 17 Rabi ul-Awwal. Il y a donc une divergence d’opinion en ce qui concerne la naissance du Prophète (saw); en faisant des recherches historiques, vous verrez qu’à l’inverse de Sheikh al-Kulayni, la plupart des autres vous diront qu’il est né le 17 Rabi ul-Awwal.
Les premières années du Prophète (saw)
Les premières cinq années du Prophète (saw) n’étaient pas faciles. Imaginez que vous perdiez votre père les premières années de votre vie; selon certaines narrations, dans les premiers mois de la vie du Prophète (saw). Son père Abdullah décédé, le Prophète (saw) naquit orphelin, pour ainsi dire. C’est pourquoi le Coran dit: « Ne t’avonsnous pas trouvé orphelin? » Sa mère Aminah fit ce que la plupart des Arabes faisaient avec leurs bébés à l’époque. Si vous apparteniez à la noble aristocratie de la Mecque, que faisiez-vous du bébé? Huit jours après la naissance de leurs bébés, les aristocrates mecquois emmenaient leurs enfants au désert pour être nourris et allaités par une nourrice. On pourrait se demander: « Pourquoi est-ce que leurs mamans ne les allaitaient pas elles-mêmes? Pourquoi fallait-il les emmener au désert? »
Il y avait un certain nombre de raisons expliquant pourquoi les Arabes, et en particulier les aristocrates, emmenaient leurs enfants au désert. Les raisons pour lesquelles les aristocrates arabes emmenaient leurs nourrissons grandir dans le désert sont très importantes à appréhender car elles ont eu un rôle considérable dans
l’éducation et le psychisme du Prophète (saw).
La première raison est que cela vous permet de grandir dans un environnement où vous êtes indépendant et libre-penseur les premières années de votre vie. Dans le désert, il n’y a pas de bâtiments ni de forêts qui vous entourent. Il n’y a pas beaucoup de gens ni de magasins, ni marchés ni commerces. Le désert est vaste. Vous pouvez vous y asseoir et réfléchir à la création, à votre raison de vivre et à votre rôle dans la vie. Les Arabes qui envoyaient leurs bébés pour 8 ou 10 années dans le désert voulaient qu’ils vivent dans un environnement où on ne leur dirait pas quoi penser mais où on leur montrerait plutôt comment penser.
La deuxième raison est que le climat à la Mecque n’était pas sain pour les enfants aussi bien par rapport à ce qu’on y voyait que ce qu’on y respirait. Imaginez grandir dans un environnement où on enterrait les bébés de sexe féminin. Est-ce un bon commencement dans la vie? Ou imaginez grandir dans un milieu où on voyait les gens faire le tawaf (circumbulation) de la Ka’aba nus. Les Arabes faisaient le tour de la Ka’aba nus car ils disaient: « Dieu nous a créés libres et nul besoin de vêtements; les vêtements sont impurs. Faisons le tour de Sa maison comme Il nous a crées », complètement nus. La mère du Prophète (saw) voulait qu’il grandisse dans le désert afin de ne pas assister à tout cela.
La troisième raison était que le climat et le vent de la Mecque étaient chauds et mauvais pour la santé. La peste et des épidémies y sévissaient. Donc, sa mère s’assura qu’il soit emmené.
La plupart des récits rapportent que deux femmes ont allaité le Prophète (saw) et Abdul Muttalib les a choisies toutes les deux. La première à allaiter le Prophète (saw) fut Suwaiba, la servante de son oncle Abu Lahab. Avant que le Prophète (saw) annonce qu’il était le Prophète, Abu Lahab aimait le Prophète (saw) car il était le fils de son jeune frère. Donc, lorsqu’Aminah demanda la première fois qui allait allaiter son fils à Abdul Muttalib, il répondit: « Suwaiba ». Suwaiba avait aussi allaité Hamza car le Prophète (saw) et Hamza étaient du même âge. C’est pourquoi lorsqu’on suggéra au Prophète (saw) un jour d’épouser la fille de Hamza, il répondit: « Ce n’est pas possible car nous avons allaité de la même nourrice. »
La deuxième nourrice que choisit Abdul Muttalib fut Halima Sa’adiyya. Halima Sa’adiya était une femme pieuse craignant Dieu. Halima Sa’adiya elle-même disait: « J’ai vu de grandes richesses et beaucoup de bien dans ma vie le jour où j’ai commencé à allaiter le Prophète (saw). »
Certains récits prétendent que le Prophète (saw) était avec Halima à l’âge de deux ans et il « se souvint » qu’il était assis lorsque deux hommes s’approchèrent de lui, lui ouvrirent la poitrine et lui firent une « transplantation de coeur » car il avait le point noir du Satan dans le coeur; ils auraient donc changer le coeur et Muhammad était pure à partir de ce jour-là.
Nous réfutons cette idée bien sûr car même si quelqu’un avait le point noir de Satan, ce n’est pas dans le coeur en tant que tel. Le point dans le coeur est une métaphore qui désigne en fait le « nafs » (son soi ou égo) et changer de coeur est inutile.
