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L'Imam al-Mahdī Sahīb-uz-Zamān (p) .
1) Une naissance discrète .
2) La petite occultation et les représentants du Mahdi .
3) La grande occultation .
4) Où peut-on rencontrer le Mahdi ?
5) Comment l’Imam peut-il avoir une si grande longévité ?
6) Comment croire en un Imam invisible ?
7) Les 26 conditions que devront respecter les 313 généraux du Mahdi ( Kitab-e-Jahan ba’daz zuhur ), tout comme l’ont fait avant eux les généraux dʿAlī ibn Abī T̩ālib (p) durant son Califat .
1) ------------------> Une naissance discrète .
L’Imam Muhammad ibn al-Hassan al-Mahdī (p) est né le 15 Shaban de l’an 255 AH . Il est vénéré comme étant le messie attendu dans la religion islamique . Sa vie mérite une analyse approfondie dans la mesure où il est considéré comme le Sauveur attendu, celui qui apportera la justice et débarrassera la terre de toute forme d’injustice, d’oppression et de tyrannie .
C’est un sujet d’une très grande actualité dans la mesure où beaucoup de religions de nos jours croient en un « Mahdi », un sauveur attendu . Beaucoup de religions annoncent la venue d’un Sauveur qui débarrassera la terre de toutes les formes d’oppression, d’injustice et de tyrannie afin d’instaurer une justice et une équité dans le monde dans lequel nous vivons .
Prenons l’exemple de la religion Zoroastrienne, le livre de cette religion, « l’Avesta », évoque un individu appelé « Zaochia », qui viendra pour apporter la bonté absolue dans l’univers . Si vous allez voir le « Bhâgavata Korana », qui regroupe les textes hindous, vous y trouverez le nom d’un individu appelé « kalki » qui viendra à une époque où les hommes politiques seront corrompus et abuseront de la population . Il viendra afin de faire disparaître toute forme de corruption . Si vous aller voir le « Ravada », les textes bouddhistes, vous y lirez que Bouddha Gautam parle d’un bouddha final qui apportera la lumière à une époque où la terre sera dans l’obscurité . Si vous regardez la religion Juive, il y a des discussions autour d’un messie issu des enfants de David qui viendra et fera disparaître toute forme de tyrannie et d’injustice . Lorsque vous regardez le Christianisme, cette religion évoque la seconde venue du Christ, qui reviendra pour instaurer le royaume de Dieu et apporter la justice et l’équité .
En d’autres termes, la croyance en un Mahdi n’est pas uniquement la chasse gardée de l’Islam mais toutes les religions croient en un Sauveur attendu . Ce qui est remarquable c’est qu’en Islam, le Sunnisme et le Chiisme ont une convergence de vue qui est bien plus importante . Il est obligatoire pour tout musulman, qu’il soit Sunnite ou Chi'ite de croire au Mahdi . La différence principale réside dans le fait que l’un ( le Chiisme ) pense qu’il est en vie et déjà parmi nous et l’autre ( le Sunnisme ) qu’il va naître .
Hormis cela, vous trouverez de nombreuses traditions aussi bien dans la littérature Sunnite que Chi'ite, évoquant un homme du nom de Mahdi, descendant de Fâtima az-Zahrâ' (p), dont le nom est celui du Saint Prophète (p) .
Naturellement, tous les musulmans ressentent cette nécessité de connaître l’Imam de leur temps et de comprendre sa biographie . D’autant plus qu’il y a beaucoup de questions qui se posent au sujet de l’Imam de nos jours .
Lorsque l’on parle de la naissance du Mahdi, il est intéressant de se pencher sur le contexte politique et religieux qui entoure cet événement . Le 11ème Imam était âgé de 22 ans lorsqu’il reçut l’Imamat . Deux groupes de personnes étaient fortement intéressés par l’identité de son successeur .
Il y avait ceux qui étaient fidèles à l’Imam al-Askarī (p), ceux qui suivaient l’école des Ahl-ul-Bayt (p) à travers lui, qui, se basant sur les traditions du Saint Prophète (p) savait qu’il y aurait douze Imams pour le succéder . Ces fidèles étaient dans l’attente de l’annonce de cette naissance providentielle . Beaucoup d’érudits Musulmans, y compris ceux des écoles Sunnites ont évoqués les douze Imams et leurs noms . Ce fut le cas de Bukhari dans son Sahih ( Bukari a vécu à l’époque du 9ème, 10ème et 11ème Imams (p) ) qui parle d’un homme appelé « Mahdi », né de la lignée de âtima az-Zahrâ' (P) et qui apportera la justice .
C’est aussi le cas de Qassim ibn Ibrahim ar-Rasi dans son livre ar-Rad al-Rawafi .
Avant même sa naissance, cette discussion et ce débat autour du 12ème Imam (p) existait déjà .
L’autre groupe de personnes fortement intéressé par la naissance du 12ème Imam (p) était les califes abbassides dans la mesure où la prophétie affirmait que ce 12ème successeur du Saint Prophète (p) allait apporter la justice et supprimer toute forme d’oppression . Cette naissance était donc vécue par le pouvoir despotique des Abbassides comme une véritable menace . Il n’y avait pas de preuve formelle indiquant quand et où allait avoir lieu cette naissance . C’est pourquoi les Abbassides vont mettre en place une surveillance très resserrée de la résidence du 11ème Imam (p) pour repérer les femmes enceintes ou sur le point de donner naissance à un enfant .
Lorsque l’on se replonge dans l’histoire des Imams, très peu de fidèles avaient accès au 11ème Imam (p) en raison de la forte répression des Abbassides . L'Imam al-Askarī (p) a informé de la naissance du Mahdi qu’à un nombre de personnes extrêmement restreint . Parmi les très rares personnes au courant de cet événement il y a :
- Abul Hashim al-Ja’fari .