Au contraire, le Prophète (saw) était né pur et n’avait pas besoin qu’on l’ouvre et qu’on l’opère. Le Coran dit: « N’avons-nous pas ouvert pour toi ta poitrine? » (afin de recevoir la connaissance). Ainsi, certains disent que Halima vit cela arriver au Prophète (saw) mais nous réfutons cela complètement.
Halima est allée voir Aminah, la mère du Prophète (saw) deux fois pour lui demander: « Voulez-vous le ramener à la Mecque? » et deux fois, Aminah lui répondit: « Oh Halima, garde-le là-bas car des maladies et des épidémies pourraient le toucher. »
Certains se demandent: « Si Dieu aimait tant Muhammad, pourquoi permit-Il qu’il commence si difficilement comme orphelin? » Autrement dit, pourquoi Dieu ne lui permit-Il pas de débuter dans la vie normalement comme tout le monde, avec un père et une mère?
Lorsqu’on posa la question à un Imam, il répondit: « Dieu voulait s’assurer que personne d’autre que Lui-même n’élève ni ne protège Muhammad. » Il voulait s’assurer que Muhammad (saw) n’obéisse à personne d’autre que Lui-même, même dès son plus jeune âge. Parfois, vos parents peuvent vous entraîner vers une voie ou une autre. Bien que ses parents étaient des croyants fidèles au message, Dieu voulait être Celui qui surveille son développement. C’est pourquoi son père décéda quand il était jeune, puis sa mère est décédée, et son grand-père Abdul Muttalib veilla sur lui.
Son grand-père décéda dans les deux ou trois années qui suivirent et son oncle Abu Talib l’éleva. Son oncle était non seulement sa clé de voute à lui mais aussi au message de la religion de l’Islam. Abu Talib préférait son neveu à ses propres fils. Il en était parfaitement de même de sa femme Fatima bint Asad. En enterrant Fatima bin Asad, le Prophète (saw) dit: « C’est ma mère. Cette femme me préférait à ses fils. C’est elle qui m’habillait, me lavait, veillait sur moi et me nourrissait. »
Sachez donc que ce sont celles qui ont veillé sur lui et du coup, une question se pose: « Que savons-nous de lui avant l’âge de quarante ans? » Dans un instant, nous analyserons sa vie après l’âge de quarante ans, mais demandez à bien des Musulmans:
« Parlez-nous de votre Prophète avant ses quarante ans », beaucoup seraient incapables de vous répondre. Avant l’âge de quarante ans, alors qu’il était sous la tutelle d’Abu Talib, le Prophète (saw) s’accrochait à lui et le suivait partout au point qu’Abu Talib luimême dit: « Un jour, j’étais sur le point de partir pour la Syrie en expédition commerciale. Le jeune Muhammad n’avait que douze ans et il s’accrocha à moi alors que je partais. En le voyant ainsi s’accrocher à moi, j’ai eu mal pour mon neveu qui était orphelin et je me suis dit: ‘Emmenons-le avec moi.' »
L’histoire rapporte qu’il l’emmena en Syrie. En chemin, ils passèrent devant un monastère. Le moine vit ces personnes arriver qui lui dirent: « Nous venons ici pour y passer la nuit. »
Le moine regarda Abu Talib et lui dit:
« Vous pouvez tous venir et êtes les bienvenus; vous pouvez manger ce que vous voulez, mais Abu Talib, j’aimerais vous demander quelque chose. – Demandez, lui dit Abu Talib.
– Vous savez ce jeune homme qui marchait à côté de vous? Emmenez-le avec vous aussi demain.
– D’accord, dit Abu Talib, je l’amènerai demain. »
Le jour suivant, lorsqu’Abu Talib arriva, le moine lui demanda: « Où est le jeune homme? »
Abu Talib dit: « Mon neveu?
– Oui, répondit le moine.
– Il est là-bas.
– Appelez-le ici, demanda le moine. »
Et c’est là une des preuves dans la théologie islamique qu’il était déjà inspiré par la connaissance de Dieu et la connaissance de sa mission. Il n’est pas devenu Prophète à l’âge de quarante ans où on lui aurait dit d’annoncer qu’il était le messager à ce momentlà. Il savait déjà avant qu’il était le Prophète et lorsque le moine s’approcha de lui alors qu’il avait douze ans et qu’il lui dit: « Au nom d’Allat et d’Uzza… », le Prophète lui rétorqua aussitôt:
« Ne prononcez pas ces noms devant moi. Je les déteste plus que tout. »
Il s’agissait de noms d’idoles des Koraichites. Le moine lui dit alors:
« J’aimerais vous donner un peu de sadaqa. »
– Nous ne prenons pas de sadaqa, lui répondit le Prophète.
– Puis-je voir la marque que vous avez entre les épaules? lui dit alors le moine. »
Il l’autorisa à voir la marque entre ses épaules et le moine s’adressa à Abu Talib:
« Abu Talib, si vous ne le savez pas encore, sachez que ce jeune homme est le Prophète dont a parlé Jésus et dont a parlé Moise et faites attention aux ennemis qu’il rencontrera.
– Comment avez-vous su? lui demanda Abu Talib.
– Quand vous marchiez et que Muhammad était près de vous, j’ai vu chaque arbre s’incliner à son passage, lui répondit-il. »
Le Prophète (saw) et son affection pour la justice
Même après l’âge de douze ans, le Prophète (saw) avait cette affection innée pour la justice et le désir de mettre fin à l’oppression. Un des plus grands incidents dans sa jeunesse eut lieu lorsqu’il avait vingt ans et des années plus tard, il y faisait toujours allusion. A vingt ans, il rejoignit un groupe appelé « Hilf ul-Fudul ». De quoi s’agissait-il?
En Arabie Saoudite, beaucoup de gens venaient au marché. Ils venaient d’autres régions avec leurs biens que les gens d’Arabie leur achetaient. Un de ces gens de la tribu des Banu Zahid (d’autres parlent des Banu Zubayd) vint vendre ses biens à ‘As b. Wa’il, le père de Amr b. ‘As. En remettant les biens à ‘As, il lui dit:
« ‘As, donne-moi mon argent.
– Quel argent? lui répondit ‘As
– Tu viens de prendre mes choses et je veux mon argent, dit-il.
– Il n’y a pas d’argent pour toi et tu es un étranger sur notre terre. Tu n’auras pas ton argent et je suis un aristocrate, tu ferais donc mieux d’oublier ton argent. »
Cette personne fut si en colère qu’elle grimpa au sommet d’une montagne et hurla:
« Oh peuple d’Arabie! Je suis venu chez vous comme étranger et j’ai été impliqué dans une transaction commerciale. Aucun d’entre vous n’a essayé de m’aider lorsque cet homme a usurpé mon dû. Que l’un d’entre vous au moins fasse entendre sa voix! »
Un homme de vingt ans du nom de Muhammad s’exprima en sa faveur. Il grimpa la montagne et dit:
« Il est injuste de notre part de nous comporter ainsi avec quelqu’un qui est invité chez nous; de plus, comment pouvons-nous être injustes alors que les biens ont fait l’objet d’une transaction commerciale? Formons une ligue qui veillera aux droits des partenaires commerciaux et qui protègera les transactions en Arabie. »
Quel âge avait-il? Seulement vingt ans et aucune annonce faite de son rang de prophète. Mais dès son plus jeune âge, la première chose que les gens remarquèrent chez lui fut qu’il s’agissait d’un homme qui dénonça l’injustice.
En 2012, combien d’entre nous dénoncent encore l’injustice, qu’elle soit exercée contre les Musulmans ou les non-Musulmans? Notre Prophète (saw) n’a pas regardé cet homme pour se dire: « Bon, il n’est pas Musulman, je ne vais pas le défendre. » Lorsque nous sommes témoins d’une oppression, nos devons la dénoncer car notre Prophète (saw) nous l’a instruit dès son plus jeune âge. C’est la première leçon que nous devons retenir de lui.
Non seulement il parvint à cela à l’âge de vingt ans, mais plus tard, il parvint à faire la preuve de deux qualités que les Arabes lui attribuaient. Ils lui donnèrent le titre de « as-Sadiq » (le véridique) et « al-Amin » (digne de confiance). Vous remarquerez que les Arabes ne savaient pas encore qu’il était un Prophète et n’avaient pas reçu quelque livre que ce soit de lui mais ils étaient touchés par sa morale en tant qu’être humain.
Suite à une inondation qui avait endommagé la Ka’aba, ils devaient reposer le Hajr al-Aswad (la pierre noire) dans la Ka’aba après la restauration. Les Arabes se disputaient à propos de qui reposerait le Hajr al-Aswad à sa place. Une tribu disait:
« Nous devrions la remettre à sa place. » Une autre disait: « Nous devrions la remettre à sa place. » Une troisième disait: « Nous devrions la remettre à sa place. » Finalement, ils se dirent: « Très bien, faisons cela: le premier homme qui entre ici décidera quelle tribu la remettra à sa place. » Aussitôt que le Prophète entra, ils ne dirent pas: « Muhammad est entré. » Ils dirent: « as-Sadiq…al-Amin est entré! » On ne songeait pas à son nom mais à la morale de cet homme.
De nos jours dans l’Islam, on accorde trop d’importance au nom et non à la morale. Lorsqu’il commença sa mission en tant que Prophète, ou même avant, il ne venait pas devant les gens en disant tout simplement: « Vous les gens! Je suis le Prophète.
Suivez-moi! » Vous devez avoir ces qualités telles qu’en quarante ans, personne ne vous trouve le moindre point noir.