- Ahmad ibn Isaac .
- Abul Adian .
- Deux tantes de l'Imam : Hakima et Khadija .
Pour préserver cet enfant qui était destiné à devenir le vice-gérant de Dieu sur terre, l'Imam al-Askarī (p) va entourer cette naissance du plus grand secret, cachant cette nouvelle aux membres de sa famille car il savait que la confiance était un bien précieux qu’il pouvait difficilement accorder dans le contexte d’oppression des Abbassides . Par la volonté d’Allah, jusqu’au jour de son accouchement, la Noble Narjīs Khatoun (p) ne montrait aucun signe de la maternité .
Sheikh Saduq, Sheikh Tusi ou encore Tabari racontent que la Noble Narjīs Khatoun (p) était issue d’une famille Chrétienne . Kulayni ajoute qu’elle avait des ancêtres africains . Le 10ème Imam (p) demanda un jour à son compagnon Bashir de se rendre à Bagdad sur les rives de l’Euphrate, avec une somme de 220 dinars en or . L'Imam lui expliqua de se rendre là où les navires transportant les esclaves accostaient . Il lui demanda d’aller au devant d’un homme appelé Omar ibn Yazid . Il aurait avec lui un groupe d’esclaves, dont une femme voilée . Elle refusera tous les enchères qui seront faites sur elle . Un homme irait jusqu’à proposer 300 dinars pour l’acquérir, lui promettant par ailleurs de lui donner absolument tout ce qu’elle souhaiterait . L'Imam lui expliqua qu’elle répondrait de la façon suivante :
- Même si tu me donnais le royaume du roi Salomon, je ne consentirai pas à t’accorder ce que tu demandes .
L'Imam lui dit alors :
- A ce moment tu t’avanceras vers elle . Tu paieras ces 220 dinars pour elle et tu lui remettras cette lettre, qu’elle embrassera .
Bashir fut surprit de voir les choses se dérouler selon les dires du 10ème Imam (p) . Peu après, s’exprimant en arabe, Narjīs Khatoun (p) raconta son histoire à Bachir :
- Mon nom est Malika, fille du César de Rome . Mon père souhaitait me marier à mon cousin mais chaque fois que le jour des noces arrivait, un tremblement de terre venait secouer le palais, obligeant le report du mariage . Cela se produisit plusieurs fois . Puis un jour, je vis en rêve le Prophète Jésus et ses compagnons allant vers le Saint Prophète (p) et ses garçons . Il demanda à Jésus ma main pour son fils Hassan al-Askarī . Et Jésus accepta cette demande comme un honneur .
L'Imam Hassan al-Askarī (p), avait annoncé à la Noble Narjīs Khatoun (p) qu’elle serait capturée lors de l’invasion d’une armée Musulmane et transportée comme esclave vers Bagdad . Elle ne fut donc pas surprise de cette rencontre avec Bashir car elle était informée de la manière dont elle allait rejoindre l'Imam Hassan al-Askarī (p) .
Lorsqu’elle vivait à Samarra, la Noble Narjīs Khatoun (p) n’était pas seule . Elle était accompagnée d’une femme prénommée Salik . Dans l’intérêt de préserver la vie de la Noble Narjīs Khatoun (p) et de l’enfant qu’elle portait, elle va prétendre être celle qui était enceinte dans la demeure du 11ème Imam (p) . En réalité, le pouvoir Abbasside ignorait totalement qui portait cet enfant prophétique et quand il allait naître . Les Abassides donc mettre en place une surveillance étroite de Salik pendant presque un an avant la mort d’Ubaydullah ibn Hakam .
Ce n’est pas méfait de dire que la mère du 12ème Imam (p) était une esclave. Elle a connue cette souffrance et cela n’enlève en rien sa grandeur . Les mères de d’autres Imams furent aussi des esclaves auparavant . C’est aussi un symbole pour montrer que la condition sociale, la puissance ou la richesse ne sont pas des critères de choix .
Dire que la Noble Narjīs Khatoun (p) était Chrétienne et de la lignée du Prophète Jésus n’est en rien une manière de lui rabaisser egalement, en sachant d’ailleurs que Jésus reviendrait aux côtés du Mahdi priant derrière lui . le Saint Coran consacre d’ailleurs tout une sourate à Marie, mère de Jésus .
Ce n'est que dans la nuit du 15 Shaban 255 AH que Hakima, la tante de l'Imam al-Askarī (p), découvrira que la Noble Narjīs Khatoun (p) allait donner naissance à cet enfant providentiel pour la simple et bonne raison que la Noble Narjīs Khatoun (p) ne portait pas les signes physiques de la grossesse . On pourrait objecter en disant que c’est une chose impossible . Mais ce fut aussi le cas pour la mère du Prophète Moise, sans quoi, Pharaon se serait débarrassé de Moise et de sa mère pour enrayer la menace qui pesait sur son empire .
Ce qui est vital de comprendre c’est qu’il était difficile de faire confiance à l’entourage de l’Imam, la famille incluse . Le frère du 11ème Imam (p), Ja’far, n’hésita pas à alerter le pouvoir abbasside de l’imminence de la naissance du Mahdi . Durant les 5 années entre la naissance de l’enfant et son assassinat en 260 AH, l'Imam al-Askarī (p) décida littéralement d’occulter son fils au regard et à l’attention du pouvoir et de la population de Samarra . L'Imam al-Mahdī (p) sera envoyé, tout de suite après sa naissance vers Médine chez sa grand-mère Odayfah . C’était la seule solution pour préserver l’intégrité de cet enfant . Lorsque ses compagnons venaient l’interroger sur son fils, le 11ème Imam (p) répondait :
- Si vous allez à la Mecque pour le Hajj, vous le verrez et si vous allez à Médine vous le verrez aussi .
Quinze jours avant sa mort, l'Imam al-Askarī (as) se confia à son fidèle compagnon Abul Adian :
- Vas à Bagdad et remets à nos fidèles ces lettres dans lesquelles j’ai répondu à toutes leurs questions de jurisprudence .
Abul Adian l’interrompit :
- Ô Maître ! Puisqu’il en est ainsi, qui sera votre successeur et imam après vous ?
- Celui qui sollicitera les réponses à ces lettres sera Imam après moi, réagit-il .
Le compagnon ajouta :
- Donnez-moi d’autres indices Maître .
Il répondit :
- Celui qui fera ma prière mortuaire sera l'Imam après moi .
Le compagnon insista :
- Montrez-moi une dernière preuve .
- Celui qui définira le contenu d’un sac sera Imam après moi .
Abul Adian raconta qu’il ne put par crainte demander ce qu’il y avait dans le sac .
Cette anecdote démontre de manière éloquente que les proches amis et compagnons de l’Imam eux aussi ignoraient à qui ressemblait le Mahdi car ne vivant pas à Samarra, il ne l’avait jamais vu ou rencontré . L’Imam al-Askarī (p) donna donc des signes pour permettre de le reconnaître . Le jour des funérailles, Ja’far s’était proclamé Imam et s’était avancé pour faire cette prière rituelle . A son retour de Mada’in ( Bagdad ), Abul Adian relata l’événement suivant :
- Je vis à ce moment Ja’far, le frère de l'Imam, débout devant la porte de sa maison et recevant d’un côté les condoléances et de l’autre les félicitations pour avoir accédé à l’Imamat . Je me disais que l’Imamat serait corrompu si quelqu’un comme Ja’far réputé pour la consommation d’alcool et les jeux de hasard devenait Imam . Je m’avançai tranquillement comme tout le monde pour présenter mes honneurs très éphémères à Ja’far, confiant quant aux signes révélateurs que m’avait donnés mon Maître, le 11ème Imam (p) . Cela ne me surprit d’ailleurs guère qu’il ne fit allusion ni à la réponse aux lettres que je portais avec moi, ni au contenu d’un quelconque sac . Akîd, un serviteur en provenance de la maison endeuillée s’approcha de Ja’far et lui annonça que la dépouille était prête et qu’il devait à présent venir accomplir la prière mortuaire . J’entrai dans la maison en compagnie d’un groupe de Chi'ites et réalisai effectivement que mon Maître brillait dans le blanc du sépulcre pur qui l’entourait, prêt pour la cérémonie . Ja’far passa devant pour diriger la prière . Avant que Ja’far n’entame la prière, un enfant de 5 ans s’avança et écarta Ja’far en disant :
- Mon oncle, je suis plus légitime que vous pour diriger cette prière .
Rappelons que dans la jurisprudence islamique, seul un Imam peut accomplir la prière mortuaire d’un autre Imam . Cet enfant était l'Imam al-Mahdī (p) . Ja’far, surpris, s’écria :
- Mais qui est cet enfant ?!
S’il avait grandi à Samarra alors personne n’aurait été surpris de voir cet enfant de 5 ans sortir de nulle part pour diriger la prière mortuaire du 11ème Imam (p), et encore moins son propre oncle . Un homme présent sur les lieux lui demanda qui était ce garçon . Il répondit :
- Je jure par Dieu que je ne le connais pas car je ne l’ai jamais vu .
Après la prière mortuaire, l'Imam al-Mahdī (p) s’approcha d'Abul Adian pour lui réclamer les lettres venant de Bagdad . 2 des 3 signes venaient de se réaliser . Restait le dernier signe : la somme contenue dans un sac . Mais quel sac ?
Un groupe de voyageurs venant de Qum entra dans la demeure pour voir le 11ème Imam (p) . On leur informa qu’il était décédé . Ils demandèrent donc à voir son successeur afin de lui remettre un sac contenant de l’argent du Khums . Ja’far s’avança pour prendre le sac . Le voyageur refusa de le lui donner en disant :
- Si vous êtes le véritable Imam alors vous saurez me dire quelle somme il y a dans ce sac .
Ja’far, fou de rage, répondit :
- Crois-tu donc que je puisse te révéler des informations invisibles dont je n’ai pas la connaissance ?!
À ce moment-là un homme s’avança et dit :
- Le sac que vous portez contient 1 010 dinars dont 10 ont leur marques effacées .
Rassurés par la réponse de cet émissaire, les voyageurs de Qum lui donnèrent le sac ainsi que des lettres . L’émissaire demanda ensuite aux voyageurs de s’adresser dorénavant au représentant du Mahdi à Bagdad . Cet épisode marque le début de la petite occultation ou « Ghaybat al-Sughra » du Mahdi . Il va durer environ 70 ans, jusqu’au 15 Shaban 329 AH ( 15 mai 941 ) à la mort de son dernier Naïb ( représentant ) .
2) -------------------> La petite occultation et les représentants du Mahdi .