Or, savez-vous ce que nous faisons? Si on nous donne un papier blanc avec un point noir au milieu et on nous demande: « Que voyez-vous? », nous répondrons: « un point noir. » Personne ne verra le blanc, n’est-ce pas? Nous aimons nous concentrer sur les points noirs. Même s’il y a tant de ‘blanc’ chez une personne, tout ce dont nous nous souvenons est le point noir. Mais le Prophète (saw) ne leur donna pas l’occasion de lui trouver le moindre point noir. Il était Sadiq et Amin.
Ainsi, lorsqu’il annonça qu’il était le Prophète, il leur dit:
« Ne m’appeliez-vous pas as-Sadiq? Ne m’appeliez-vous al-Amin? Lorsque le Hajr alAswad devait être remis en place dans la Ka’aba, n’étais-je pas celui qui vous dit: ‘Vous quatre tribus, ne vous disputez pas. L’un d’entre vous tient un coin du tissu, l’autre le deuxième coin, le troisième, le troisième coin et le quatrième, le quatrième coin et tous les quatre, portez le Hajr al-Aswad et je le prendrai de vous et le mettrai à sa place’? »
Sa mission en tant que Prophète
1. Etendre la prise de conscience Lorsqu’il révéla qu’il était le Prophète à l’âge de quarante ans, la question soulevée est: quelle était sa mission en tant que Prophète? Sa mission n’était rien de plus que de permettre aux gens de méditer et réfléchir à leur existence afin que, suite à la méditation et à la réflexion, ils se respectent non seulement eux-mêmes mais ils respectent aussi les autres créations de Dieu.
Nous avons compliqué la religion du Prophète (saw) alors que sa mission au départ était une mission toute simple. Les Arabes vivaient dans le Jahiliyya (l’Age de l’Ignorance). Toute société qui n’évolue pas est une société qui ne réfléchit pas et lorsque l’homme ne réfléchit pas, il devient la cause d’un virus dans la société.
Lorsque le Prophète (saw) a démarré sa mission, l’a t-il fait en disant: « Vous tous, vous devez prier maintenant! »? A t-il dit: « Vous tous, c’est Shahr Ramadan… Jeûnez!
Jeûnez! », « Vous tous, laissez-vous pousser la barbe! » ou « Vous toutes, portez le hijab! »? Il a commencé par dire: « Vous l’Humanité! Réfléchissez sur votre existence. Une heure de réflexion est meilleure que soixante-dix années consacrées à la prière. » L’Islam aujourd’hui est trop dogmatique. On accorde trop d’importance au halal… haram… halal… haram… wajib… makrouh… halal… haram. Est-ce cela que le Prophète (saw) a apporté à l’homme?
La première partie de la mission du Prophète (saw) consistait à mettre l’accent sur le fait qu’un vrai être humain est celui qui réfléchit à son rôle dans le monde.
Aussitôt qu’il réfléchira, tout le reste viendra seul. Les Musulmans d’aujourd’hui se focalisent sur les pièces du puzzle et ont oublié le puzzle lui-même.
Miqdad, un proche compagnon du Prophète (saw) dit:
« Ces premiers jours de l’Islam, j’ai entendu un hadith du Prophète selon lequel: ‘Une heure de réflexion est meilleure qu’une année d’adoration.’ Puis, j’ai entendu b. Abbass rapporter du Prophète: ‘Une heure de réflexion est meilleure que sept années d’adoration.’ Puis, j’ai entendu un autre compagnon dire que le Prophète a dit: ‘Une heure de réflexion est meilleure que soixante-dix années d’adoration.’ J’ai décidé d’aller voir le Prophète et de lui demander comment se fait-il que dans un hadith, il dit qu’une heure de réflexion vaut mieux qu’une année d’adoration; puis dans un autre que ça valait mieux que sept années d’adoration et dans un troisième que ça valait mieux que soixante-dix ans d’adoration? »
Lorsqu’il demanda au Prophète (saw), le Prophète (saw) lui répondit:
« Miqdad, viens avec moi. Demandons à la première personne. »
Ils demandèrent à la première personne:
« A quoi réfléchis-tu?
– J’observe les créations dans les cieux et sur terre, répondit-il, et je me dis que tout ceci ne peut pas être le fruit du hasard.
– Son heure de réflexion, dit le Prophète (saw) à Miqdad, est meilleure qu’une année d’adoration. »
Puis, ils allèrent interroger le deuxième homme:
« A quoi réfléchis-tu?
– Je pense au Jour du Jugement, dit-il, et aux questions que l’on me posera et à ce que j’ai
fait en public et à ce que j’ai fait en privé.
– Son heure de réflexion, dit le Prophète (saw), est meilleure que sept années
d’adoration. »
Enfin, ils interrogèrent le troisième homme:
« A quoi réfléchis-tu?
– Pour vous répondre franchement, dit-il, je pensais au feu de l’enfer et j’ai peur.
– Son heure de réflexion, dit le Prophète (saw), vaut mieux que soixante-dix années d’adoration. »
Pourquoi cela? Parce que dès lors que vous songez au feu de l’enfer, vous changerez vos manières tout de suite.