L’occultation est un système dont les bases ont été jetées à l’époque du 6ème Imam (p) . A son époque, l'Imam Ja'far al-Sâdiq (p) avait entamé un véritable travail de fond, que ses successeurs vont poursuivre avec ardeur . Ce grand mouvement initié par l'Imam al-Sâdiq (p) s’appelle « al-Wikala » c’est-à-dire la représentation . Il savait qu’un avenir très troublé allait commencer pour les Imams , un avenir où les fidèles n’allaient quasiment pas avoir la possibilité d’entrer directement en contact avec eux soit parce qu’ils seraient en résidence surveillée, soit en prison ou soit en occultation comme le Mahdi . Il s’agissait donc de mettre en place une organisation structurée qui permettrait de faire le lien entre les Chi'ites et leurs Imams . Il fallait donner la possibilité aux fidèles de s’orienter vers des référents désignés par les Imams qui seraient capables de les représenter, d’écouter et de porter à la connaissance des Imams les questions et les doléances des fidèles, ainsi que de collecter le Khums et la Zakat .
Voici les représentants ( Naïb ) des Imams :
- L'Imam Ja’far as-Sâdiq (p): Al-Mo'allâ ibn Khonays .
- L'Imam Mûsâ al-Kâdhim (p) : Uthman ibn Isa Rawasi, qui fut son représentant en Egypte .
- L'Imam `Alî al-Ridhâ (p) : Safwan bin Yahya .
- L'Imam Muhammad at-Taqī al-Jawad (p) : Safwan ibn Yahya .
- L'Imam`Alî an-Naqī al-Hādī (p) : Ayyub ibn Noah ibn Duraj .
- L'Imam Hassan al-Askarī (p) : Muhammad ibn Salih ibn Muhammad al-Hamadani ou encore Muhammad ibn Ibrahim ibn Mahziyar .
Le Ghaybat al-Sughra sonna comme une préparation de la communauté à l’absence de l’Imam, bien qu’il n'étaient pas présent, il devenait essentiel pour les fidèles de croire en lui et de se référer à ceux qu’ils avaient désigné pour le représenter . Durant la petite occultation de 70 ans, quatre Naïbs ( représentants ) désignés par le Mahdi se sont se succéder :
- Uthman ibn Saïd : il fut un serviteur du 9è Imam (p) alors qu’il n’avait que 11 ans . Il a occupé la même position de confiance avec le 10ème (p) et 11ème Imam (p) . Après le Martyr du 11ème Imam (p), Uthman s'était installé à Bagdad d’où, déguisé en vendeur de beurre, il organisait la collecte de Khums pour l'Imam . Il a servi le 12ème Imam (p) pendant 18 mois et a reçu une lettre de l'Imam peu avant sa mort lui disant de désigner son fils Muhammad comme le représentant suivant .
- Muhammad ibn Uthman : il a continué à garder secret l'existence de l'Imam sous le règne des Abbassides jusqu'au début du règne d'al-Moutadid . Le pouvoir commença ensuite à rechercher activement l'Imam, faisant tuer d'innombrables Chi'ites dans cette quête sanguinaire . Des espions ont été formés pour tenter de détruire le réseau mis en place par l’Imam et son représentant . A la mort de Muhammad ibn Uthman, Hussein ibn Rawh prit la relève en 305 AH .
- Hussein ibn Rawh : Il gardait secret ses activités de représentant tout en gardant de bonnes relations avec les dirigeants . Il a servi l'Imam avec dévouement jusqu'à sa mort au mois de Shaban 326 AH . Révélant ainsi la désignation d’Ali bin Muhammad Samry après lui .
Un jour, un homme du nom d'Ali al-Qummi vint le voir et lui dit :
- Avec mon épouse, nous souhaitons désespérément avoir des garçons . Pouvez-vous demander à l'Imam de prier afin qu’Allah nous accorde des garçons ?
Hussein ibn Rawh promit d’en parler à l’Imam . Il transmit donc le message et l'Imam lui enjoint de dire à Ali al-Qummi :
- Dis lui qu’il n’aura pas d’enfant de son épouse actuelle . Mais un jour il se remariera et sa nouvelle épouse, originaire de Dayla, lui donnera trois fils, Muhammad, Hassan et Hussein . Muhammad et Hussein deviendront de grands érudits .
Muhammad ibn al-Qummi est plus connu sous le nom de Sheikh as-Saduq qui a écrit l’un des quatre livres fondamentaux du Chiisme ( Al-Kutub Al-Arb’ah ): « Man La Yadhurul Faqhi » .
Les autres ouvrages clé du Chiisme sont :
- Kitab al-Kafi de Cheikh al-Kulayni ( Usul al-Kafi, Furu al-Kafi et Rawdat al-Kafi ) .
- Tahdhib al-Ahkam de Abu Ja'far al-Tusi .
- Al-Istibsar d'Abu Ja'far al-Tusi .
Ces quatre ouvrages sont en terme d’importance, comparables aux Sahih al-Sittah que nous retrouvons dans le Sunnisme.
- Ali ibn Muhammad Samry : il n'a servi que trois ans . Une semaine avant sa mort, l'Imam lui envoya une lettre lui annonçant son décès et lui demandant d’informer la communauté qu'il n'y aurait plus de représentants désignés après lui et que l'Imam allait entrer maintenant dans le Ghaybat al-Kubra ( occultation majeure ) .
L'Imam réapparaîtra ensuite par la volonté d'Allah . Ali bin Muhammad Samry est mort le 15 Shaban 329 AH .
Dans cette lettre, l'Imam avait par ailleurs dit :
- Dis à mes fidèles que s’ils désirent ardemment que je revienne alors je reviendrai immédiatement .
Ces mots de l'Imam nous apprennent une triste réalité de la communauté Chi'ites, si l’Imam n’est pas encore réapparu c’est que finalement nous ne le désirons pas aussi ardemment . Il y a une énorme différence entre dire une chose, la penser et la mettre en acte . Pour le moment, nos actes semblent être encore bien loin de nos affirmations . . .
1) Une naissance discrète .
2) La petite occultation et les représentants du Mahdi .
3) La grande occultation .
4) Où peut-on rencontrer le Mahdi ?
5) Comment l’Imam peut-il avoir une si grande longévité ?
6) Comment croire en un Imam invisible ?
7) Les 26 conditions que devront respecter les 313 généraux du Mahdi ( Kitab-e-Jahan ba’daz zuhur ), tout comme l’ont fait avant eux les généraux dʿAlī ibn Abī T̩ālib (p) durant son Califat .
1) ------------------> Une naissance discrète .
L’Imam Muhammad ibn al-Hassan al-Mahdī (p) est né le 15 Shaban de l’an 255 AH . Il est vénéré comme étant le messie attendu dans la religion islamique . Sa vie mérite une analyse approfondie dans la mesure où il est considéré comme le Sauveur attendu, celui qui apportera la justice et débarrassera la terre de toute forme d’injustice, d’oppression et de tyrannie .
C’est un sujet d’une très grande actualité dans la mesure où beaucoup de religions de nos jours croient en un « Mahdi », un sauveur attendu . Beaucoup de religions annoncent la venue d’un Sauveur qui débarrassera la terre de toutes les formes d’oppression, d’injustice et de tyrannie afin d’instaurer une justice et une équité dans le monde dans lequel nous vivons .
Prenons l’exemple de la religion Zoroastrienne, le livre de cette religion, « l’Avesta », évoque un individu appelé « Zaochia », qui viendra pour apporter la bonté absolue dans l’univers . Si vous allez voir le « Bhâgavata Korana », qui regroupe les textes hindous, vous y trouverez le nom d’un individu appelé « kalki » qui viendra à une époque où les hommes politiques seront corrompus et abuseront de la population . Il viendra afin de faire disparaître toute forme de corruption . Si vous aller voir le « Ravada », les textes bouddhistes, vous y lirez que Bouddha Gautam parle d’un bouddha final qui apportera la lumière à une époque où la terre sera dans l’obscurité . Si vous regardez la religion Juive, il y a des discussions autour d’un messie issu des enfants de David qui viendra et fera disparaître toute forme de tyrannie et d’injustice . Lorsque vous regardez le Christianisme, cette religion évoque la seconde venue du Christ, qui reviendra pour instaurer le royaume de Dieu et apporter la justice et l’équité .
En d’autres termes, la croyance en un Mahdi n’est pas uniquement la chasse gardée de l’Islam mais toutes les religions croient en un Sauveur attendu . Ce qui est remarquable c’est qu’en Islam, le Sunnisme et le Chiisme ont une convergence de vue qui est bien plus importante . Il est obligatoire pour tout musulman, qu’il soit Sunnite ou Chi'ite de croire au Mahdi . La différence principale réside dans le fait que l’un ( le Chiisme ) pense qu’il est en vie et déjà parmi nous et l’autre ( le Sunnisme ) qu’il va naître .
Hormis cela, vous trouverez de nombreuses traditions aussi bien dans la littérature Sunnite que Chi'ite, évoquant un homme du nom de Mahdi, descendant de Fâtima az-Zahrâ' (p), dont le nom est celui du Saint Prophète (p) .
Naturellement, tous les musulmans ressentent cette nécessité de connaître l’Imam de leur temps et de comprendre sa biographie . D’autant plus qu’il y a beaucoup de questions qui se posent au sujet de l’Imam de nos jours .
Lorsque l’on parle de la naissance du Mahdi, il est intéressant de se pencher sur le contexte politique et religieux qui entoure cet événement . Le 11ème Imam était âgé de 22 ans lorsqu’il reçut l’Imamat . Deux groupes de personnes étaient fortement intéressés par l’identité de son successeur .
Il y avait ceux qui étaient fidèles à l’Imam al-Askarī (p), ceux qui suivaient l’école des Ahl-ul-Bayt (p) à travers lui, qui, se basant sur les traditions du Saint Prophète (p) savait qu’il y aurait douze Imams pour le succéder . Ces fidèles étaient dans l’attente de l’annonce de cette naissance providentielle . Beaucoup d’érudits Musulmans, y compris ceux des écoles Sunnites ont évoqués les douze Imams et leurs noms . Ce fut le cas de Bukhari dans son Sahih ( Bukari a vécu à l’époque du 9ème, 10ème et 11ème Imams (p) ) qui parle d’un homme appelé « Mahdi », né de la lignée de âtima az-Zahrâ' (P) et qui apportera la justice .
C’est aussi le cas de Qassim ibn Ibrahim ar-Rasi dans son livre ar-Rad al-Rawafi .
Avant même sa naissance, cette discussion et ce débat autour du 12ème Imam (p) existait déjà .
L’autre groupe de personnes fortement intéressé par la naissance du 12ème Imam (p) était les califes abbassides dans la mesure où la prophétie affirmait que ce 12ème successeur du Saint Prophète (p) allait apporter la justice et supprimer toute forme d’oppression . Cette naissance était donc vécue par le pouvoir despotique des Abbassides comme une véritable menace . Il n’y avait pas de preuve formelle indiquant quand et où allait avoir lieu cette naissance . C’est pourquoi les Abbassides vont mettre en place une surveillance très resserrée de la résidence du 11ème Imam (p) pour repérer les femmes enceintes ou sur le point de donner naissance à un enfant .
Lorsque l’on se replonge dans l’histoire des Imams, très peu de fidèles avaient accès au 11ème Imam (p) en raison de la forte répression des Abbassides . L'Imam al-Askarī (p) a informé de la naissance du Mahdi qu’à un nombre de personnes extrêmement restreint . Parmi les très rares personnes au courant de cet événement il y a :
- Abul Hashim al-Ja’fari .