Ainsi, le Prophète commença par dire qu' »une heure de réflexion est meilleure que soixante-dix années d’adoration. » Vous pouvez jeûner et prier, jeûner et prier, jeûner et prier, mais si vous jeûnez pendant trente jours dans l’année et si, les 335 jours restants, vous ne réfléchissez pas à votre existence, à votre rôle, au sens de votre vie, à vos objectifs, alors vous n’avez pas compris le véritable message de l’Islam. D’un autre côté, à peine réfléchirez-vous à votre existence, au fait que vous n’étiez rien avant, vous ne valiez même pas la peine qu’on vous mentionne, vous venez de quelque chose de répugnant à la vue, que vous regarderez autour de vous et réaliserez: « Si je suis si peu, pourquoi suis-je si arrogant vis à vis des gens qui m’entourent alors? »
C’est pourquoi le Prophète (saw), quand il a démarré sa mission à l’âge de quarante ans, a demandé aux gens de réfléchir sur leur existence.
2. Eradiquer le racisme et respecter chaque être humain Il a ensuite attiré l’attention des gens sur cette maladie qu’était le racisme qui sévissait dans leur société. Pourquoi? Car il savait qu’un être humain qui réfléchit ne peut pas être raciste. Suis-je meilleur qu’un autre parce que je suis de telle couleur? Non!
Nous sommes tous les deux les fils d’Adam créés de la poussière. Donc, au début de sa mission en tant que Prophète, il dénonça le racisme.
Comment est-ce que Bilal a rejoint l’Islam? Bilal a rejoint l’Islam suite à l’arrestation d’Ammar b. Yassir. Lorsqu’Ammar a été arrêté, les premiers aristocrates koraichites le regardèrent et dirent:
« Ammar, es-tu celui qui clame que la religion de Muhammad est celle que nous devons suivre?
– Oui, répondit-il.
– Explique-moi la religion de Muhammad, dit l’un d’entre eux.
– Le Prophète parle d’un Dieu unique et ce Dieu est Clément vis à vis de Sa création. Il leur a donné le libre-arbitre et il y aura un Jour du Jugement où Il nous jugera mais Il ne nous jugera pas par rapport à notre race. Il nous jugera selon notre conscience de Sa présence. »
Bilal était debout. Bilal était encore un esclave. A ce moment-là, un des membres koraichites dit à Bilal:
« Bilal, soumets Ammar à la torture.
– Non, dit Bilal.
– Quoi? Bilal!!! Espèce d’esclave noir! Soumets Ammar à la torture.
– Non, dit-il.
– Comment oses-tu, Bilal! Nous t’avons élevé. Soumets-le à la torture!
– Je n’ai jamais entendu un message où un homme de ma couleur est protégé, où un homme de ma couleur de peau est honoré, dit Bilal. »
Vous remarquerez que Bilal a rejoint l’Islam parce qu’il y a eu une piste de réflexion par le Prophète (saw). Il permit que la religion se répande intellectuellement et non émotionnellement.
A Médine, lorsque le Prophète (saw) dit: « Je veux quelqu’un qui appelle à la prière », les gens s’avancèrent et demandèrent au Prophète (saw) qui il désignerait pour l’appel à la prière. Le Prophète (saw) dit:
« Bilal, monte et donne l’azan. »
Ce faisant, le Prophète (saw) anéantit le racisme dès le départ.
Il prêchait le fait que non seulement nous devons respecter les gens de différentes races mais nous devons aussi apprendre à respecter les gens de différentes religions. Aux débuts de sa prophétie, ses compagnons étaient martyrisés, il dit onc à Ja’far b. Abu Talib:
« Ja’far, va en Abyssinie. Vas-y avec les compagnons.
– Où irons-nons? demanda Ja’far.
– Ja’far, va en Abyssinie, lui répondit le Prophète (saw), car il y a un prêtre chrétien. »
Notez le message. Dans un premier temps, il veut se débarrasser du racisme, puis encourager le respect vis à vis des autres êtres humains et enfin, vis à vis des autres religions, car si leurs principes sont identiques aux nôtres, ils sont alors plus proches de nous que les gens de notre religion qui sont hypocrites et sans principe.
Ainsi, Ja’far se rendit en Abyssinie et rencontra le prêtre chrétien. Amr b. As était avec Ja’far. Lorsque Ja’far arriva, le prêtre abyssinien demanda:
« Qui sont ces gens?
– Nous sommes ces gens qui croyons à tous les prophètes et au dernier prophète de Dieu qui parle de Jésus, fils de Marie, répondit Ja’far.
– Que dit votre livre à propos de Jésus, fils de Marie? demanda le prêtre.