- Ahmad ibn Isaac .
- Abul Adian .
- Deux tantes de l'Imam : Hakima et Khadija .
Pour préserver cet enfant qui était destiné à devenir le vice-gérant de Dieu sur terre, l'Imam al-Askarī (p) va entourer cette naissance du plus grand secret, cachant cette nouvelle aux membres de sa famille car il savait que la confiance était un bien précieux qu’il pouvait difficilement accorder dans le contexte d’oppression des Abbassides . Par la volonté d’Allah, jusqu’au jour de son accouchement, la Noble Narjīs Khatoun (p) ne montrait aucun signe de la maternité .
Sheikh Saduq, Sheikh Tusi ou encore Tabari racontent que la Noble Narjīs Khatoun (p) était issue d’une famille Chrétienne . Kulayni ajoute qu’elle avait des ancêtres africains . Le 10ème Imam (p) demanda un jour à son compagnon Bashir de se rendre à Bagdad sur les rives de l’Euphrate, avec une somme de 220 dinars en or . L'Imam lui expliqua de se rendre là où les navires transportant les esclaves accostaient . Il lui demanda d’aller au devant d’un homme appelé Omar ibn Yazid . Il aurait avec lui un groupe d’esclaves, dont une femme voilée . Elle refusera tous les enchères qui seront faites sur elle . Un homme irait jusqu’à proposer 300 dinars pour l’acquérir, lui promettant par ailleurs de lui donner absolument tout ce qu’elle souhaiterait . L'Imam lui expliqua qu’elle répondrait de la façon suivante :
- Même si tu me donnais le royaume du roi Salomon, je ne consentirai pas à t’accorder ce que tu demandes .
L'Imam lui dit alors :
- A ce moment tu t’avanceras vers elle . Tu paieras ces 220 dinars pour elle et tu lui remettras cette lettre, qu’elle embrassera .
Bashir fut surprit de voir les choses se dérouler selon les dires du 10ème Imam (p) . Peu après, s’exprimant en arabe, Narjīs Khatoun (p) raconta son histoire à Bachir :
- Mon nom est Malika, fille du César de Rome . Mon père souhaitait me marier à mon cousin mais chaque fois que le jour des noces arrivait, un tremblement de terre venait secouer le palais, obligeant le report du mariage . Cela se produisit plusieurs fois . Puis un jour, je vis en rêve le Prophète Jésus et ses compagnons allant vers le Saint Prophète (p) et ses garçons . Il demanda à Jésus ma main pour son fils Hassan al-Askarī . Et Jésus accepta cette demande comme un honneur .
L'Imam Hassan al-Askarī (p), avait annoncé à la Noble Narjīs Khatoun (p) qu’elle serait capturée lors de l’invasion d’une armée Musulmane et transportée comme esclave vers Bagdad . Elle ne fut donc pas surprise de cette rencontre avec Bashir car elle était informée de la manière dont elle allait rejoindre l'Imam Hassan al-Askarī (p) .
Lorsqu’elle vivait à Samarra, la Noble Narjīs Khatoun (p) n’était pas seule . Elle était accompagnée d’une femme prénommée Salik . Dans l’intérêt de préserver la vie de la Noble Narjīs Khatoun (p) et de l’enfant qu’elle portait, elle va prétendre être celle qui était enceinte dans la demeure du 11ème Imam (p) . En réalité, le pouvoir Abbasside ignorait totalement qui portait cet enfant prophétique et quand il allait naître . Les Abassides donc mettre en place une surveillance étroite de Salik pendant presque un an avant la mort d’Ubaydullah ibn Hakam .
Ce n’est pas méfait de dire que la mère du 12ème Imam (p) était une esclave. Elle a connue cette souffrance et cela n’enlève en rien sa grandeur . Les mères de d’autres Imams furent aussi des esclaves auparavant . C’est aussi un symbole pour montrer que la condition sociale, la puissance ou la richesse ne sont pas des critères de choix .
Dire que la Noble Narjīs Khatoun (p) était Chrétienne et de la lignée du Prophète Jésus n’est en rien une manière de lui rabaisser egalement, en sachant d’ailleurs que Jésus reviendrait aux côtés du Mahdi priant derrière lui . le Saint Coran consacre d’ailleurs tout une sourate à Marie, mère de Jésus .
Ce n'est que dans la nuit du 15 Shaban 255 AH que Hakima, la tante de l'Imam al-Askarī (p), découvrira que la Noble Narjīs Khatoun (p) allait donner naissance à cet enfant providentiel pour la simple et bonne raison que la Noble Narjīs Khatoun (p) ne portait pas les signes physiques de la grossesse . On pourrait objecter en disant que c’est une chose impossible . Mais ce fut aussi le cas pour la mère du Prophète Moise, sans quoi, Pharaon se serait débarrassé de Moise et de sa mère pour enrayer la menace qui pesait sur son empire .
Ce qui est vital de comprendre c’est qu’il était difficile de faire confiance à l’entourage de l’Imam, la famille incluse . Le frère du 11ème Imam (p), Ja’far, n’hésita pas à alerter le pouvoir abbasside de l’imminence de la naissance du Mahdi . Durant les 5 années entre la naissance de l’enfant et son assassinat en 260 AH, l'Imam al-Askarī (p) décida littéralement d’occulter son fils au regard et à l’attention du pouvoir et de la population de Samarra . L'Imam al-Mahdī (p) sera envoyé, tout de suite après sa naissance vers Médine chez sa grand-mère Odayfah . C’était la seule solution pour préserver l’intégrité de cet enfant . Lorsque ses compagnons venaient l’interroger sur son fils, le 11ème Imam (p) répondait :
- Si vous allez à la Mecque pour le Hajj, vous le verrez et si vous allez à Médine vous le verrez aussi .
Quinze jours avant sa mort, l'Imam al-Askarī (as) se confia à son fidèle compagnon Abul Adian :
- Vas à Bagdad et remets à nos fidèles ces lettres dans lesquelles j’ai répondu à toutes leurs questions de jurisprudence .
Abul Adian l’interrompit :
- Ô Maître ! Puisqu’il en est ainsi, qui sera votre successeur et imam après vous ?
- Celui qui sollicitera les réponses à ces lettres sera Imam après moi, réagit-il .
Le compagnon ajouta :
- Donnez-moi d’autres indices Maître .
Il répondit :
- Celui qui fera ma prière mortuaire sera l'Imam après moi .
Le compagnon insista :
- Montrez-moi une dernière preuve .
- Celui qui définira le contenu d’un sac sera Imam après moi .
Abul Adian raconta qu’il ne put par crainte demander ce qu’il y avait dans le sac .
Cette anecdote démontre de manière éloquente que les proches amis et compagnons de l’Imam eux aussi ignoraient à qui ressemblait le Mahdi car ne vivant pas à Samarra, il ne l’avait jamais vu ou rencontré . L’Imam al-Askarī (p) donna donc des signes pour permettre de le reconnaître . Le jour des funérailles, Ja’far s’était proclamé Imam et s’était avancé pour faire cette prière rituelle . A son retour de Mada’in ( Bagdad ), Abul Adian relata l’événement suivant :
- Je vis à ce moment Ja’far, le frère de l'Imam, débout devant la porte de sa maison et recevant d’un côté les condoléances et de l’autre les félicitations pour avoir accédé à l’Imamat . Je me disais que l’Imamat serait corrompu si quelqu’un comme Ja’far réputé pour la consommation d’alcool et les jeux de hasard devenait Imam . Je m’avançai tranquillement comme tout le monde pour présenter mes honneurs très éphémères à Ja’far, confiant quant aux signes révélateurs que m’avait donnés mon Maître, le 11ème Imam (p) . Cela ne me surprit d’ailleurs guère qu’il ne fit allusion ni à la réponse aux lettres que je portais avec moi, ni au contenu d’un quelconque sac . Akîd, un serviteur en provenance de la maison endeuillée s’approcha de Ja’far et lui annonça que la dépouille était prête et qu’il devait à présent venir accomplir la prière mortuaire . J’entrai dans la maison en compagnie d’un groupe de Chi'ites et réalisai effectivement que mon Maître brillait dans le blanc du sépulcre pur qui l’entourait, prêt pour la cérémonie . Ja’far passa devant pour diriger la prière . Avant que Ja’far n’entame la prière, un enfant de 5 ans s’avança et écarta Ja’far en disant :
- Mon oncle, je suis plus légitime que vous pour diriger cette prière .
Rappelons que dans la jurisprudence islamique, seul un Imam peut accomplir la prière mortuaire d’un autre Imam . Cet enfant était l'Imam al-Mahdī (p) . Ja’far, surpris, s’écria :
- Mais qui est cet enfant ?!
S’il avait grandi à Samarra alors personne n’aurait été surpris de voir cet enfant de 5 ans sortir de nulle part pour diriger la prière mortuaire du 11ème Imam (p), et encore moins son propre oncle . Un homme présent sur les lieux lui demanda qui était ce garçon . Il répondit :
- Je jure par Dieu que je ne le connais pas car je ne l’ai jamais vu .
Après la prière mortuaire, l'Imam al-Mahdī (p) s’approcha d'Abul Adian pour lui réclamer les lettres venant de Bagdad . 2 des 3 signes venaient de se réaliser . Restait le dernier signe : la somme contenue dans un sac . Mais quel sac ?
Un groupe de voyageurs venant de Qum entra dans la demeure pour voir le 11ème Imam (p) . On leur informa qu’il était décédé . Ils demandèrent donc à voir son successeur afin de lui remettre un sac contenant de l’argent du Khums . Ja’far s’avança pour prendre le sac . Le voyageur refusa de le lui donner en disant :
- Si vous êtes le véritable Imam alors vous saurez me dire quelle somme il y a dans ce sac .
Ja’far, fou de rage, répondit :
- Crois-tu donc que je puisse te révéler des informations invisibles dont je n’ai pas la connaissance ?!
À ce moment-là un homme s’avança et dit :
- Le sac que vous portez contient 1 010 dinars dont 10 ont leur marques effacées .
Rassurés par la réponse de cet émissaire, les voyageurs de Qum lui donnèrent le sac ainsi que des lettres . L’émissaire demanda ensuite aux voyageurs de s’adresser dorénavant au représentant du Mahdi à Bagdad . Cet épisode marque le début de la petite occultation ou « Ghaybat al-Sughra » du Mahdi . Il va durer environ 70 ans, jusqu’au 15 Shaban 329 AH ( 15 mai 941 ) à la mort de son dernier Naïb ( représentant ) .
2) -------------------> La petite occultation et les représentants du Mahdi .