– Notre Livre dit que Jésus, fils de Marie, est né d’une vierge et un chapitre porte le nom de sa mère, Maryam. »
Le Prophète (saw) aurait pu dire: « Mais, il est Chrétien et il croit à la crucifixion du Christ et pas nous. » Au contraire, le Prophète (saw) a dit: « Il croit en Dieu et il y a plus de similitudes entre nous que de différences. »
Regardez l’attitude des Musulmans aujourd’hui. Ils ne voient pas les gens comme des membres de l’humanité mais comme des mécréants.
Ainsi, le premier message de l’Islam était: pas de racisme et respecter les gens des autres religions car ces gens ont des principes que nous prêchons et comprenons. C’est grâce à cela que Ja’far a pu s’installer en Abyssinie et bâtir la première communauté musulmane en Afrique.
3. Valoriser les femmes Les premières années à la Mecque, le Prophète (saw) ne prêchait pas seulement qu’on respecte les autres ainsi que les autres religions mais il prêchait aussi le respect de l’autre sexe. Le Prophète (saw) voyait qu’on enterrait les bébés de sexe féminin vivants; ces gens n’avaient aucun principe. Même quelqu’un comme Umar b. Khattab raconte: « A l’époque du Jahiliyya, avant l’apparition de l’Islam, nous enterrions nos filles vivantes. Il y a deux choses: une qui me fait pleurer et l’autre qui me fait rire. Celle qui me fait rire, c’est que nous adorions un dieu fait de dattes. Pendant la prière, lorsque personne ne voyait, nous prenions une datte et la mangions. A la fin de la prière, ce dieu était décédé. Cela me faisait rire. La chose qui me faisait pleurer, c’est lorsque j’ai enterré ma fille vivante. Ma fille s’accrochait à ma barbe quand je l’enterrais. Mais j’avais la pelle, je l’ai frappée d’un coup de pelle et je l’ai enterrée vivante. »
Donc, le Prophète (saw) leur fit avant tout réfléchir sur leur existence, puis il leur fit respecter les autres nations et rejeter l’intolérance, puis il ordonna qu’on soit tolérant envers les autres religions et il leur fit respecter les femmes. Il savait qu’en octroyant des droits aux femmes, il permettra que de grandes nations se créent. Il établit premièrement que les filles ne seront plus enterrées vivantes, ensuite, que les femmes seront héritières et non celles qu’on déshérite et que les dots appartiendraient aux femmes. Du temps du Jahiliyya en Arabie, la dot était versée au père de la fille et non à la fille. Puis, il annonça: « Le Paradis se trouve sous les pieds de la mère. »
Un jour, un jeune homme juif qui était devenu Musulman vint voir le Prophète (saw) et lui dit:
« Cher Prophète! Ma mère est juive mais je suis Musulman. Comment dois-je me comporter avec elle maintenant que je suis Musulman?
– Comporte-toi mieux qu’avant, lui répondit le Prophète. »
Le jeune homme se rendit chez lui et se mit à exécuter toutes les tâches ménagères. Sa mère le regarda et dit:
« Depuis que tu es devenu Musulman, tu te comportes ainsi. Pourquoi?
– Mon Prophète m’a dit que le Paradis se trouvait sous vos pieds, lui répondit-il.
– Si c’est ce que prêche le Prophète (saw), répondit-elle, dans ce cas, je veux joindre la religion du Prophète. »
4. Etablir une échelle de valeurs les plus élevées et parfaites Suite à son système de valeurs, même ses ennemis le respectaient au point de lui confier leurs biens précieux.
Il a vécu treize ans à la Mecque avant d’émigrer à Médine où il vécut dix ans. La nuit où il quitta la Mecque, il laissa Ali b. Abi Talib dormir à sa place sur son lit. Etait-ce le seul rôle d’Ali b. Abi Talib (as)? Non. Ali b. Abi Talib (as) avait un deuxième rôle. « Cher Ali! Lorsque tu quittes mon lit le jour suivant, rends à mes ennemis les biens qu’ils m’ont confiés. »
Imaginez les ennemis des Koraichites dire au Prophète (saw): « Nous ne te croyons pas, nous te haïssons, tu es fou… ça ne te dérange pas de garder mon collier en or? » Car il s’agissait d’une caractéristique éthique du fait que, bien que la personne en face soit un ennemi, lui en tant que Prophète (saw) de Dieu n’était pas venu pour se faire des ennemis. S’il peut prouver qu’il est digne de confiance, que ses ennemis lui confient leurs biens.
Donc, après avoir vécu treize ans à la Mecque, il partit pour Médine.
5. Respecter toutes les religions et encourager l’apprentissage.
A l’âge de 53 ans, lorsqu’il partit pour Médine, on lui fit la guerre maintes fois.