L’occultation est un système dont les bases ont été jetées à l’époque du 6ème Imam (p) . A son époque, l'Imam Ja'far al-Sâdiq (p) avait entamé un véritable travail de fond, que ses successeurs vont poursuivre avec ardeur . Ce grand mouvement initié par l'Imam al-Sâdiq (p) s’appelle « al-Wikala » c’est-à-dire la représentation . Il savait qu’un avenir très troublé allait commencer pour les Imams , un avenir où les fidèles n’allaient quasiment pas avoir la possibilité d’entrer directement en contact avec eux soit parce qu’ils seraient en résidence surveillée, soit en prison ou soit en occultation comme le Mahdi . Il s’agissait donc de mettre en place une organisation structurée qui permettrait de faire le lien entre les Chi'ites et leurs Imams . Il fallait donner la possibilité aux fidèles de s’orienter vers des référents désignés par les Imams qui seraient capables de les représenter, d’écouter et de porter à la connaissance des Imams les questions et les doléances des fidèles, ainsi que de collecter le Khums et la Zakat .
Voici les représentants ( Naïb ) des Imams :
- L'Imam Ja’far as-Sâdiq (p): Al-Mo'allâ ibn Khonays .
- L'Imam Mûsâ al-Kâdhim (p) : Uthman ibn Isa Rawasi, qui fut son représentant en Egypte .
- L'Imam `Alî al-Ridhâ (p) : Safwan bin Yahya .
- L'Imam Muhammad at-Taqī al-Jawad (p) : Safwan ibn Yahya .
- L'Imam`Alî an-Naqī al-Hādī (p) : Ayyub ibn Noah ibn Duraj .
- L'Imam Hassan al-Askarī (p) : Muhammad ibn Salih ibn Muhammad al-Hamadani ou encore Muhammad ibn Ibrahim ibn Mahziyar .
Le Ghaybat al-Sughra sonna comme une préparation de la communauté à l’absence de l’Imam, bien qu’il n'étaient pas présent, il devenait essentiel pour les fidèles de croire en lui et de se référer à ceux qu’ils avaient désigné pour le représenter . Durant la petite occultation de 70 ans, quatre Naïbs ( représentants ) désignés par le Mahdi se sont se succéder :
- Uthman ibn Saïd : il fut un serviteur du 9è Imam (p) alors qu’il n’avait que 11 ans . Il a occupé la même position de confiance avec le 10ème (p) et 11ème Imam (p) . Après le Martyr du 11ème Imam (p), Uthman s'était installé à Bagdad d’où, déguisé en vendeur de beurre, il organisait la collecte de Khums pour l'Imam . Il a servi le 12ème Imam (p) pendant 18 mois et a reçu une lettre de l'Imam peu avant sa mort lui disant de désigner son fils Muhammad comme le représentant suivant .
- Muhammad ibn Uthman : il a continué à garder secret l'existence de l'Imam sous le règne des Abbassides jusqu'au début du règne d'al-Moutadid . Le pouvoir commença ensuite à rechercher activement l'Imam, faisant tuer d'innombrables Chi'ites dans cette quête sanguinaire . Des espions ont été formés pour tenter de détruire le réseau mis en place par l’Imam et son représentant . A la mort de Muhammad ibn Uthman, Hussein ibn Rawh prit la relève en 305 AH .
- Hussein ibn Rawh : Il gardait secret ses activités de représentant tout en gardant de bonnes relations avec les dirigeants . Il a servi l'Imam avec dévouement jusqu'à sa mort au mois de Shaban 326 AH . Révélant ainsi la désignation d’Ali bin Muhammad Samry après lui .
Un jour, un homme du nom d'Ali al-Qummi vint le voir et lui dit :
- Avec mon épouse, nous souhaitons désespérément avoir des garçons . Pouvez-vous demander à l'Imam de prier afin qu’Allah nous accorde des garçons ?
Hussein ibn Rawh promit d’en parler à l’Imam . Il transmit donc le message et l'Imam lui enjoint de dire à Ali al-Qummi :
- Dis lui qu’il n’aura pas d’enfant de son épouse actuelle . Mais un jour il se remariera et sa nouvelle épouse, originaire de Dayla, lui donnera trois fils, Muhammad, Hassan et Hussein . Muhammad et Hussein deviendront de grands érudits .
Muhammad ibn al-Qummi est plus connu sous le nom de Sheikh as-Saduq qui a écrit l’un des quatre livres fondamentaux du Chiisme ( Al-Kutub Al-Arb’ah ): « Man La Yadhurul Faqhi » .
Les autres ouvrages clé du Chiisme sont :
- Kitab al-Kafi de Cheikh al-Kulayni ( Usul al-Kafi, Furu al-Kafi et Rawdat al-Kafi ) .
- Tahdhib al-Ahkam de Abu Ja'far al-Tusi .
- Al-Istibsar d'Abu Ja'far al-Tusi .
Ces quatre ouvrages sont en terme d’importance, comparables aux Sahih al-Sittah que nous retrouvons dans le Sunnisme.
- Ali ibn Muhammad Samry : il n'a servi que trois ans . Une semaine avant sa mort, l'Imam lui envoya une lettre lui annonçant son décès et lui demandant d’informer la communauté qu'il n'y aurait plus de représentants désignés après lui et que l'Imam allait entrer maintenant dans le Ghaybat al-Kubra ( occultation majeure ) .
L'Imam réapparaîtra ensuite par la volonté d'Allah . Ali bin Muhammad Samry est mort le 15 Shaban 329 AH .
Dans cette lettre, l'Imam avait par ailleurs dit :
- Dis à mes fidèles que s’ils désirent ardemment que je revienne alors je reviendrai immédiatement .
Ces mots de l'Imam nous apprennent une triste réalité de la communauté Chi'ites, si l’Imam n’est pas encore réapparu c’est que finalement nous ne le désirons pas aussi ardemment . Il y a une énorme différence entre dire une chose, la penser et la mettre en acte . Pour le moment, nos actes semblent être encore bien loin de nos affirmations . . .
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