Beaucoup disent: « Muhammad a répandu sa religion à l’épée. » En réalité, ces batailles étaient des batailles défensives et non offensives. Etait-ce des batailles défensives pour ne protéger que les Musulmans? Non. Le Coran mentionne au chapitre 22, verset 39-40:
« Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d’Allah est beaucoup invoqué. »
Je vous le demande: Si le Prophète (saw) était venu répandre sa religion à l’épée, pourquoi est-ce que le Coran parle des églises et des synagogues? Ce que l’Islam essaie de dire, c’est que lorsque nous nous défendons à Médine, nous veillons à défendre chaque lieu de culte qui clame: « Il n’y a qu’un seul Dieu. » Ce n’est pas que pour les Musulmans. Le Coran dit au chapitre 3, verset 64: « Dis: Ô gens du Livre! Venez à une parole commune entre nous et vous: que nous n’adorions qu’Allah [Dieu] sans rien Lui associer et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d’Allah. »
Après ces premières batailles, on peut aussi remarquer son insistance sur l’éducation. Après la bataille de Badr, alors qu’il ramenait les prisonniers, ses compagnons lui dirent:
« Tuons-les.
– Non, dit-il. Traitons-les bien et faisons-leur une proposition.
– Quelle proposition?
– Nous les relâcherons s’ils apprennent à dix de nos gens à lire et à écrire. »
Depuis le début à Médine, le message mettait l’accent sur l’éducation: « Acquérez le savoir, du berceau jusqu’au tombeau… Lisez jusqu’aux derniers instants de votre vie…
La valeur d’un croyant se mesure à son savoir, sa sagesse. » Le Prophète (saw) a donc introduit l’idée de lecture et d’écriture chez les Musulmans car il savait que ces compétences étaient à la base de toute grande société.
Ensuite, après s’être établi lui-même à la tête de l’état de Médine, il créa des traités appelés « La Constitution de Médine » et le « Pacte de Najran ». La Constitution octroyait le droit de culte aux Juifs dans leurs synagogues et le Pacte octroyait le droit de culte aux Chrétiens dans leurs églises alors que les Musulmans prieraient dans leurs mosquées. Il insista sur le fait qu’il n’y avait rien de mal à vivre dans une société avec plusieurs religions.
6. Répandre la miséricorde et la compassion par le pardon et la patience Et malgré cela, à Médine, lorsque le Prophète (saw) reçut l’ordre de Son Seigneur de retourner à la Mecque qu’il n’avait pas revu depuis qu’il en a été expulsé, … lorsqu’il
retourna à la Mecque, ses compagnons lui dirent:
« Retournons là-bas et battons-nous contre ces Mecquois!
– Non, nous signerons un traité de paix avec eux, dit-il.
– Qu’est-ce que vous entendez par un traité de paix? demandèrent-ils. C’est sûr! C’est
notre chance de détruire ces gens et d’en finir avec eux tout comme ils nous ont torturés.
– Non, dit le Prophète (saw). Faisons un traité de paix leur permettant de s’ouvrir à la clémence de la religion de l’Islam. »
Lorsque le Prophète (saw) fit son entrée victorieuse à la Mecque, il nous apprit une autre leçon de pardon. Beaucoup de Musulmans ont du mal à pardonner de nos jours. Les gens ont du mal à pardonner quelqu’un qui leur a fait du tort ou quelqu’un qu’ils ont vu faire du tort. Vous avez beau leur dire: « Mais les années ont passé. Cette personne a peut-être changé ou s’est repentie. » Rien à faire. Ils refusent de pardonner
alors que le Prophète (saw) était le plus clément de tous.
Lorsque la Mecque a été conquise, deux personnes abordèrent le Prophète (saw) et il les pardonna. La première d’entre elles était Wahshi, l’homme qui avait mutilé le corps de son oncle Hamza au point que Hind, la mère de Mu’awiya, fit tellement de morceaux du corps de Hamza qu’elle en fit un collier pour elle. Ce Wahshi déchiqueta le torse de Hamza en deux. Après la conquête de la Mecque, Wahshi, Abu Sufyan, Hind et d’autres comme Habbar b. Aswad se dirent: « Muhammad ne nous pardonnera jamais;
Muhammad va pénétrer dans la Mecque et il nous exécutera pour ce que nous avons fait. »
Wahshi et Abbar dirent: « Mais nous avons entendu dire que Muhammad était un homme plein de clémence et que sa religion est clémente et indulgente. Il est venu parfaire l’akhlaq de l’homme. » Ils se dirent donc: « Allons le voir. » Wahshi alla le voir et dit:
« Ô Prophète d’Allah! Pardonnez-moi. J’étais à l’ère de l’ignorance. Je ne savais rien du message de l’Islam. J’ai entendu des rumeurs sur vous mais elles n’étaient pas fondées.
Prophète (saw) de Dieu! Pardonnez-moi pour ce qui s’est passé. »
Et la réponse fut:
« Ô Wahshi, vous êtes pardonné. Quittez cet endroit à présent. »
Puis, Habbar b. Aswad s’approcha. Une des filles par alliance du Prophète (saw) était enceinte. Elle allait à Médine. Habbar voulait qu’elle fasse une fausse-couche. Alors qu’elle était en chemin pour Médine, Habbar vint et lui flanqua une telle peur qu’elle finit par perdre son enfant. En apprenant cela, le Prophète (saw) eut beaucoup de peine.
Habbar vint donc voir le Prophète (saw) après la conquête de la Mecque et lui dit:
« Ô Prophète d’Allah! Je suis la cause de la fausse-couche de votre petit enfant. Je lui ai fait tellement peur qu’elle perdit l’enfant mais j’étais ignorant et ils m’ont menti sur votre comportement et votre personnalité. Lorsque je vous vois maintenant, je vois un homme de vertu. S’il vous plaît, pardonnez-moi. »
Nous devrions nous demander, en tant que Musulmans aujourd’hui, jusqu’à quel point nous sommes prêts à pardonner nos frères, soeurs, tantes, oncles, grands parents et cousins?
Le Prophète (saw) lui dit:
« Allah vous a pardonné. Ne vous tourmentez pas pour ce que vous avez fait. »
Le Prophète (saw) savait qu’à la base d’une grande communauté se trouvent tous ces principes de tolérance, de patience et de pardon. Nous devons adopter des principes en nous inspirant de lui. Certains d’entre nous doivent être patients dans leur vie maritale. D’autres doivent être patients face à leurs enfants. Lui aussi a dû être patient dans sa vie maritale comme vis à vis de ses enfants.
Il avait épousé une femme appelée Shamba. D’après des récits, elle serait la fille d’Amr al-Ghaffariya. Lorsqu’elle vit le fils du Prophète (saw), Ibrahim, décéder, elle dit:
« Vous savez? Si vous étiez le Prophète de Dieu, Dieu n’aurait pas laissé votre fils mourir; je vous quitte! » et elle s’en alla.
Savez-vous la patience qu’il faut lorsque vous êtes mariés à quelqu’un qui vous parle ainsi? Mais le Prophète (saw) était patient.
Il avait une autre femme du nom de Malika. Un jour, on lui dit:
« Muhammad est la cause du décès de ton père. »
Elle prit ses affaires et elle s’en alla. Parfois, dans la vie, on se plaint de ce que nous devons affronter mais le Prophète (saw) a affronté plus de choses que nous. Il disait: « La patience est à la foi ce que la tête est au corps. » Il ne peut y avoir de corps sans tête et il ne peut y avoir de foi sans patience. Il a même dû voir plusieurs de ses enfants mourir.
Son fil Ibrahim mourut, son fils Qasim mourut, même son fils Abdullah mourut. Certains d’entre nous se demandent: « Pouquoi est-ce que nos enfants meurent? Pourquoi est-ce que l’enfant de mon amie est décédé? » Lorsque nous disons que le Prophète (saw) est un modèle, c’est parce que tout ce que vivons, le Prophète (saw) l’a vécu aussi.
7. Laisser des valeurs morales parfaites en héritage C’est ainsi qu’avant de rendre l’âme, il fit ce que tout grand chef ferait. Il dit clairement aux gens: « même si je meurs, je m’assurerai avant de vous laisser de quoi
vous guider. » Il laissa ce guide le Jour de Ghadir en élevant la main d’Ali et dit explicitement: « Je ne quitterai jamais ce monde sans m’assurer qu’il y a un guide pour vous qui continuera à préserver le message tel que je vous l’ai transmis. »
Mais sa dernière action fut un réel acte de charité. Dans l’Islam, faire sourire un être humain est un acte de charité. Lorsque sa fille Fatima s’approcha de lui alors qu’il était mourant, une narration raconte qu’elle pleura d’abord puis sourit. Dans cet acte, le Prophète (saw) nous montre que, du début jusqu’au terme de sa vie, l’éthique et la morale étaient au coeur de sa biographie. Lorsque Fatima se retourna, on lui demanda:
« Fatima, vous avez pleuré puis sourit? »
Elle dit:
« J’ai pleuré quand il m’a annoncé qu’il était sur le point de rendre l’âme; mais j’ai souri ensuite car il m’a dit que j’allais être la première de la famille à le rejoindre. »
Vous remarquerez que du début jusqu’à la fin, il fut un homme qui apporta le sourire dans la vie de l’humanité et il partit avec le sourire et c’est pourquoi, aujourd’hui encore, ce n’est pas que l’Islam qui le respecte mais les autres aussi.
Guru Nanak, le fondateur de la religion Sikh, croyait que « Muhammad était un agent de Brahman. » On cite certains prêtres chrétiens disant: « Bien que nous ne croyons pas au Prophète, il était un modèle de vertu pour l’humanité. » Et il n’y a pas de meilleurs propos que ceux de Gandhi lorsqu’il dit: « Il est impossible que des millions de gens soient attirés par cet homme à cause de son épée. Non! Ce n’était pas son épée. C’étaient ses engagements qu’il respectait et sa simplicité dans la vie et son dévouement pour sa famille et ses amis qui ont fait de cet homme l’homme qu’il fut. » Gandhi ajouta: « J’étais triste à la fin du second volume de sa biographie car j’aurais aimé en savoir plus sur cet homme, un homme comme personne d’autre, Muhammad. »
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad